7. Hellraiser 4 - Les Montages (1/2)
Nous l'avons longuement évoqué dans notre chronique du disque Belge, HELLRAISER : BLOODLINE est un film mutilé qui connut bon nombre de modifications et de remontages avant d'arriver dans nos salles. Aujourd'hui, il semble intéressant de comparer le film que nous connaissons tous avec deux autres sources bien différentes. La première est la quatrième version (sur six) du script de Peter Atkins, long de 94 pages. Et la seconde est une copie de travail actuellement commercialisée de manière officieuse sur le net…
La portion du film se déroulant au 18ème siècle est de loin la plus pertinente et, surtout, la plus altérée. Par conséquent, se livrer au petit jeu de la comparaison est ici judicieux, alors qu'il ne l'est pas spécialement sur les portions se déroulant dans le "Présent" et le "Futur". Nous vous livrons donc ici notre comparatif, scène à scène, des trois versions. Inutile de préciser qu'il vaut mieux connaître le film et qu'il semble indispensable d'avoir lu notre chronique avant de se lancer dans le décorticage qui suit.
Enfin pour une lecture plus confortable, il est peut être intéressant de lire tout d'abord la version Script (1a, 2a, 3a, 4, 5a, 6a, 7a, 8a et 9a), puis la version Bootleg (3b, 2b, 3a, 4 et 8b) avant un rappel du film terminé (1a, 2b, 3b, 4 et le paragraphe regroupant 5b, 6b, 7b, 8b et 9b). Notre analyse est découpée en deux pages. Le découpage intervient volontairement à un instant charnière où les trois versions se recoupent. Il vous est donc possible de découvrir tout d'abord cette page dans sa globalité, avant de s'attaquer à la suivante…
1a. Scène présente dans le Script et le Montage
Final.
Le script nous décrit un certain Philippe LeMarchand à l'œuvre.
L'homme, fabricant de jouets émérite est en train de concevoir
un objet de commande dont il ne sait rien. Après un court dialogue avec
sa femme, il part de nuit livrer le jouet enfin terminé. Sa femme, Geneviève
est enceinte de leur premier enfant et s'inquiète de la passion excessive
qu'a mise son époux dans sa dernière création. La séquence
n'apparaît pas dans la copie de travail, ce qui va à l'encontre
du Script et des propos de Kevin
Yagher et Atkins,
lesquels s'axent sur la notion de descendance, de "Bloodline"...
2a. Scène décrite dans le Script.
LeMarchand livre le cube à De L'Isle, lequel l'invite à pénétrer
dans sa demeure nommée "Le Château des Rêves".
Après avoir traversé plusieurs longs couloirs, LeMarchand, De
L'Isle et Jacques (le valet) arrivent dans une salle immense où se trouvent
déjà huit joueurs de cartes. Quatre sont des aristocrates alors
que les quatre autres sont des militaires. Se joint alors à eux la Princesse
Angélique dont la beauté émeut LeMarchand. Celui-ci est
alors payé et remercié mais reste discrètement à
l'extérieur du château pour observer l'usage qui est fait de sa
boite. Dans la version tournée par Kevin
Yagher (premier montage donc), les joueurs ne sont que quatre et les militaires
portant les noms des quatre saisons (en français dans le script) n'apparaissent
à aucun moment. Sans doute est-ce là une économie substantielle
réalisée à la vue du budget plus que limité.
2b. Scène vue dans le Montage Final et la Copie de travail.
LeMarchand livre la boite à De L'Isle. Ce dernier le remercie et
lui souhaite une bonne soirée. LeMarchand, intrigué, tente d'observer
par l'une des fenêtres.
3a. Scène décrite dans le Script et tournée
par Kevin Yagher.
Visible dans la Copie de Travail.
De L'Isle attire l'attention des quatre joueurs nommés Corbusier,
Delvaux, De Conduite, L'escargot (L'Hiver, Printemps, L'automne et L'Eté
n'apparaissaient donc que dans le script). Angélique prend la boite des
mains de De L'Isle et lui adresse un regard complice. Elle pose l'objet sur
la table et Corbusier, au caractère de meneur, s'en saisit. Angélique
présente la boite comme étant un nouveau jeu du nom de "Lament
Configuration", qu'il convient de manipuler avec précision.
Les joueurs tentent un à un de trouver la combinaison gagnante. Un premier
cliquetis se fait entendre. Pour récompenser les joueurs, Angélique
ôte sa robe et, bien évidement, la tension monte. La boite continue
ses mouvements entre les doigts des joueurs et la Princesse Angélique
poursuit son striptease. L'excitation des joueurs va crescendo mais c'est un
enthousiasme tout autre qui se manifeste chez De L'Isle, Angélique et
Jacques. LeMarchand assiste à la scène, aussi surpris que choqué.
La boite revient entre les mains de Corbusier. Angélique ne porte plus
que son corset et l'homme lui demande ce qu'elle peut encore offrir. Angélique
l'incite à jouer encore en promettant bien d'autres surprises. La boite
bondit alors des mains de l'homme et débute sa mortelle configuration.
La Princesse dégrafe son ultime vêtement, la pièce s'assombrit
et le tonnerre se fait entendre. Le corset d'Angélique touche le sol.
La poitrine nue de la jeune femme se transforme alors en amas de chairs où
se mêlent bouches hurlantes et yeux diaboliques. La salle tremble, les
chandelles prennent feu, le lustre tombe sur les joueurs et tout semble exploser,
voler en éclats. LeMarchand prend la fuite alors qu'une ultime explosion
bleutée détruit les vitres du château.
Un clochard (sans doute celui que l'on aperçoit dès le premier HELLRAISER) tente alors d'accoster LeMarchand, qui poursuit cependant sa folle course.
Le calme est revenu dans le château. Seuls De L'Isle, Angélique et Jacques sont dans la pièce. Le Maître des lieux reprend la boite et se tourne vers Angélique "Un très joli jeu, Princesse". Ce à quoi elle répond qu'il s'agit du premier d'une magnifique collection (ce qui explique le fait qu'il y ait plusieurs boites dans HELLRAISER II : LES ECORCHES, puis HELLRAISER : HELLWORLD). Elle part attendre De L'Isle dans leur chambre. De L'Isle se tourne alors vers Jacques et lui déclare "Première leçon Jacques, celui qui utilise la magie commande à la magie". Cette phrase à son importance puisqu'elle est aussi prononcée (mais dans un contexte différent) dans la version remontée…
3b. Scène vue dans le Montage Final (et dans la Copie de
Travail, mais en introduction)
Jacques arrive au château accompagné d'une jeune femme, manifestement
pauvre et sous-alimentée. De L'Isle l'accueille et se montre bon hôte.
Il lui propose de se restaurer et de lui faire confiance. La jeune femme (Angélique)
le remercie et se nourrit. Mais bien vite, elle se rend compte que ses yeux
l'ont trompé : La nourriture fraîche et abondante se trouvant sur
la table est en réalité pourrie et couverte de vers. Jacques attache
alors Angélique à sa chaise et l'étrangle. De L'Isle se
réjouit du spectacle.
Nous sommes maintenant dans une sorte de laboratoire sur le sol duquel est gravé un pentagramme. Le corps d'Angélique est vidé et sa carcasse est suspendue à des crochets, au dessus de l'étoile à cinq branches. De L'Isle débite alors une série d'incantations devant son assistant médusé. L'enveloppe vide de la jeune femme se remplit soudain et reprend vie. Angélique est dorénavant un démon au service de ses Maîtres, De L'Isle et Jacques. Le magicien explique alors à son assistant que "celui qui utilise la magie commande à la magie" et que de fait, Angélique ne peut attenter à leur vie. L'unique condition est qu'ils ne portent pas atteinte à la volonté des Enfers…
Dans le montage final, cette séquence fait donc fi des quatre joueurs de carte et relègue Angélique à un niveau bien moindre. Dans la Copie de Travail, cette séquence apparaît également mais légèrement rallongée. Il s'agit de la séquence d'introduction, qui précède donc l'apparition de la Boite de LeMarchand, des joueurs et occupe donc la position "1b" de notre analyse. Force est de constater qu'elle fonctionne bien et permet d'expliquer le statut de "Démone" d'Angélique. Peut-être cela correspond-il à la vision du sixième et dernier script…
4. Scène présente dans le Script, la Copie de Travail
et le Montage Final.
LeMarchand se rend à la Sorbonne, en classe d'anatomie. Il y retrouve
son ami Auguste de Marais, lequel est en train de débiter un corps au
scalpel. LeMarchand raconte ce qu'il a vu mais Auguste a peine à le croire.
Il lui recommande toutefois de créer un autre jouet pouvant annihiler
le pouvoir du premier. LeMarchand retourne donc à son atelier et se met
au travail…