La compagnie Norton Cyberdyne met au point un soldat monstrueux, créé génétiquement, destiné à remplacer les humains sur les champs de bataille : le syngenor. Un des prototypes parvient à s'échapper du laboratoire et commet des meurtres...
En 1980, William Malone réalise son premier film, SCARED TO DEATH (titre vidéo), pour lequel il crée un monstre très inspiré de l'ALIEN de Giger : le "Syngenor" (SYNthesized - GEnetic - ORganism). Cette créature, mise au point par un savant, s'échappait dans les égouts de Los Angeles et semait la terreur dans cette ville. Ce long-métrage sort en 1982, et Malone envisage très sérieusement d'en faire une suite, sans que cela aboutisse. Plus tard, avec le producteur Jack Murphy, il a l'idée de réutiliser le Syngenor dans un autre film, qui ne serait pas vraiment le prolongement de SCARED TO DEATH. Ce sera SOLDAT CYBORG de George Elanjian Jr., réalisateur qui ne s'était alors illustré qu'à la télévision. On ressort donc les moules ayant servi sur SCARED TO DEATH afin de concevoir de nouveaux costumes pour les monstres. Puis, le tournage, qui se déroule essentiellement à l'hôtel Ambassador de Los Angeles, commence. Le casting du film se compose de comédiens spécialisés dans les petites productions et les seconds rôles, parmi lesquels David Gale (le docteur Hill de RE-ANIMATOR et RE-ANIMATOR II).
Dans les laboratoires de la compagnie Norton Cyberdyne, deux femmes et un homme sont mystérieusement tués en pleine nuit. En fait, ils ont été les victimes du Syngenor, prototype d'une nouvelle race de combattants, créé génétiquement afin de remplacer les humains sur les champs de bataille. Après son méfait, le monstre parvient à sortir du bâtiment, et tue le scientifique Ethan Valentine. Il veut ensuite assassiner sa nièce, Susan Valentine, mais celle-ci échappe miraculeusement aux griffes du mutant. Susan s'allie ensuite avec Nick Cary, un journaliste qui enquête justement sur les mystérieux agissements de Norton Cyberdyne...
Reprenant le thème classique de l'apprenti-sorcier déchaînant des forces incontrôlables, SOLDAT CYBORG se contente de brasser des motifs archi-rabattus dans les années 1980. Il trace ainsi un portrait assez corrosif (et amusant) d'une grande compagnie capitaliste, spécialisée dans l'élaboration d'armes aussi absurdes que dangereuses, parmi lesquelles les brutaux mutants Syngenor : on pense alors beaucoup à ROBOCOP, le cadre militaire remplaçant celui de la police. Science sans conscience n'étant que ruine de l'âme, les créations vont évidemment se retourner contre leurs créateurs, évoquant quelques révoltes des machines comme on en avait vues quelques-unes depuis les années 1970 (WESTWORLD, SATURN 3, TERMINATOR... pour s'arrêter aux plus célèbres).
Toutefois, le Syngenor n'est pas exactement un robot, puisqu'il s'agit d'une création génétique, dénuée d'intelligence. Son apparence et son comportement s'inspirent d'autres célébrités, comme le PREDATOR ou ALIEN (et plus particulièrement sa suite ALIENS, très orientée sur l'action). Comme dans SCARED TO DEATH, il continue à se nourrir de moelle épinière humaine, désormais obtenue après avoir défait ses adversaires au cours de bagarres et de fusillades. Toutefois, les scènes de combat en question souffrent d'une mollesse assez rédhibitoire. Plutôt rares, elles mettent en scène, au mieux, une dizaine de personnes, s'agitant confusément dans des locaux aussi anonymes qu'exigus. Ainsi, alors que les Syngenor sont supposés s'auto-reproduire une fois par jour, on ne verra jamais plus de quatre monstres à l'écran simultanément ! Voilà donc un film qui semble souffrir de son budget trop limité.
SOLDAT CYBORG est heureusement défendu par des comédiens aussi compétents qu'énergiques, semblant tout à fait à l'aise dans son registre modeste. De nombreuses touches d'humour noir font mouche, comme les spots publicitaires vantant les mérites des syngenor (encore une trace de ROBOCOP). Par contre, les intrigues de couloirs entre les cadres ambitieux de la Norton Cyberdyne (toujours ROBOCOP !) ont tendance à ralentir le déroulement des évènements. Quant au cabotinage délirant de David Gale, qui interprète le président de la firme, il est un peu envahissant et crispant sur la longueur.
SOLDAT CYBORG laisse donc sur une impression partagée. Certes, on retrouve bien l'esprit sympathique et énergique de petites productions américaines des années 1980, comme RE-ANIMATOR ou HIDDEN, et on ne peut pas dire qu'on s'ennuie particulièrement en le regardant. Malheureusement, ses incohérences, sa réalisation banale et son manque de moyens trop évident sont gênants.
SOLDAT CYBORG est déjà sorti en DVD dans plusieurs pays, souvent dans des éditions indigentes. C'est ainsi qu'en France, on a pu le trouver pour une petite poignée d'euros sur les rayons de quelques supermarchés, dans une édition sans version originale ni bonus. L'éditeur américain Elite propose, à son tour, un DVD (zone 1, NTSC) de ce titre.
L'image est proposée dans un format 1.85 (avec option 16/9), alors que, lors de sa sortie en France (directement en vidéo), il était proposé en 1.33 (sans les caches du format panoramique). Pour ce style de films à petit budget des années 1980-1990, destinés avant tout à être rentabilisés sur le marché de la vidéo, cette pratique était assez courante, et il n'est pas évident d'établir avec certitude quel était le format initialement prévu. La copie présente des petites saletés et une image assez terne, ainsi que des passages sombres un peu granuleux. Tout cela n'est pas anormal pour un film tourné, rappelons-le, avec des moyens limités. Le résultat reste très décent, notamment grâce à un rendu naturel des contrastes et des couleurs, ainsi qu'à une compression discrète.
On signale toutefois un pépin technique sur les premiers exemplaires distribués : aux alentours de la quarante-sixième minute, le DVD se bloque quelques secondes, anormalement (il ne s'agit pas du changement de couche), avant de repartir. Elite aurait ensuite fait presser de nouveaux DVD dénués de ce défaut. Donc, attention aux achats d'occasion !
La bande-son anglaise est proposée dans sa version stereo d'origine, ou bien dans un nouveau remix 5.1. Ces mixages sont tout à fait corrects, mais le son est tout de même un peu sourd, les dialogues étant parfois durs à saisir pour les spectateurs non-bilingues. On a aussi accès à des pistes audio mono en français et en espagnol.
La section bonus est assez bien remplie. On y trouve d'abord un commentaire audio réunissant l'actrice Starr Andreeff, le scénariste Brent V. Friedman et le producteur Jack F. Murphy. Sympathique et convivial, il se compose avant tout d'anecdotes de tournage et d'informations sur la production. Une galerie propose de nombreuses photos de plateau, de tournage, des documents promotionnels...
Une section propose encore des filmographies pour les principaux acteurs et créateurs du film. On peut aussi accéder à des bandes-annonces : outre SOLDAT CYBORG, on trouve celles d'autres DVD Elite (PATRICK, STRANGE BEHAVIOR, HARLEQUIN et THIRST)
Enfin, une section propose des featurettes sympathiques, reprenant du matériel tourné en vidéo par la production : la présentation de SOLDAT CYBORG au festival du film fantastique de Tokyo, en 1990 (huit minutes) ; une session de photographies publicitaires (deux minutes) ; la conception du maquillage du syngenor (deux minutes) ; l'audition de David Gale pour le rôle de Carter Brown (deux minutes).
Elite propose donc une édition franchement soignée, qui sort ainsi cette petite production de l'oubli dans lequel elle était un peu tombée.