Header Critique : RE-ANIMATOR (MILLENNIUM EDITION)

Critique du film et du DVD Zone 1
RE-ANIMATOR 1985

MILLENNIUM EDITION 
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Une fac de médecine est le théâtre d'une invention capitale bien que macabrement instable : en injectant un mystérieux sérum fluo directement dans le cerveau d'un cadavre, ce dernier revient littéralement à la vie… malheureusement à l'état de brute ultra violente. Apprenti savant fou, le jeune Herbert West (Jeffrey Combs) va néanmoins poursuivre jusqu'à l'absurde ses travaux autour du fluide, semant une joyeuse ribambelle de morts-vivants derrière lui.

Dans le courant des années 80, le producteur Charles Band produit à tour de bras divers films avant de monter sa boîte de production nommée Empire dont la faillite le mènera à créer la Full Moon. Son créneau : la série Z bricolée à la chaîne et vendue de par le monde via de somptueuses affiches dont le racoleur n'aura de cesse de masquer la ringardise généralisée. Qu'importe l'infinie nullité, les films en question sont à peine diffusés qu'ils ont déjà rentabilisé leur misérable budget. Quelques titres en vrac : RAYON LASER et son ado possédé par une arme extra-terrestre, ZONE TROOPERS ou BREEDERS et son monstre aux allures de mouche géante, violeur en série de bimbos…

Entre deux "exploitations", il décide exceptionnellement de venir en aide à un petit film d'horreur en cours de tournage alors que jusqu'ici, la boîte s'occupait de A à (surtout) Z des productions maisons. Ce film, vous l'aurez deviné, c'est RE-ANIMATOR. Une minuscule bobine prometteuse qu'Empire alimente au niveau du budget (au final, il s'élèvera à un million de dollars) en plus du rachat des droits de diffusion. Le film se termine donc, et Empire se targue enfin d'un très bon titre dans son catalogue. Pourtant, ce que personne n'avait prévu, c'est que ce RE-ANIMATOR explose littéralement le genre à sa sortie, traumatisant à vie les spectateur du marché du film à Cannes avant une sortie mondiale et une flopée d'apparitions remarquées dans les festivals (en France, il décroche un prix "Spécial Horreur" à Avoriaz en 86 puis une bande de journalistes lui décerne le "Prix très spécial" la même année).

Comme toute péloche bricolée avec amour et cacahuètes, la réussite de RE-ANIMATOR ne vient donc pas de son budget (il est plus que mini compte tenu des exigences), mais bel et bien du talent des forces en présence. Le film révéla en effet le producteur Brian Yuzna (futur créateur de la "Fantastic Factory" qui se veux le pôle Européen de la production fantastique, mais aussi réalisateur de quelques séries B célèbres dont SOCIETY et sa partouze Dalinienne, ou encore LE DENTISTE et son psychopathe adepte de la roulette), le réalisateur Stuart Gordon (qui se dévouera également par la suite au genre), et surtout l'interprète Jeffrey Combs (que l'on retrouvera plus tard chez Peter Jackson dans FANTOMES CONTRE FANTOMES). Autant de personnalités qui font encore l'actualité de notre genre préféré.

En premier lieu, RE-ANIMATOR fonctionne excellemment grâce à un très bon scénario (inspiré librement d'une nouvelle de Lovecraft) ainsi qu'à une galerie de personnages bien inspirés. Outre le mimétisme confondant de Jeffrey Combs en Herbert West, le film s'amuse à emmêler les ficelles proprettes du sitcom pour nous réserver de belles surprises bien trash. Nous suivrons donc les déboires sentimentaux de Dan (Bruce Abbot) et de Meg (Barbara Crampton), la fille du tout puissant directeur de la fac que convoite pourtant l'odieux professeur Hill (David Gale). Dire que tout cela se conclura via une corrida de barbaque sanguinolente avec l'arrivé de West et de son sérum ne parait pas évident dit comme ça, et pourtant.

La bonne idée de RE-ANIMATOR est là : mélanger sans arrêt des univers ou des tons à priori antinomiques. C'est pourquoi l'univers gentiment sitcom nous est installé avec insistance dans la première moitié du film, afin de mieux trancher avec les débordements ultra gores et osés de sa seconde partie. De plus, pour contrecarrer le trop plein de glauque que suggère la bidoche faisandée, les auteurs du film versent sans arrêt dans un humour très particulier, à la limite du nonsensique. Un exemple parmi tant d'autres, le duo comique formé de la tête décapitée du professeur Hill et de son benêt de corps, la première manipulant à grand peine le second à moins que cela ne soit l'inverse ! Une bonne science du dosage est ici indispensable pour ne pas sombrer dans la pantalonnade, ce que RE-ANIMATOR évite avec une aisance confondante.

Mais parlons peu, parlons bien, ce qui a beaucoup aidé RE-ANIMATOR à atteindre son statut de perle du genre est bel et bien ses nombreux excès qui restent encore à ce jour inégalés d'audace. En plus de nous livrer une variation originale sur le thème du mort-vivant, le film se montre hyper viscéral dans son expérience, et ne se dégonfle jamais face au gore le plus décomplexé. Par exemple, lorsque l'un des corps réanimés se voit exploser par une surcharge de sérum, ce sont ses organes internes qui viennent littéralement agresser nos héros. Mais la scène la plus déconcertante (et la plus célèbre) voit le prof Hill décapité / réanimé qui, foutu pour foutu, va épancher ses obsessions (sexuelles bien sûr) sur la jolie Meg. Nous assistons donc le regard incrédule à la scène de caresses buccales la plus surréalistement crade du monde, qu'une mise en scène habile et pleine d'humour détournera de la provoc' bête et méchante pour en constituer l'un des moments les plus hallucinants du genre. A noter que les effets spéciaux (qui sont l'œuvre entre autre de John Carl Buechler, un habitué de la maison Empire et immortel réalisateur du non moins immortel GHOULIES 3), fonctionnent encore à merveille malgré leur simplicité, grâce encore une fois à l'astucieuse mise en scène de Gordon.



Plus de quinze ans plus tard, RE-ANIMATOR est donc toujours aussi goûtu. Des défauts avec l'âge ? Peut-être un léger manque de rythme dans sa première moitié, et encore, c'est pour pinailler. L'énergie furieuse du film est toujours intacte, preuve en est de l'incroyable longévité du métrage dans l'inconscient collectif. D'ailleurs, pour être parfaitement honnête, la plupart des intervenants du film ne s'en sont jamais vraiment remis. Stuart Gordon, après quelques titres prometteurs (FROM BEYOND, DOLLS), s'est retrouvé sévèrement embourbé dans de gigantesques échecs commerciaux (le naufrage ROBOJOX, le passé inaperçu SPACE TRUCKERS). Pour son récent come back, Gordon a choisi a l'instar de RE-ANIMATOR de retourner vers les écrits de Lovecraft pour le réussi DAGON. Passons sur le casting principal (où chacun vivotera entre série B et production télé), pour nous arrêter sur Jeffrey Combs que le rôle de West a rendu célèbre mais aussi prisonnier d'une image de comédien fou. En bon producteur, Brian Yuzna continue quant à lui d'exploiter la franchise dans une carrière de réalisateur là encore marquée par l'inégalité (voir son récent et très moyen FAUST). Après une première séquelle (LA FIANCEE DE RE-ANIMATOR) qui avait surtout marqué par ses effets spéciaux délirants signés du maquilleur Screaming Mad George, Yuzna met en ce moment même la dernière touche à l'arlésienne BEYOND RE-ANIMATOR. On croise les doigts…

Qui aurait cru il y a quinze ans que ce petit film tout dégueulasse sortirait un jour avec tant d'honneurs en vidéo ? Pensez donc : Double édition "Millennium" avec une jolie jaquette bombée, cure de jouvence image et son avec du remixage multicanal en veux-tu en voilà, le tout certifié THX ! Même le boîtier est à la couleur du fameux sérum, à savoir vert fluo. Franchement, on n'en espérait pas tant. On n'est donc pas déçu une seule seconde par le rendu de la copie (malgré quelques petites taches de pellicule sans incidence). Si le film bénéficie de pistes rebidouillées en 5.1 et DTS, on pourra cependant préférer la piste originale en mono, moins artificielle. Par contre, avis à ceux qui ne maîtrisent que sommairement la langue de Shakespeare : le disque ne propose aucun sous-titre, pas même en anglais ce qui aurait facilité la compréhension pour certains.

Question bonus, c'est la totale. Sur le premier disque, ce sont pas moins de trois pistes audio alternatives qui attendent l'auditeur. La première propose la musique isolée en 5.1, histoire de profiter du remake musical de la partition de PSYCHOSE par Richard Band (frère de Charles Band, patron de Empire). Un premier commentaire audio donne la parole à Stuart Gordon, qui va profiter de la moindre seconde pour nous exposer la genèse du film, ses intentions de mise en scène, voire même sa vision en tant que réalisateur sur le genre. Une aubaine pour les fans de Gordon, même si son intervention se montre assez austère. Pour la rigolade et les anecdotes de tournage, direction le deuxième commentaire qui réunit Brian Yuzna ainsi que les trois protagonistes principaux (Combs, Abbot, Crampton et Robert Sampson qui joue le rôle du père de Meg). Apothéose de ces retrouvailles bon enfant : la scène canaillouse du quasi viol buccal où chacun y va de son fou rire.

Le deuxième disque est tout autant chargé, alternant archives et matériel constitué pour cette édition. Les fans se rueront en priorité sur les 16 scènes étendues, des séquences du film enrichies de quelques secondes supplémentaires (essentiellement de dialogues). Souvent peu révolutionnaires, ces secondes alternatives lèvent cependant le voile sur quelques détails passant trop inaperçus (comme le don de Hill pour hypnotiser ses adversaires). Totalement inédite, le disque propose une seule véritable scène coupée : une séquence visiblement onirique où West, Hill et le père de Meg réaniment le corps inerte de cette dernière devant les yeux de Dan. Encore une belle occasion de profiter de la silhouette dénudée de Barbara Crampton.

Mais le disque de bonus est aussi et surtout l'occasion pour les principaux intervenants de revenir des années plus tard sur leur œuvre de gloire. Le duo Gordon / Yuzna se retrouve ainsi autour d'une table pour se remémorer leur collaboration pendant près de 50 minutes. Passé le wagonnage d'informations des deux commentaires audio, cette rencontre n'est pas toujours passionnante. Heureusement, l'éditeur a eu l'excellente initiative de chapitrer le bonus. Toujours sous la rubrique interviews, nous pourrons profiter des propos de Dennis Paoli (l'un des co-scénaristes du film) qui aborde l'influence de Lovecraft dans le film, ainsi que du rédacteur en chef du magazine US Fangoria (Tony Timpone) autour de la question de l'impact de RE-ANIMATOR dans le paysage fantastique de l'époque. Pour finir, le compositeur Richard Band revient en détail sur son adaptation de la musique d'Herrmann, et se permet même une analyse de sa partition via le décryptage de quatre scènes.

Des biographies (éclairées !) et des filmographies sont aussi présentes pour une partie conséquente de l'équipe, et l'habituelle bande-annonce est toujours là, secondée par cinq spots télé. Outre une dernière analyse film / story-board en multi angle sur trois scènes (la décapitation de Hill, le léchouillage de Meg, la dernière attaque dans l'ascenseur), le disque propose pour finir une copieuse galerie de photos de tournage. De nombreux instantanés qui compensent l'absence d'un véritable making of par leur variété et leur abondance.

RE-ANIMATOR fait totalement partie de ces quelques classiques alternatifs du cinéma gore et branque, qui ont gagné l'estime des spectateurs à la force d'une audace nullement entachée par un budget rachitique. Une géniale réussite enfin récompensée par cette admirable édition, absolument indispensable. Seul petit bémol : la densité de certains bonus risque de n'intéresser que les fanatiques purs et durs. Mais est-ce véritablement un défaut ?

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
On aime
Un classique gore, plein d'audace et de fureur
Une édition vraiment ultime
On n'aime pas
Quelques bonus qui ne passionneront que les fous furieux du film
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L'édition vidéo
RE-ANIMATOR DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Elite
Support
2 DVD
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
1.85 (16/9)
Audio
English DTS 5.1
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
      • Commentaires audio
      • Stuart Gordon
      • Brian Yuzna, Jeffrey Combs, Robert Sampson, Barbara Crampton et Bruce Abbot
    • 16 Scènes étendues (23mn)
    • Musique isolée en Dolby Digital 5.1
    • Scènes coupées (2mn39)
      • Video Interviews
      • Stuart Gordon et Brian Yuzna (48mn44)
      • Dennis Paoli (10mn40)
      • Richard Band (14mn42)
      • Tony Timpone, rédacteur de Fangoria (4mn34)
    • Story-board en multi-angle (sur 3 scènes)
    • Interview de Richard Band à propos de la musique (6mn)
    • Bande-annonce
    • TV Spot (5)
    • Galerie de photos
      • Bio/Filmographies
      • Bruce Abbot
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      • David Gale
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      • Stuart Gordon
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