Par une nuit d'orage, un couple et sa petite fille échouent sur une
route de campagne. Leur voiture en panne, ils décident de se rendre
vers une maison qui se trouve non loin de là. Plus tard, ils seront
rejoints par deux jeunes adolescentes rebelles et un automobiliste pataud
qui les avait pris en stop.
Un point de départ classique que l'on retrouve dans d'innombrables films. On prend une poignée de personnages que l'on place ensemble dans un endroit inquiétant dans lequel ils n'auraient probablement jamais mis les pieds de leur propre chef. Pourtant, cette bicoque n'est pas habitée par un croque-mitaine. Seulement par un couple de personnes âgées qui sont aussi affables qu'inquiétantes. Plus préoccupé par le bien-être de la petite fille, le vieil homme, qui s'avère être un créateur de poupées, cache un secret que l'on découvrira petit à petit en visitant la maison, en compagnie des divers protagonistes.
Si l'on avait déjà vu auparavant au cinéma des poupées maléfiques ou des pantins assassins, DOLLS les place dans un environnement qui leur est propre. La maison des petits vieux étant plus une maison de poupées à grande échelle qu'une habitation conventionnelle. Les poupées du titre, il y en a ! Partout et dans toutes les pièces. Mignonnes, il vaut tout de même mieux ne pas empiéter sur leur territoire. Comme lorsque les deux jeunes décérébrées font le ménage sur une commode pour y placer leur radio-cassettes. Plus tard, les petites poupées de porcelaine, chassées un moment, reprendront leur place avec un sourire bien plus inquiétant que toutes exactions gores. Parce que DOLLS en contient des effets sanglants. Mais ils ne sont pas l'élément essentiel. Le film raconte une histoire et ne joue pas la surenchère du gore. Une option qu'aurait pu prendre facilement le réalisateur compte tenu de ses travaux précédents.
L'histoire de DOLLS
est assez maligne. Le bien et le mal sont représentés de manière claire
et établie. Mais il ne s'agit pas ici de placer les nouveaux venus face
à des créatures maléfiques et d'attendre la fin du film en organisant
une élimination progressive. Encore que ? En tout cas, DOLLS
fait assez penser aux contes de fées. Bien qu'il soit ici vraiment cruel.
Les mauvais parents et les personnes mal élevées connaîtront la fin
qu'ils méritent. Alors que ceux qui sont foncièrement gentils et ont
bon coeur, en sortiront, sans trop se poser de question, avec un futur
moins sombre. DOLLS nous dit aussi en gros que le monde des adultes
est mauvais... Une corruption dont les enfants ne sont pas atteints.
Le mal n'y est donc pas représenté tel qu'on aurait pu le croire. Pas
plus que la maison ni ce qu'elle renferme ne contient le véritable mal.
Le personnage de la petite fille fantasme au tout début avec son imagination
fertile et naïve la fin de sa belle-mère. Un fantasme qui finira par
prendre corps au contact de deux petits vieux défenseurs des coeurs
purs.
Stuart Gordon restera à jamais le réalisateur de RE-ANIMATOR. Un premier film qui fut un tel succès que toute son oeuvre aura été par la suite jugée dessus. Pourtant, s'il est de bon ton de cracher sur ce réalisateur, sa filmographie recèle bien plus que des nanars indigestes. Du tout ! Car on peut déjà citer plusieurs titres qui s'avèrent être de solides films de genre. FROM BEYOND, plus ou moins incompris au moment de sa sortie... Son Christophe Lambert, FORTRESS. Plus récemment un délirant et décalé SPACE TRUCKERS dont on ne comprend même pas pourquoi il n'a pas eu droit à une sortie en salles dans nos contrées. Ou le DOLLS dont on vous parle ici... Il est intéressant de noter que trois des films cités ont été réalisés à la même période pour Empire, la boite de production de Charles Band, et sous la houlette du producteur Brian Yuzna. Une équipe gagnante qui se disloqua rapidement pour diverses raisons.
Vous vous souvenez de l'inquiétante aveugle de NE VOUS RETOURNEZ PAS ? Toujours aussi inquiétante, l'actrice s'avère être ici l'épouse du fabricant de jouets...
Les DVD chinois, c'est un peu la roulette russe. Tant que vous ne l'avez pas visionné, vous ne pouvez avoir aucune idée de ce que vous obtiendrez. Transfert catastrophique ? Sous-titrage brûlé dans l'image... Le disque chinois de DOLLS, seul DVD existant à l'heure actuelle, est plutôt une bonne surprise. Enfin ? Toutes proportions gardées. Le film est présenté dans un transfert plein cadre et on peut afficher au choix un sous-titrage chinois ou anglais. Le transfert plein écran révèle parfois des éléments non prévus. En effet, en haut et en bas de l'image, il devrait y avoir des caches pour obtenir le format cinéma du film. Sans ces caches, il n'est pas rare de voir apparaître la main d'un manipulateur de l'une des poupées (par exemple au chapitre 5 [1'01'06]). Mais l'énorme problème vient de la bande-son très mal remixée en Dolby Digital 5.1. Pour commencer, il s'agit plutôt d'un 5.0 puisque le canal de grave n'est jamais sollicité ! Beaucoup plus gênant, les dialogues passent sur les cinq enceintes donnant l'impression de voir le film dans un hall. Ne cherchez plus les ambiances d'origine, le film est en Ultra Stéréo à l'origine, et l'on vous conseillera de visionner ce disque en simple stéréo. En ce qui concerne les suppléments, il y a un synopsis sans intérêt et... rien d'autre ! Néanmoins, en considérant que nous avons payé moins de cent francs, il n'y a pas de quoi se plaindre de cette édition !
DOLLS n'est pas un chef-d'oeuvre mais qui, malgré des images parfois excessivement gores, nous présente une petite histoire croquignolette et savoureuse.