1. Introduction

Après avoir constaté un frisson de changement dans les précédentes éditions du festival, le cinéma ne se trouve plus à une croisée des chemins. Que le digital soit là pour rester : indiscutable. Mais qu'il prenne presque le pouvoir sur un festival dédié aux formats large, célébrant la richesse de l'histoire cinématographique et des procédés révolutionnaires qui l'ont émaillé, un peu difficile à avaler. Le Widescreen Weekend de Bradford se tient quelque peu au bord du précipice. Un vrai paradoxe car, de manière inexplicable et totalement idiote, les dates du festival ont été décalées; Pour se dérouler en même temps que le festival 70mm de Krnov, connu par les aficionados sous le nom de «Krrr!». Un dilemme pour les amateurs de formats larges, car Krnov ne propose que des projections celluloïdales et avec cette année des raretés inédites en Sovscope 70 comme le ANNA KARENINA de 1967, la biographie de TCHAIKOVSKY d'Igor Talankin (1969) et le film de guerre ESKADRON GUSAR LETUKICH de 1981.

Cette programmation anglaise avait de quoi décevoir quelque peu. Aucune projection Cinerama en 3 bandes! Avec un tel écran incurvé réalisé pour l'occasion, c'est un comble. Et alignant des projections digitales, des films d'un intérêt très limité (LE GRAND BLEU, CITY HEAT, entre autres) avec d'autres plus attendues et évidentes comme WEST SIDE STORY ou encore UN MONDE FOU FOU FOU. L'équipe de programmation a changé et Bill Lawrence a quitté le navire. Certaines déclarations du nouveau programmateur Duncan McGregor laissent présager qu'il ne sera plus possible de voir des copies virées au magenta. Ce qui peut se comprendre, le festival tentant de recréer l'expérience de projection telle que le cinéaste l'a imaginé. Maintenant, d'un point de vue strictement cinéphile, ceci va priver nombre de films de pouvoir être visionnés, comme KRAKATOA, A L'EST DE JAVA, par exemple. Alors : vaut-il mieux ne pas projeter de films dont les copies ont des cultures passées, ou privilégier la possibilité de voir des films rares ? Votre serviteur choisit la seconde option. Avec en point de mire que le festival ne sait toujours intéresser la jeune génération de cinéphiles. Un public vieillissant, toujours moins nombreux au fil des années. Si en plus la programmation offre un choix discutable, de plus en plus de digital et se met à vouloir marcher sur les plates-bandes d'autres festivals européens dédiés à la même passion, on peut craindre que Bradford disparaisse à plus ou moins brève échéance.

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Dossier réalisé par
Francis Barbier