Tandis que la section 9 est sur le point de compléter l'affaire du «Rieur», avec la mise à nu d'un gigantesque scandale politique, le Premier ministre ordonne la dissolution de l'organisme. Le major Kusanagi et son équipe se voient traqués comme les criminels cybernétiques qu'ils chassaient jusqu'alors. Sauront-ils survivre afin de mettre un terme à cette histoire ?
Ce septième et ultime volume de GHOST IN THE SHELL : STAND ALONE COMPLEX conclut cette première saison composée de 26 épisodes. Les trois épisodes ici présents se concentrent bien évidemment sur l'intrigue récurrente de la série, avec la promesse de fournir les réponses aux nombreuses questions évoquées tout au long de la trame tortueuse décrivant les agissements du super hacker masqué derrière un logo «Kawaï» ! Comme l'indiquaient les précédents épisodes, le «Rieur» camoufle ni plus ni moins un complot politique aux ramifications complexes. L'ultime mouvement de la série s'engage donc sur les voies du «seul contre tous», la section 9 devenant la cible d'un pouvoir corrompu.
S'il est loin d'être nouveau, le schéma du «chasseur étant chassé» a toujours autant de tonus pourvu qu'il soit utilisé intelligemment. Le septième volume en fait une brillante démonstration, utilisant son riche univers pour captiver notre attention. L'humain Togusa sera intercepté au terme d'une poursuite en voiture, Batou fera parler la poudre face aux soldats et aux exosquelettes de l'armée de défense, le major Kusanagi préfèrera disparaître derrière des corps de substitution, tandis que les autres membres de la section 9 tenteront de se fondre dans la foule hétéroclite de la cité urbaine.
Outre d'impressionnantes scènes d'action, la série n'oublie pas de jouer sur des cordes plus sensibles. On pense à ce moment de flottement érotique entre Kusanagi et Batou, tous deux blottis l'un contre l'autre pour éviter d'être repérés par un hélicoptère. Ou encore aux Tachikomas, les tanks arachnides jusqu'ici réduits à l'emploi comique. Recyclés en robots d'accompagnement dans un hospice, ces derniers vont se regrouper pour aider leurs compagnons en cavale, en espérant y trouver la réponse qui soulagera leurs inquiétudes existentielles. Enfin, chaque membre de l'équipe succombant à l'armée nous est montré comme un terrible moment de renoncement, mention spéciale au «cliffhanger» clôturant l'épisode 25.
La situation a beau être désespérément critique arrivée à l'ultime épisode, la série s'octroie un changement de cap comme elle en a le secret pour achever son histoire dans le calme et la sérénité. L'essentiel du segment prendra place dans une grande bibliothèque, parcourue par les robots ordonnant inlassablement les nombreux livres s'y entassant. Au milieu de ce ballet sans fin, le major démêle les derniers fils de l'histoire avec le «Rieur» en personne, débarrassé de son logo ou de sa parka lui masquant une partie du visage. Si l'on a beaucoup reproché le parti pris d'écriture de Mamoru Oshii sur GHOST IN THE SHELL : INNOCENCE, à savoir un usage abondant de citations que nombreux ont (injustement) taxé de prétentieuses, il est amusant de constater que la série s'achève via ce même jeu.
Tenant jusqu'alors un haut niveau artistique tout au long de son déroulement, GHOST IN THE SHELL : STAND ALONE COMPLEX ne démérite surtout pas durant ces trois derniers épisodes. Si les segments 24 et 25 nous impressionnent en premier lieu par leurs longues séquences d'empoignades armées, nous restons fascinés par les plans séquences suivant les robots entre les rayonnages de la bibliothèque du dernier épisode. Hormis notre réserve concernant la narration trop diluée de certains segments, force est de constater que cette série représente le haut du panier de l'animé japonais destiné au marché vidéo et télévisuel. Kenji Kamiyama, le réalisateur, a su trouver ses propres marques dans l'univers de Masamune Shirow et dans celui de Mamoru Oshii, sans se laisser écraser par le budget élevé du programme. Devant le grand succès remporté par cette première saison, une seconde s'est immédiatement enclenchée. Appelée GHOST IN THE SHELL : STAND ALONE COMPLEX 2ND GIG, elle offre de nouveau à Kenji Kamiyama les rênes de la réalisation ainsi que de la scénarisation principale. Mamoru Oshii en personne y occupe un poste de «conseiller», serait-ce l'explication au ton beaucoup plus sombre imposé par cette nouvelle saison ? Et que les fans se rassurent, Yoko Kanno s'occupe toujours de la musique !
Les habitués des précédents volumes retrouveront les mêmes caractéristiques techniques sur ce nouveau disque. Si la qualité audio et vidéo est toujours au rendez-vous, on regrette une compression parfois peu discrète lors de certaines séquences (comme la fusillade du segment 24).
Pour compenser le faible nombre d'épisodes, l'éditeur propose une section de bonus plus fournie qu'à l'accoutumée. La série de featurettes «à suivre» se conclut comme de bien entendu sur Kenji Kamiyama (ce dernier ouvrait d'ailleurs cette collection d'interviews lors du Volume 1). Si le jeune homme est toujours aussi obscur, il délivre quelques clefs autant sur la série que sur ses propres méthodes de travail tranchant quelque peu avec celles imposées par ses aînés (Oshii en tête). En complément de programme, un second module d'interview prête son micro à Paul Nicholson, l'artiste responsable du logo du «Rieur». Anglais d'origine, travaillant via son label Terratag sur des graphismes très japanisants, l'homme nous fait part de sa surprise et de son enthousiasme d'avoir été contacté par le Studio I.G. pour ce travail. Un module au final très sympathique à suivre.
Nouvel arrêt d'importance, un Making Of retraçant la genèse de la série. Certes promotionnel, le documentaire nous permet d'arpenter les locaux du Studio I.G. à la découverte des différents artistes au travail. La parole est abondamment distribuée entre Kenji Kamiyama, Mitsuhisa Ishikawa (le producteur), Atsuka Tanaka (la comédienne doublant l'héroïne), l'équipe de scénaristes, et la toujours pétillante Yoko Kanno qui commente son travail avec sa très personnelle fantaisie. Au milieu de cette mosaïque, Mamoru Oshii vient apporter ses commentaires tranchés et à la franchise glaciale ! Enfin, l'édition comble sa section avec des clips vidéos (des montages images sur des titres de Yoko Kanno), des extraits extrêmement superflus des cinématiques du jeu vidéo tiré du programme, et surtout trois épisodes inédits de «La Vie des Tachikomas». Un régal que de prolonger le plaisir de cette mini-série jubilatoire, sorte de programme dans le programme, dépeignant avec énormément d'humour les tourments cartoonesques des tanks arachnides avec un style graphique très décalé. A noter que les goodies sont toujours de la partie, des cartes à collectionner jusqu'à la jaquette réversible, auxquels il faut adjoindre un livret très complet quant au contenu de la série.
A ce stade de l'aventure, il est évident que les fans ne tergiverseront pas pour s'offrir ce dernier volume light en nombres d'épisodes. Il ne reste plus qu'à attendre la fameuse seconde saison, que l'éditeur promet derrière un vague (pour l'instant) 2006. Les plus impatients pourront toujours se jeter sur les disques en zone 1 qui commencent juste à égrener cette prometteuse séquelle.