La Section 9, organisme policier souterrain dirigé par une femme cyborg, continue de traquer les criminels informatiques. L'attention de la Section est notamment concentrée sur «le Rieur», un hacker d'exception qui a juré la mort du préfet de police en piratant une annonce gouvernementale en direct à la télévision.
Débarquant enfin chez nous au compte-goutte, la série GHOST IN THE SHELL STAND ALONE COMPLEX nous avait pourtant un peu déçu à la découverte de ses quatre premiers épisodes. Fruit du prestigieux studio japonais Production I.G. (qui a notamment révélé ses talents via ses œuvres de cinéma tel que les GHOST IN THE SHELL justement, BLOOD THE LAST VAMPIRE ou encore le segment animé de KILL BILL), la série nous paraissait jusqu'alors en demi-teinte, la faute à des scénarios trop peu denses bien que de postulats ambitieux. L'excellence artistique et technique (pour une série télé) s'en trouvait du coup amoindrie, le spectateur étant bercé d'une langueur ne bénéficiant malheureusement pas des mêmes inspirations philosophiques des opus de pellicule.
Heureusement, ce second volume vient affiner l'assise de la série et du même coup notre intérêt. De ses quatre épisodes, deux sont consacrés à l'affaire du «Rieur» soit l'intrigue fil rouge du projet. Si le «Rieur» nous était présenté tardivement à l'épisode 4 au détour d'un segment franchement lâche narrativement, les épisodes 5 et 6 vont se focaliser sur une opération de protection (le «Rieur» ayant menacé le préfet de Police) doublée d'une mission d'interception (l'identité du hacker ayant été – apparemment - découverte). Soit un contenu bien plus palpitant alternant ambiance, action et suspens avec une qualité notable encore une fois selon les standards du produit télévisuel.
Si après ces moult rebondissements, le mystère du Rieur se montre encore plus épais qu'à l'initié, la continuité du deuxième volume se consacre à des épisodes à l'intrigue isolée (soit les Stand Alone à opposer aux épisodes Complex). Le septième segment se focalise sur un célèbre révolutionnaire Sud-Américain débarquant au Japon. Soupçonnée de trafic de drogue, la Section 9 va découvrir une tout autre marchandise. Quant au huitième segment, il est consacré à une incongrue chasse aux dealers d'organes.
Ce sont véritablement les épisodes 5 et 6 qui donnent à la série l'impression d'affirmer sa personnalité quant à l'entité GHOST IN THE SHELL, soit les œuvres précédentes consacrées à cet univers. L'inspiration a définitivement pris son indépendance vis-à-vis des films d'Oshii. Si la série ne se ferme toujours pas aux considérations humanistes du rapport à la biomécanique ou aux consciences alternatives, ces dernières n'en assurent plus une moelle ostensible et artificielle (voir les premiers épisodes du Volume 1), mais un arrière plan narratif n'interdisant plus les fantaisies ou les dérapages. De ce fait, les personnages se dégagent encore plus de leurs représentations cinéma en apparaissant bien décomplexés.
Le Major Kusanagi, qui passe toujours le plus clair de ses enquêtes en petit body sexy, se voit dépeinte dans son intimité amoureuse via un couple à trois lesbien (pour les détails canailloux, il faudra cependant se reporter à la bande dessinée de Shirow). L'action est quant à elle assumée avec bien moins de retenue, conférant des séquences un peu délirantes mais toujours bienvenues. A ce titre, l'épisode 7 se montre particulièrement généreux en empoignades très réussies quant à leur représentation graphique. Enfin, un humour bien tordu se voit réintroduit sans ménagement. Les Tachikomas, les tanks arachnides, sont les grands artisans de cet humour via leurs voix synthétiques «Kawaïïïïïï» (ces derniers étant les héros d'une mini-série bonus d'après générique, totalement inracontable). De plus, de nombreux détails loufoques se cachent dans certains épisodes, comme ce directeur d'une banque d'organes représenté par un robot cubique et rabougri, agitant continuellement un drapeau tout en parlant avec un fort accent régional.
Si les premiers épisodes de GHOST IN THE SHELL STAND ALONE COMPLEX laissaient à penser que nous avions affaire à une version light des films d'Oshii, les segments inclus dans ce Volume 2 mettent définitivement la série sur les rails d'une variation directe des bandes dessinées de Masamune Shirow. Toujours un peu trop bavard, GHOST IN THE SHELL STAND ALONE COMPLEX constitue néanmoins un spectacle distrayant à recommander à tous ceux qui s'ennuient fermement devant les GHOST IN THE SHELL de cinéma. En attendant la suite qui, espérons-le, poursuivra l'inspiration de cette deuxième livraison.
Comme l'on pouvait s'en douter, le second volume poursuit à l'identique le travail éditorial et technique accompli sur le premier disque. Image impeccable et versions audio en stéréo ou en multicanal (pas mal pour une série télé). Les featurettes, elles aussi à suivre, donnent la parole cette fois à Osamu Saka, le comédien doublant le personnage de Aramaki (le directeur de la Section 9), et surtout à l'indispensable Yoko Kanno, compositeur hors pair et superstar de son domaine depuis ses folles partitions pour la série COWBOY BEBOP. L'occasion d'écouter de larges extraits de son détonnant travail pour GHOST IN THE SHELL STAND ALONE COMPLEX. Les bonus s'achèvent sur des notes de production, des bandes-annonces et des goodies à même le boîtier (cartes à collectionner, jaquette réversible et livret informatif).
Après un démarrage qui nous a semblé un peu mitigé, GHOST IN THE SHELL STAND ALONE COMPLEX décolle avec ce deuxième volume. La raison essentielle venant de son intrigue principale, apparaissant timidement en toute fin du Volume 1, et ici enfin exploitée avec profondeur et intérêt. Les épisodes individuels en deviennent d'autant plus efficaces qu'ils se dégagent de l'influence un peu trop écrasante des films de Mamoru Oshii. Prometteur, on attend maintenant la suite…