En 2030, tandis que le monde est régi par les réseaux informatiques et la biomécanique, l'unité spéciale de la Section 9 continue de traquer la criminalité cybernétique. «Le Rieur», célèbre hacker dans la ligne de mire de l'organisation, semble soudainement bien discret tandis que de nouvelles enquêtes monopolisent l'équipe du Major Kusanagi.
GHOST IN THE SHELL : STAND ALONE COMPLEX, la série télévisée dérivée de l'univers de GHOST IN THE SHELL (univers crée par les bandes dessinées de Masamune Shirow, et rendu célèbre grâce aux adaptations cinéma de Mamoru Oshii), avait développé notre intérêt de manière graduelle. Après un démarrage en demi-teinte, la faute à une écriture un peu trop languissante, la qualité des épisodes n'a globalement cessé d'augmenter. En enrichissant les enjeux d'une histoire principale (l'enquête autour du mystérieux «Rieur») et en soignant les histoires indépendantes (on se souvient du mémorable et glauquissime segment du Volume 3 où Batou se met en quête d'un tueur en série), GHOST IN THE SHELL : STAND ALONE COMPLEX asseyait son statut de série de haute qualité.
Malheureusement, la découverte du Volume 4 vient quelque peu atténuer notre ardeur en nous proposant un fléchissement de l'inspiration, fléchissement parfois constaté dans des séries à mi-course de leur saison (prévu sur sept volumes, le Volume 4 correspond au centre de la série). Curieusement, aucun des quatre nouveaux segments n'est «Complex», c'est-à-dire poursuivant l'intrigue fil rouge de la série. Ce sont de nouveaux «Stand Alone», soit des histoires résolues en un épisode, qui nous attendent. La série délaisse ainsi son fameux "Rieur" depuis plus de six épisodes (les deux derniers du Volume 3 étant «Stand Alone»), un choix un peu dangereux pour soutenir les enjeux de l'intrigue « Complex ».
Les deux premiers épisodes de ce Volume 4 se ressemblent finalement beaucoup dans leur traitement. Dans Not Equal, la Section 9 organise une intervention musclée pour sauver la fille d'un PDG d'une société produisant des cyber-cerveaux. Et dans Yes, la Section intervient dans le manoir d'un étrange multimillionnaire dont la tête à été mise à prix par la mafia chinoise. Si ces deux épisodes n'ont techniquement rien à se reprocher (la série étant continuellement impeccable à ce niveau), il faut bien avouer que la routine guette. Les allusions à l'affaire Patricia Hearst dans l'un, ou l'ambiance étrange des décors du second ont peine à masquer un déroulement un peu convenu. Reste que ces épisodes se reposent sur des séquences d'action toujours aussi spectaculaires, ce qui entretient malgré tout l'intérêt.
Est-ce dû à cette absence d'évolution narrative, mais les personnages paraissent d'un coup bien effacés quoique tous présents dans ces deux épisodes. La vedette est littéralement volée par les Tachikomas, les tanks arachnides s'exprimant avec une voix «Kawaiiii» typique de certains animés japonais. Ceux qui se montreront agacés par cette mise en avant du side-kick comique (car, il faut l'avouer, c'est bel et bien le rôle des Tachikomas), risquent de découvrir avec bonheur que le troisième segment de ce Volume 4 leur est totalement dédié.
Dans les locaux de la Section 9, les Tachikomas se rassemblent pour débattre du sens de leur vie en tant que machine ainsi que de l'être humain. Ces derniers mettent à jour des doutes métaphysiques qui ne sont pas sans inquiéter les autres héros de la série. Avec cet épisode, nous nageons en pleine parodie des films de Mamoru Oshii et de leur traitement «auteurisant». La représentation volontairement puérile de ces personnages de tanks cyborgs détache toute ambition philosophique pour inscrire l'épisode dans un gros délire pourtant loin d'être désagréable. Un intermède plus comique qu'autre chose entre des histoires privilégiant jusqu'ici l'action.
Le dernier épisode revient à une narration plus adulte, où Batou a pour mission de gagner la confiance d'un entraîneur de boxe renommé mais soupçonné d'espionnage. Au fil de son enquête, Batou va devenir véritablement ami avec cet homme, rendant d'autant plus douloureuse l'issue de cette histoire. Avec cet épisode, la série revient à ce qu'elle peut proposer de mieux, à savoir un parfait équilibre entre personnages, introspection et action. Elle prouve également au passage qu'il n'y a pas obligatoirement besoin de faire sauter des bâtiments entiers pour composer des scènes palpitantes. Les séquences de boxe de cet épisode sont à ce titre bien plus impressionnantes que l'artillerie lourde déployée sur les premiers segments de ce quatrième volume. Grâce à un découpage précis, un sens du dynamisme à toute épreuve, ainsi qu'à un formidable travail sur le son (le bruit des semelles glissant sur le lino du gymnase est privilégié en lieu et place de musique pétaradante), ces scènes sont ce que l'on retient immédiatement de ces quatre nouveaux épisodes de GHOST IN THE SHELL : STAND ALONE COMPLEX. Et toujours pour notre plus grand plaisir, la mini-série La vie des Tachikomas boucle chaque segment dans un non-sens irrésistible.
Sur le même modèle que les précédentes éditions, le quatrième volume offre une image anamorphosée sans aucun défaut ainsi que des pistes 5.1 en japonais, anglais et français. Des caractéristiques techniques très haut de gamme pour une série télé. Les bonus sont dans la lignée des éditions précédentes (générique indépendant, bandes-annonces) avec quelques nouveautés toutefois. Une nouvelle série de fiches de personnages est ainsi présente, tandis qu'un menu nous permet d'en savoir plus sur «l'anatomie» des Tachikomas. La série des featurettes, d'une dizaine de minutes chacune, donne cette fois la parole à Koichi Yamadera (voix de Togusa) et à Sakiko Tamagawa (comédienne doublant les Tachikomas). Star du doublage d'animé, il est connu pour avoir interprété le rôle-titre dans la série COWBOY BEBOP, Koichi Yamadera dépasse très vite la cadre balisé de son interview pour orienter la discussion sur une extrapolation liée aux nouvelles technologies. Quant à Sakiko Tamagawa, elle reste plus volontiers dans le descriptif de son travail, provoquant de ce fait un intérêt moindre quoique présent. En bonus «goodies», les cartes à collectionner et la jaquette réversible sont toujours au rendez-vous.
Le Volume 4 se montre moins palpitant que les derniers épisodes que nous avions jusqu'alors visionnés. La faute peut-être à une absence d'histoires dédiées à l'intrigue «Complex» du "Rieur". Reste un ultime épisode qui nous prouve que la série peut se montrer de très grande qualité lorsque l'inspiration est au rendez-vous. Nous sommes à mi-course de la saison, la suite au prochain épisode…