3. Interview Simon Rumley & Bob Portal

Votre précédent métrage, THE LIVING AND THE DEAD, est plutôt sombre alors que vos trois premiers films étaient bien plus légers…. Vous pouvez nous en parler ?

Simon Rumley : Mes précédents films ont été montrés dans quelques festivals au Royaume Uni et à l'étranger. Les critiques n'étaient pas mal mais j'avais passé six ans de ma vie à faire ses films. Et je me suis dit que si je devais continuer dans cette voie, je devais essayer de faire des films que les gens verraient. Comme les courts métrages que j'avais fait auparavant étaient plus sombres, je me suis dit que je devrais faire quelque chose dans cette veine. Et dans le même temps, ma mère est morte. Mais je crois que mes trois premiers longs métrages pourraient être comparé à la première partie de RED WHITE AND BLUE. Car c'est une étude de caractère à propos de la jeune femme et des hommes qui gravitent autour d'elle. Evidemment, la deuxième partie du film n'a plus rien à voir.

Il y a aussi une connexion entre THE LIVING AND THE DEAD et RED WHITE AND BLUE. On y retrouve le personnage d'une mère qui se bat contre une maladie, en phase terminale, et sa relation avec son fils.

Simon Rumley : Oui, c'est amusant car lorsque j'ai écrit RED WHITE AND BLUE, je n'en étais pas conscient. C'est seulement à la fin, lorsque j'ai relu le script. Avec du recul, je me suis aperçu que j'avais fait quelque chose d'assez similaire. A un moment, je me suis dit que j'allais le changer. Mais finalement cela fonctionne bien pour l'histoire et pour les personnages. Donc, je l'ai gardé.

Lors d'une scène, dans le film, on peut voir une affiche du Fantastic Fest…

Simon Rumley : C'est un festival qui se déroule à Austin. A l'origine, cela avait été mis en place par Harry Knowles, qui gère Ain't It Cool News, et Tim League. Ils aiment vraiment ce genre de films. Cela va de films d'horreur "intelligents" à des slashers en passant par des oeuvres asiatiques et parfois des métrages de science-fiction. Il y a vraiment un panel assez large de film même si cela s'appelle Fantastic Fest mais cela reste tout de même assez orienté vers l'horreur.

Et apparemment c'est grâce à ce festival que RED WHITE AND BLUE est né ?

Simon Rumley : Tim League avait découvert THE LIVING AND THE DEAD. Du coup, il l'a programmé et nous a invité à venir le présenter au Fantastic Fest. Nous avons séjourné chez lui durant le festival et nous sommes devenus amis. Ensuite, nous nous sommes revus à Berlin, à Cannes et en Corée. La plupart de festivals… Et cela nous a permis de devenir de biens meilleurs amis. J'ai toujours voulu faire un film aux Etats-Unis. Mais je savais que pour tourner en Amérique, il me fallait de l'aide. Du coup, je lui ai demandé s'il voulait m'aider dans le cas où je voudrais faire un films aux Etats-Unis, à Austin. Il a accepté. On peut ainsi voir sa cave dans le film. La voiture verte, c'est la sienne. En fait, que ce soit les figurants, les maisons où l'on a tourné, c'est grâce à lui et ses connexions via son site internet que l'on a pu les obtenir. Il a donc été très important pour nous. Je suis donc resté chez lui durant quelque chose comme douze semaines à partir de la phase de pré-production. Le caméraman a séjourné chez lui pendant huit semaines. Sans son engagement, cela aurait été plus dur. Nous aurions pu le tourner mais cela aurait été beaucoup plus dur de le faire sans son aide.

Vous n'aviez jamais travaillé avec Bob Portal avant, comment l'avez-vous rencontré ?

Simon Rumley : Nous n'avions jamais fait de film tous les deux. Mais nous avions un projet ensemble. C'était essentiellement basé autour d'une poursuite se déroulant en Chine. Nous nous sommes rencontré il y a quatre ans et je lui avais présenté l'idée qu'il avait apprécié. Donc, j'avais commencé à l'écrire mais cela ne s'est pas fait pour l'instant.

Vous avez donc fait RED WHITE AND BLUE mais lorsque l'on voie le film, il aurait pu se dérouler dans un autre pays que les Etats-Unis. Cela pourrait très bien se dérouler en Angleterre ou ailleurs.

Simon Rumley : C'est vrai, l'histoire aurait pu se dérouler n'importe où dans le monde. J'aurais pu le faire en Angleterre mais je trouvais l'histoire bien plus américaine. Et puis le film parle surtout de notre société moderne et d'où en est la race humaine au XXIème siècle. Je pense que sur de nombreux plans, les Etats-Unis est certainement le pays qui est le plus représentatif des hauts et des bas de la race humaine aujourd'hui. Voilà pourquoi j'ai choisi de faire cette histoire aux Etats-Unis. Mais j'aurais pu le faire à Manchester. L'histoire a un côté presque romantique. C'est une histoire d'amour. Mais je pense que si on avait placé cette histoire à Manchester ou bien à Londres, cela n'aurait pas été la même chose. L'histoire avait un ton bien particulier en la tournant à Austin. Même si on l'avait tourné à New York, cela n'aurait pas été pareil. C'est difficile de dire pourquoi mais ça fonctionne vraiment bien à Austin.

Je posais la question car je pense que le choix du pays pour cette histoire pourrait indiquer une critique assez pessimiste des Etats-Unis.

Simon Rumley : On m'a déjà dit ça. Mais, à vrai dire, ce film n'a pas été fait pour dire que l'Amérique c'est mal ou que c'est de la merde. C'est vrai que l'on pourrait penser qu'il s'agit d'une critique des Etats-Unis mais l'histoire pourrait, comme vous le dites, se dérouler en Allemagne, en Angleterre… L'idée ce n'était vraiment pas d'en arriver à un message du genre "Bush est un salaud, il n'aurait pas du aller en Irak". Alors bien sûr, "Red" (Rouge), "White" (Blanc) et "Blue" (Bleu) sont les couleurs du drapeau américain mais ce sont aussi les mêmes que sur celui de la France ou de l'Angleterre ainsi que d'autres pays.

Et qu'en est-il du public américain ? Vous avez eu des retours sur la manière dont il a été perçu aux Etats-Unis ?

Simon Rumley : Ce fut assez incroyable. Si vous allez sur mon site internet (http://www.simonrumley.com), vous trouverez des chroniques de toutes sortes. Le film n'a pas été présenté que dans des festivals dédiés au genre mais aussi dans des manifestations plus larges. Du coup, ce fut assez incroyable car nous avons eu d'excellentes chroniques par exemple du New York Times ou du San Francisco Chronicles. Le film a vraiment été bien accueilli là bas d'une manière générale.

Le personnage principal du film ressemble à Charles Manson, une figure tristement connue de la culture américaine. Est-ce que c'était intentionnel ?

Simon Rumley : Non, cela vient de Noah Taylor, le comédien. A l'origine, lorsque j'ai rencontré Noah à Brighton, il ne ressemblait pas du tout à ça. Il s'est écoulé quelques mois entre notre rencontre et le tournage. Entre-temps, il s'était laissé poussé la barbe, ne s'était pas coupé les cheveux.

En effet, d'habitude, on ne le voie pas à l'écran avec une barbe d'où ma question…

Simon Rumley : A un certain moment, je me suis posé la question de savoir s'il ne faudrait pas qu'il se coupe la barbe. Nous en avons discuté mais il m'a dit "Non, non, c'est mieux pour le rôle !". Et il avait raison. C'est réussi et ça donne une dimension supplémentaire à son personnage. On voie aussi que sur ses bras, il y a des tatouages, pas tous vraiment élaborés mais cela construit un peu plus le personnage. Il s'est vraiment investi dans le rôle, il a énormément écouté les stations de radio locales pour entrer un peu plus dans le personnage. Il a vraiment apprécié jouer ce rôle.

C'est un personnage assez intéressant car au premier abord, il aurait tendance à faire peur ou, en tout cas, à être inquiétant. Mais plus tard, il y a un tournant qui fait qu'on commence à l'apprécier. C'était votre intention ?

Simon Rumley : Vous savez, je pense que c'est un film où il n'y a pas vraiment de mauvaises ou de bonnes personnes. Je ne pense pas que les personnages méritent vraiment ce qui leur arrive. Il y a une constante contradiction sur ce qu'ils sont, ce qu'ils font et ce qui va leur arriver. C'est d'ailleurs pourquoi j'étais vraiment content que Noah Taylor prenne le rôle. Je l'avais découvert au début de sa carrière dans THE YEAR MY VOICE BROKE en 1987. Il a un côté vraiment naturel et quel que soit le type de rôle qu'il joue, il insuffle une certaine sympathie dans celui-ci et les spectateurs le ressentent. Donc, au départ, il fait un peu peur mais on finit par comprendre ce qu'il est et pourquoi il fait ce qu'il fait. Et c'est d'autant plus intéressant à la fin, avec la photographie, lorsque l'on comprend l'engagement qu'il a pris avec l'héroïne. C'était donc vraiment notre intention que les spectateurs s'attachent à lui malgré les apparences. De plus, cela apporte une dimension supplémentaire lors des séquences où l'on serait peut être tenté de se dire "Vas y, tues les" avant de réfléchir qu'il est tout de même un tueur. C'est sûrement un peu déstabilisant pour les spectateurs.

C'est la raison pour laquelle vous gardez le secret sur ce qui est révélé à la toute fin avec la photo ?

Simon Rumley : Oui, tout à fait. Il y a pas mal de choses dans le film qui ne sont pas montrés. Et c'est au spectateur de remplir les espaces manquants. Cela provoque l'interrogation et la surprise. Donc, oui, c'est pour ça que j'ai fait le choix de ne faire cette révélation que par une photographie sans en dire plus. Mais je pense que si nous avions tout montré dans le film, ce que l'on ne voie pas dans RED WHITE AND BLUE, cela aurait fait un métrage d'environ trois heures. Cela aurait pu être intéressant mais cela aurai aussi été un film très différent. C'est donc vraiment un choix que j'avais fait au moment de l'écriture du script.

Vous avez eu des problèmes pour trouver l'actrice principale ? Car le rôle est assez difficile…

Simon Rumley : Ce fut assez dur. Je crois que quinze jours avant de tourner, nous étions toujours en train de chercher l'actrice principale. Amanda Fuller n'est arrivé à Austin que deux jours avant que nous débutions le tournage. En fait, nous avions commencé à chercher bien auparavant au moment de la pré-production. Nous avons rencontré deux ou trois actrices. Nous avions discuté du rôle. Mais l'une d'elle avait un souci avec la nudité, elle était peut être un peu jeune. Une autre n'avait pas de souci avec la nudité mais la violence du film lui posait problème. On a aussi eu une actrice qui allait faire son premier gros film hollywoodien avec une star et elle a préféré attendre de voir ce que ça allait donner ensuite plutôt que s'engager sur d'autres projets à ce moment là. Nous avons aussi essayer de trouver une actrice à Austin pendant un temps mais sans succès. A un moment, l'un des producteurs m'a dit qu'il serait peut être temps de trouver quelqu'un parce que le tournage allait commencer et que ce serait gênant. On a donc organisé un casting ouvert à Los Angeles. On a eu environ cinquante actrices. Nous étions à Austin et on voyait les auditions en ligne. C'est le cinquième jour que nous avons pris un avions pour Los Angeles et rencontré les comédiennes qui nous paraissaient les plus intéressantes. A la fin, il n'y avait plus que deux comédiennes et Amanda était parfaite pour le rôle. On l'a engagé le samedi et elle était à Austin pour tourner le mercredi suivant. Amanda est une bonne actrice et ce fut un vrai plaisir de travailler avec elle. C'est vrai que c'est un rôle assez dur et elle a fait un très bon boulot !

De quelle manière avez-vous tourné la scène de meurtre avec le ruban adhésif ?

Simon Rumley : En fait, nous l'avons fait pour de vrai. L'acteur est un gars sympa mais un peu fou. Nous n'étions pas sûr de la manière de le faire. Nous avons laissé passé quelques semaines, le temps de connaître l'acteur. Et puis, finalement, on lui a demandé "Combien de temps peux-tu retenir ton souffle ?". On l'a chronométré. Il pouvait arrêter de respirer durant environ 45 secondes. Du coup, on s'est dit que l'on pouvait le faire en 30 secondes. Cela dit, il y avait une sorte de prothèse, une sorte de masque, que l'on posait sur la tête de l'acteur et qui donnait l'impression qu'il était entièrement recouvert de scotch. Donc, on tournait, au moment où le dernier morceau de scotch était posé, on savait que l'on avait seulement 30 secondes devant nous et on coupait rapidement pour qu'il puisse reprendre son souffle. On a du le faire trois fois. C'était plutôt dangereux.

L'idée du découpage du corps, c'était un moyen de mener le personnage principal d'une étape à une autre, comme un jeu de piste. Ce n'était pas un peu une facilité dans l'écriture du scénario ?

Simon Rumley : Mais j'aime l'idée de cette bande d'amis qui s'entraide. Ils font de la musique ensemble dans un groupe, traînent ensemble. Quelque part, ils vivent ensemble, ils passent beaucoup de temps ensemble. Il y a un coté "gang". S'il t'arrive quelque chose, que tu es dans la merde, ils vont essayer de s'en sortir ensemble. Il y avait cette idée qu'en découpant le corps, ils allaient chacun assumer une partie de la responsabilité. Evidemment, cela peut sembler facile, une façon de mener d'un personnage à un autre en suivant les morceaux du corps. Mais c'est vrai que c'est une structure un peu inhabituelle.

Je me suis demandé si vous connaissiez un film intitulé EBOLA SYNDROME. Car il y a une séquence avec un hamburger très particulière mais il y a aussi l'aspect d'un personnage qui utilise sa maladie en quelque sorte comme d'une arme.

Simon Rumley : A vrai dire, nous avons vu assez peu de film lorsque nous préparions RED WHITE AND BLUE. Mais j'ai montré trois films au monteur : L'ANGLAIS de Steven Soderbergh, GUET-APENS de Sam Peckinpah et NE VOUS RETOURNEZ PAS de Nicolas Roeg. Donc, c'est assez étrange car lorsque j'ai fait THE LIVING AND THE DEAD, nous regardions beaucoup de films alors que pour celui-ci, nous n'avons quasiment rien vu.

Avez-vous déjà des projets pour l'avenir ?

Simon Rumley : J'ai deux films en projet. Celui qui se déroule en Chine et dont je vous ai déjà parlé, THE STRANGER. Et un autre film, THE SKIN, à propos de la chirurgie esthétique. L'histoire d'une femme qui se marie avec un chirurgien après un accident de voiture et il va tenter de la rendre belle à nouveau. L'opération tournera mal et plus il tentera de rectifier le tir et plus cela va empirer. Ce sera fait aux Etats-Unis, je n'ai pas écrit le scénario et je dois rencontrer le producteur américain dans les prochains jours. Je suis très enthousiasmé par ce film. A part cela, j'ai d'autres projets mais ce sont les deux films que je prévoie de faire prochainement.

Le film à propos de la chirurgie esthétique sera le premier dont vous ne serez pas l'auteur du scénario ?

Simon Rumley : En fait, j'ai déjà réalisé un court-métrage que je n'avais pas écrit et qui s'appelle THE HANDYMAN. Mais c'est assez intéressant car je suis attaché au projet depuis septembre 2010 et je collabore avec le scénariste du film sur les réécritures. Donc, je pense que comme THE LIVING AND THE DEAD ou RED WHITE AND BLUE, on pourra dire sans hésitation qu'il s'agit d'un film de Simon Rumley. Et le contenu du film me semble être un suite assez logique à ce que j'ai fait auparavant.

Bob Portal, est-ce que vous allez continuer à travailler avec Simon Rumley ?

Bob Portal : Oui, nous avons ce projet de film se déroulant en Chine dont vous avez entendu parler. Mais Simon a aussi un projet qui se déroulerait à la Nouvelle Orléans. Donc, oui, nous allons de nouveau travailler ensemble mais pas sur THE SKIN, le film à propos de la chirurgie esthétique. Par contre, j'ai lu le scénario et il est très bon, c'est assez extrême.

J'ai vu que vous aviez produit THE RIVER KING. J'étais persuadé que c'était un film américain…

Bob Portal : C'est une coproduction entre l'Angleterre et le Canada. Nous en avons tourné une partie en Grande Bretagne et l'autre moitié au Canada. Mais c'est une histoire très américaine. Néanmoins, comme nous tournions au Canada, ils voulaient qu'on voie le drapeau du pays. De cette façon, on peut obtenir plus d'argent du gouvernement pour faire le film. Donc, on a conservé des éléments typiquement canadien mais l'histoire était clairement américaine.

Et vous avez obtenu plus d'argent en plaçant le drapeau des Etats-Unis sur le blouson du personnage principal de RED WHITE AND BLUE ?

Bob Portal : (rires) Non, quelle honte !

En France, on a pu voir THE LIVING AND THE DEAD mais les trois films précédents sont restés invisibles ici. Que va-t-il se passer pour RED WHITE AND BLUE ?

Simon Rumley : Pour l'instant, nous n'avons pas de distributeurs. Nous serions heureux que le film sorte en France mais pour l'instant, il n'y a rien de concret. Nous avons une société française qui représente le film, Celluloïd Dreams, mais cela n'a pas donné ce que l'on aurait espéré. Le film va sortir en salles en juin en Angleterre. Entre temps, le film fera parler de lui et il y aura plus de chroniques, un peu plus d'exposition, cela bougera peut être à ce moment là.

A propos des sorties en salles, on est assez surpris de voir que pas mal de films à petits budgets sont distribués dans les cinémas en Grande Bretagne. En France, ce n'est pas vraiment le cas…

Simon Rumley : Vous savez, mon premier film a été fait pour 40.000 livres, avec mes propres moyens. J'étais influencé par Richard Linklater, Kevin Smith ou encore Robert Rodriguez. On peut facilement faire des films en utilisant les moyens du bord que ce soit pour le montage avec Final Cut ou encore le mixage du son. Cela donne des résultats de bons niveaux et les films à petits budgets sont à présents bien mieux acceptés. Et puis si on prend l'exemple du PROJET BLAIR WITCH, cela a été fait avec très peu d'argent et ça a pourtant rapporté des millions. Mais d'une manière générale, je pense qu'il y a une culture plus proche des petits budgets en Angleterre. Il y a des films de zombies en Grande Bretagne comme ZOMBIE DIARIES qui ont bien fonctionné. C'est devenu aussi acceptable aux Etats-Unis. Bien sûr, il y a une dizaine de films médiocres produits de cette manière pour un film réussi.

Bob Portal : Je pense que petits budgets, cela sous-entend qu'il y a plus de films qui sont fait et cela rend les choses plus facile à monter. Mais il faut être réaliste, comme pour les grosses productions, une bonne part des métrages sont mauvais. Alors bien sur, puisqu'il y a plus de films fait, on pourrait penser qu'il y aura un plus grand pourcentage de métrages de bonne qualité qui en sortiront. Mais cela ne change pas vraiment le ratio. En contrepartie, cela permet de prendre plus de risque dans des métrages plus commerciaux.

Simon Rumley : J'ai rencontré un réalisateur qui est devenu un ami. Il a fait HOBO WITH A SHOTGUN, un film fait avec peu de moyen mais qui est vraiment très accompli alors que c'est son premier long métrage après quelques courts. A présent, il est effectivement plus facile de faire un film de manière indépendante qu'il y a dix ans par exemple.

Il est plus facile de faire des films mais cela provoque une énorme production de métrages un peu partout. Paradoxalement, il devient alors assez difficile de sortir de la masse ?

Simon Rumley : Oui, c'est vrai que c'est un problème. Avec notre film, nous avons fait beaucoup de festivals, nous avons eu des chroniques. C'est assez important de manière à faire grandir le film et lui donner la possibilité de trouver un distributeur. Mais, vous savez, même lorsque vous avez une grosse compagnie derrière vous, il y a tant de choses qui peuvent aller de travers et cela ne vous garanti pas toujours d'être présenté correctement.

Bob Portal : C'est vrai mais cela reste tout de même plus difficile pour les petits films. Déjà parce que vous allez entrer en compétition avec des films qui ont été financé de manière plus conventionnelle. Cela veut dire qu'ils ont déjà un marketing d'assuré ainsi qu'un budget plus confortable au moment de la création. Du coup, avec de petits budgets, on va s'orienter vers le marché de la vidéo plutôt qu'une sortie cinéma, ce qui est aujourd'hui plus naturel. C'est un moyen de gagner en notoriété, puis obtenir plus d'argent pour un prochain film. Mais des films comme BLAIR WITCH ou PARANORMAL ACTIVITY sont sortis sous l'aile de grosse compagnie et c'est ce qui a fait en partie leur succès et ce qui a amené une exposition dessus.

Simon Rumley : C'est vrai qu'à une période, le fait de sortir un film directement en vidéo, c'était comme une insulte. Mais à présent, une grande majorité des films sont distribués directement par ce biais sans passer les salles de cinéma. Mais bon, maintenant, à moins d'être une grosse production genre X-MEN 4, il apparait difficile d'aller dans les salles.

Bob Portal : Pour une grosse partie des films, la distribution dans les salles, à présent, ce sont les passages dans les festivals. Mais le vrai problème pour un film de genre type RED WHITE AND BLUE, c'est qu'il aura du mal à passer à la télévision. En tout cas pas à une heure de grande écoute. Cela influe directement sur le prix que seront prêt à mettre les distributeurs d'un film pour tel ou tel pays. Car un passage à une heure du matin sur une chaîne spécialisée, forcément, ce n'est pas très rémunérateur.

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Dossier réalisé par
Christophe Lemonnier & Xavier Desbarats
Remerciements
Simon Rumley, Bob Portal, les organisateurs & tous les bénévoles du festival.