2. Interview Glenn Orland Tosterud

Francis Barbier : Comment êtes-vous arrivés sur le projet ?

Glenn Erland Tosterud : Je suis simplement allé à une audition et j'ai eu le rôle assez facilement (rires).

Mais saviez-vous ce que le film allait être ?

Non, je n'en avais aucune idée. Mais j'étais assez excité par le projet et je voulais vraiment ce rôle... Le fait que cela ressemble à un documentaire.

TROLLJEGEREN ne ressemble à aucun autre film de genre norvégien. N'était-ce pas risqué ?

Le risque est appréciable, c'est ce qui rend le métier excitant, justement.

Mais comparé aux autres succès de films de genre, comme FRITT VILT ou SKJULT, l'approche est totalement différente.

Dès le début, le producteur a indiqué qu'il existait un marché pour un tel film. Le réalisateur est allé voir le producteur avec seulement quatre phrases en poche, sans scénario. Et le projet s'est fait comme cela, avec le plus gros producteur norvégien actuel.

En regardant le box office, j'étais vraiment étonné des résultats, avec un nombre toujours important de spectateurs qui allaient voir le film, semaine après semaine. Le film sort en DVD et Blu ray en Norvège le 9 février 2011, mais le film est toujours dans les cinémas.

C'est très rare, en effet. Je n'ai jamais expérimenté une telle chose !

Comment avez-vous travaillé comme acteur dans un tel format ?

Nous avons privilégié l'improvisation, ce qui est une méthode très intéressante. Chaque prise était différente. Nous avions bien sûr le script, mais nous devions aligner des dialogues de manière diverse à chaque fois. Pour garder le côté authentique des scènes. En fait, nous nous asseyions avec le réalisateur, en discutant des scènes, quelle lumière va aller avec. Des motivations des personnages, où se dirige la scène et on partait de là. Quelque fois, cela prenait jusqu'à 25 minutes par scène, en donnant quelque chose de totalement imprévu.

Et ça fonctionne, car il semble que vous vous accordez bien avec l'ensemble des autres acteurs. Les interactions sont très naturelles.

Oui, nous nous sommes vraiment bien entendus. C'était aussi la volonté du réalisateur, que nous nous sentions connectés les uns aux autres. Une fois que j'ai été sélectionné, il m'a été permis de participer au process de casting avec le réalisateur.

Qu'avez-vous ressenti en jouant devant un écran vert, sans interaction possible avec ce qui allait être remplacé par des effets spéciaux ?

Je pense qu'il s'agit de l'utilisation de l'imagination. C'est difficile, mais c'est le travail de l'acteur. En fonction de certaines scènes, nous devions construire la peur, par exemple. De ce fait, j'ai passé beaucoup de temps seul dans les bois, là où c'est très effrayant (rires). Alors ensuite, il ne fut pas très difficile d'être effrayé, en repensant à ce que j'ai vécu.

Mais saviez-vous déjà à quoi les Trolls allaient ressembler ?

Non. Nous avions seulement vu des dessins et on savait qu'ils auraient environ 15 mètres de haut. Qu'ils auraient l'air effrayant, mais sans savoir qu'ils auraient trois têtes ! (rires)

En France, voire dans tous les pays non scandinaves, les trolls n'ont pas la même signification, la même image que chez vous. Il s'agit d'une mythologie à part. Comment pensez-vous que le public réagira à cela ?

Les trolls ne sont ni méchants, ni gentils, ils existent, simplement. Et coexistent dans notre monde. Le film possède un côté informatif sur la mythologie des trolls. Il y a beaucoup de choses dans les contes de fées. Comme le fait qu'ils sentent le sang des chrétiens, qu'il y a plusieurs types de trolls… ce sont des histoires que nous connaissons à travers nos contes de fées. Il s'agit du premier film qui en parle. Le prochain, on en saura un peu plus.

Ah ? Il y aura donc une suite ?

Il y a de grandes chances que oui ;

Cela m'a paru assez évident, aux vues de la fin. Car il y a une chose m'a étonné en ce sens, ce qui laisse une fenêtre ouverte sur une suite.

Le premier ministre ?

Non, le personnage qui arrive au moment de la dernière chasse : le sismologue. D'où sort-il ?

Ca m'a également surpris.

S'il sort de nulle part, comme cela, c'est qu'il y a une raison ?

(malicieux) Peut-être. Je ne sais pas. Mais je ne peux rien vous dire ! (Rires) Mais il y a des opportunités, quelques offres venant des Etats-Unis.

Mais cela perdrait quelque part de sa singularité. Il n'y a pas de Trolls aux Etats-Unis. Cela deviendra un film de monstre comme un autre. Vous avez réussi à apporter ici une certaine fraîcheur, une nouveauté, un sentiment envers les monstres.

Merci.Cela fait plaisir à entendre. Il est vrai que je ressentais une certaine peine pour le grand troll. Le regard porté au monstre au début et à la fin du film est différent

Avez-vous eu la possibilité d'apporter vos propres idées à propos du personnage ?

Oui, nous avons développé le personnage au fur et à mesure avec le réalisateur. Il nous a donné beaucoup de liberté.

Vous avez apprécié travailler avec André Øvredal?

Oui, beaucoup.

Vous travaillerez donc encore probablement avec lui ?

(sourire) Oui, si j'en ai la chance…

J'essaie d'obtenir des informations sur la suite, là… (rires)

J'ai bien compris! (rires)

Le film est un énorme succès en Norvège.

Oui, absolument énorme. Il a même été nommé comme le plus gros événement culturel norvégien en 2010 par les plus importants journaux du pays.

Quelle a été la réaction du public norvégien à la vision du film ?

Le public s'est vraiment emparé du film et en a été très fier. C'est un film typiquement norvégien dans ses thématiques, sa manière d'aborder le sujet. Il a beaucoup été apprécié.

Alors maintenant, que se passet-il pour vous ?

je suis également réalisateur et j'ai pas mal de projets. Une série télévisée, un court-métrage pour le cinéma et peut-être un long métrage, plutôt orienté vers un drame.

Pour finir, quelles sont vos impressions sur votre présence ici ?

En France ? J'adore ! Et le public est très démonstratif. Comme à Sundance où j'étais juste avant. C'est toujours bon de voir des spectateurs non-norvégiens réagir au film. Il y a beaucoup de clins d'œil typiques à la culture norvégienne, des blagues… il est rassurant de voir qu'elles sont également perçues par le public français ou américain.

Des différences notables entre chaque public ?

Assez peu, de manière surprenante. Le film fonctionne vraiment partout !

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Francis Barbier
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Glenn Erland Tosterud & Melanie Henricksen