Une touriste, Lisa, se perd et rencontre dans une échoppe un
homme qui ressemble étrangement au personnage qu'elle a pu voir
quelques instants plus tôt sur une fresque médiévale
représentant le Diable. Inquiétée par cette rencontre,
Lisa retourne sur la grande place et pousse un cri avant de s'effondrer,
agitée de violentes convulsions. Un prêtre s'approche et
l'observe, tandis que les témoins de la scène appellent
les secours. Elle est mise sous sédatif et transportée
à l'hôpital, non sans avoir proféré des injures
blasphématoires à l'encontre du prêtre qui a pris
place dans l'ambulance.
Comme on pourra le constater à la vision de LA MAISON DE L'EXORCISME, il s'agit d'un film sans queue ni tête. Cette expression n'a d'ailleurs jamais mieux été employée que pour parler de ce film-là, sorte de film bicéphale dont il ne reste qu'une trame de quelques quarante minutes de l'oeuvre originale de Mario Bava qui s'intitulait LISA ET LE DIABLE.
Lisa et le Diable
Petit rappel des faits, puisque l'intérêt de LA MAISON DE L'EXORCISME réside essentiellement dans son historique incroyable. Alfredo Leone, un producteur peu scrupuleux comme nous allons le voir, commande un film à Mario Bava. Ce dernier, après avoir réalisé un certain nombre de films majeurs, à commencer par son premier long métrage officiel LE MASQUE DU DEMON, s'engage dans la réalisation de LISA ET LE DIABLE. Ce film reprend les thèmes qui lui sont chers, à savoir un voyage aux frontières du rêve et la réalité empreint d'une ambiance macabre. LISA ET LE DIABLE était donc une oeuvre signée, puisque outre une utilisation des couleurs très personnelle qui identifie immédiatement un film de Bava, ou plus tard de ses disciples, on peut aussi retrouver son intérêt pour tout ce qui a trait à l'onirisme et au morbide.
Lisa et le Diable
Malheureusement, le film ne plaît pas et aucun distributeur ne se risque à l'acheter. Le producteur se retrouve donc avec le film sur les bras. On est en 1972. Quelques mois plus tard, Friedkin sort L'EXORCISTE et fait un carton, ce qui donne des idées à Leone. Il demande à Bava de lui tourner des scènes d'exorcisme à intégrer à LISA ET LE DIABLE, afin de l'exploiter quand même, le propos étant, comme tout le monde l'aura compris, de surfer sur le succès de L'EXORCISTE. Cette pratique était courante dans le cinéma à cette époque, le cinéma bis en étant l'exacte définition, rappelez-vous dans le même ordre d'idée de L'ANTECHRIST.
Dernière
minute : Nous êtions passé à côté d'un
bonus caché. En effet, Laurent Maupas de Films Sans Frontières
nous a appris que la bande-annonce du film était dissimulée
sur le disque.
Le résultat, quand on joue les apprentis sorciers, est ce film impénétrable dans le mauvais sens du terme, qui embarque le spectateur dans les méandres de l'imagination limitée de Alfredo Leone, qui entre parenthèses, signa ce film du nom de Mickey Lion. Mario Bava aurait été sollicité pour réaliser les scènes copiées sur L'EXORCISTE mais aurait finalement refusé de s'associer à cette entreprise. Pourtant, certaines rumeurs disent qu'il a effectivement tourné certaines scènes, mais qu'il a refusé que son nom figure au générique du film. C'est donc finalement le producteur qui tourne les séquences additionnelles. Parfois avec une certaine recherche dans les transitions expliquant les fameuses rumeurs sus-citées. Alfredo Leone est en fait un commerçant peu scrupuleux qui n'hésite pas à sacrifier l'oeuvre de Bava sur l'autel du profit et de la rentabilité. D'un autre côté, ayant acquis les droits d'un grand nombre des oeuvres de Bava, il permet à présent une large distribution des films du réalisateur. Ce qui explique que l'on trouve un copyright "The Alfredo Leone Trust" sur les trois Bava qui sortent chez Films Sans Frontières, alors qu'il n'avait aucun lien à l'origine avec certains de ces films.