16. Interview Jonathan Zarantonello

Jonathan Zarantonello avait fait le déplacement à Paris, spécialement pour présenter son film, THE BUTTERFLY ROOM, aux festivaliers du PIFFF. Malheureusement, le cinéaste italien est reparti assez vite nous obligeant à l'interviewer par email. Et, là, ça se gâte, car il n'est jamais vraiment aisé d'interroger quelqu'un par ce biais, il n'y a pas la possibilité de relancer la conversation, de demander des précisions et donc de creuser, voire de laisser la discussion nous emmener vers des sujets inattendus. Du coup, cette interview se montre donc assez basique et ne permet d'entrevoir qu'un peu le cinéaste et ses points de vue…

De quelle manière avez-vous été amené à travailler dans l'industrie du cinéma ?

C'est ce que j'ai toujours voulu faire depuis que je suis enfant. J'ai tourné mon dernier court-métrage lors de mes études avec une compagnie de production à Rome. Et à partir de là, j'ai commencé à travailler sur des scénarios et des tournages.

THE BUTTERFLY ROOM est très différent de votre film précédent. Dans un sens, il paraît bien moins osé. De fait, on peut être amené à se demander si UNCUT vous a posé des problèmes dans votre carrière surtout que la nudité masculine reste encore aujourd'hui assez tabou pour un large public.

Et bien, il aurait été impossible de faire quelque chose d'encore plus osé, n'est-ce pas ? J'ai écrit THE BUTTERFLY ROOM avant de tourner UNCUT. Le thème de la relation entre une mère et sa fille est quelque chose qui m'a toujours paru important et je voulais traiter ce sujet sur le ton d'un conte assez sombre.

Il y a pas mal de personnalités dans THE BUTTERFLY ROOM, essentiellement connues dans le domaine de l'horreur et de la science-fiction, tel que Joe Dante, Camille Keaton, P.J. Soles ou encore Heather Langenkamp. C'était votre intention dès le départ ou cela s'est produit sans vraiment y penser ?

J'aurais souhaité que cela arrive ainsi. J'ai toujours eu envie de tourner un film avec des acteurs qui étaient dans les œuvres dont je suis tombé amoureux lorsque j'étais enfant. Travailler avec ces personnes fut donc un incroyable privilège.

C'est assez commun de nos jours d'employer des brochettes de comédiens reconnus, parfois oubliés, dans un film comme le font Quentin Tarantino ou Rob Zombie. De quelle manière vous expliquez cette mode ?

C'est parce que la plupart des plus grands films d'horreur ont été fait durant les années 70 et les années 80. Donc les réalisateurs qui étaient enfants ou adolescents à ce moment là ont l'envie de ramener ces comédiens sur les écrans.

Cela mène directement à vos différentes inspirations car si THE BUTTERFLY ROOM a sa propre personnalité, on peut y déceler diverses influences comme lorsque Barbara Steele fait un trou dans la porte ou bien cette façon d'utiliser du hard rock sur les poursuites. Pouvez-vous nous parler des personnes et des films qui vous ont influencé dans votre travail ?

Je ne sais pas. Les influences sont quelque chose qui fonctionne au niveau de l'inconscient. Par contre, je peux vous faire une liste des films qui ont marqué ma vie de manière chronologique :

1. NERO
2. LEON
3. FULL METAL JACKET
4. HOSTEL
5. MARTYRS
6. IL DIVO
7. THE SOCIAL NETWORK

Mais aussi les Fantozzi (ndlr : série de films mettant en scène un personnage créé et interprété par Paolo Villaggio) ainsi que MASSACRE A LA TRONCONNEUSE.

Barbara Steele est connue pour être l'une des plus belles actrices du cinéma d'épouvante, particulièrement en Italie avec les films de Mario Bava ou Riccardo Freda. Ce n'est pas la première fois qu'une très belle comédienne revient sur les écrans, de nombreuses années plus tard, sous les traits d'une personne terrifiante. Ce fut le cas par exemple de Bette Davis. Mais il y a beaucoup d'actrices qui préfère ne plus apparaître en raison de l'âge. Est-ce que vous avez été amené à parler de cet aspect avec Barbara Steele ?

Il n'y a pas eu de problème avec Barbara. Elle avait déjà joué des sorcières, des vampires, des spectres et d'autres sortes de créatures terrifiantes…

En voyant THE BUTTERFLY ROOM, certaines scènes m'ont rappelé un film avec Shelley Winters, QUI A TUE TANTE ROO ?. Vous connaissez ce film ?

Je l'ai peut être vu il y a très très très longtemps. Mais ce n'est certainement pas une influence dont je suis conscient.

J'ai aussi pensé à BAISER MACABRE, un film de Lamberto Bava. Le thème est différent mais d'une certaine façon cela rejoint THE BUTTERFLY ROOM dans le genre d'un amour fou…

Oui, on peut dire cela. Après tout, Eros et Thanatos sont les sujets les plus intéressants qui ont été traité depuis l'antiquité.

La pièce avec les papillons a une interprétation sexuelle. A plusieurs reprises, le personnage interprété par Barbara Steele dit qu'aucun homme n'est jamais entré à cet endroit. C'est donc une métaphore et il apparaît logique d'y conserver un enfant ?

Oui, c'est exactement mon concept. C'est une métaphore assez distordue de la sexualité. C'est renforcé par le meuble avec le trou. Les papillons, eux même, peuvent être vus comme une représentation des organes féminins de reproduction.

C'est intéressant de voir que dans votre film, les enfants ne sont pas si innocents. Il y a déjà eu des enfants meurtriers au cinéma mais dans votre film il y a un enfant qui noue des relations extrêmement perverses avec les adultes. Rien à voir avec un tueur mais cela s'avère peut être encore plus perturbant d'opposer l'immoralité de cet enfant à une femme prônant une extrême moralité. Cela soulève pas mal de question et du coup, on peut être amené à vous demander ce que vous pensez de la moralité.

Je pense que c'est un outil assez intéressant pour développer des personnages dans un film. Je voulais faire le portrait d'un tueur, le personnage de Barbara Steele. Mais je voulais y introduire une personne qui serait encore plus maléfique qu'elle, de manière à ce que Barbara devienne aussi une victime.

Le personnage interprété par Barabara Steele est terrifiant mais dans le même temps c'est aussi une personne abandonnée par tout, ce qui lui donne un aspect triste. Est-ce que c'était voulu pour rendre tout cela plus subtil ?

Définitivement plus subtil ! Comme j'aime à le dire, c'est un personnage maléfique mais c'est aussi une victime. Barbara, merci à sa beauté et à son élégance, permet justement de gagner la sympathie du public.

Est-ce que vous pensez que pour devenir un adulte accompli, on doit tuer ses parents d'un point de vue métaphorique comme certains le disent ? Est-ce que c'est le thème principal de votre film ?

Je ne dirais pas que c'est le thème principal. Mais c'est clairement le thème final avec la décision, morale ou immorale de l'un des personnages. Mais, en plus de cela, on pourrait dire qu'il faut faire attention car si vous tuer vos parents pour devenir un adulte, vous risquez peut être de devenir comme eux à l'arrivée !

THE BUTTERFLY ROOM adopte un ton proche des films des années 70 et 80. Mais il y a un effet qui ne semble pas vraiment à sa place, c'est le retour arrière comme sur un magnétoscope. Est-ce que vous pensez que c'était nécessaire pour donner un indice sur le fait que tout ne se déroule pas dans une même unité de temps ?

Oh, je vois ce que vous voulez dire mais allez… C'est juste un effet de rembobinage, sans correction des couleurs, sans effets étranges. Après tout, les magnétoscopes VHS et Betamax étaient déjà présent au début des années 80… C'est juste un petit effet de style, est-ce que vous me le pardonnerez ?

Des années 50 aux années 80, en gros, l'Italie avait une industrie cinématographique florissante qui a périclité avec le développement de la vidéo et de la télévision. En tant que cinéaste italien, comment percevez-vous l'industrie cinématographique en Italie de nos jours ?

Nous n'avons plus de producteurs. C'est ce qui manque le plus par rapport aux années que vous évoquez. Quelqu'un qui tombe amoureux d'une idée, qui suit un projet de sa naissance jusqu'à son accomplissement, avec passion, en s'impliquant et en prenant des risques.

Vous travaillez déjà sur d'autres projets ?

Je suis en train de finir de travailler sur une série de 100 courts-métrages parodiques, liés les uns aux autres. Cela va s'appeler SPOOF. C'est de la comédie slapstick et un mélange d'animation, d'images de synthèse et de prises de vue réelle.

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Dossier réalisé par
Emmanuel Denis, Xavier Desbarats, Christophe Lemonnier & Salomé Costa
Remerciements
Blanche Aurore Duault, Nathalie Iund, Roxane de Quirini, Cyril Despontin ainsi qu'aux organisateurs et à tous les bénévoles du festival