7. Courts métrages : Compétition
Six courts-métrages étaient en compétition
et il faut bien reconnaître que le niveau général n'avait
rien de très enthousiasmant. Les courts-métrages sont le cinéma
de demain, c'est que l'on nous a dit, et il y a donc de quoi être inquiet.
L'exercice du court-métrage fût, en tout cas, appréhendé
de manière très différente par chacun des auteurs. Entre
ceux qui donnent plus l'impression de nous montrer une démo technique
et les inévitables hommages référentiels, une véritable
perle se cachait bel et bien au milieu de cette demi-douzaine de métrage.
On commence par le plus mauvais qui fut PERSONA NON GRATA de Jean-Baptiste Herment. Véritable hommage à Bava, Lamberto pas Mario, ce court accumule consciencieusement les clichés du thriller horrifique en calquant sans talent ce qui a déjà été fait par le passé. Marchant à l'évidence sur les traces du giallo, la plupart des séquences tombent à plat et ce même lorsque l'auteur reprend carrément l'un des plans du TENEBRES de Dario Argento. Pourtant court, le métrage réussit à s'étirer en longueur et à transformer son suspense en un spectacle bien mou. A éviter !
Quitte à évacuer tout de suite les courts qui ennuient, évoquons REDRUM de Florent Schmidt. Un petit film qui n'a curieusement pas vraiment de liens avec le Cinéma Fantastique. Il sera toutefois possible de le rattacher au genre en évoquant soit l'aspect étrange de la situation (l'un de ses personnages semble apprécier l'ingestion d'ustensiles métalliques), soit la violence dont fait preuve le final. Le véritable souci, ce n'est pas tant que cette pelloche en 35mm se soit égarée à Gérardmer mais plutôt que ce métrage ne fait aucunement illusion avec son intrigue qui ne mène nulle part. Trois personnages qui s'entretuent dans un appartement et le seul élément qui aurait pu avoir un intérêt (la présence de deux jeunes femmes épiant un homme en train de dormir) n'est pas développé. Carrément bête puisqu'il y avait sûrement là de quoi hisser la poignée de minutes vers d'autres horizons. Pas de poésie, pas vraiment d'imagination, il faudra se contenter de quelques morts dans un appartement cosy. A noter que l'une des deux actrices faisait partie du Jury, cette année, dans la catégorie des longs-métrages.
Il n'a rien à dire non plus mais, au moins,
il le fait avec une grande classe. NEXT FLOOR de Denis Villeneuve expose
son concept et le fait tourner durant un peu plus de dix minutes. Belle mise
en image, direction artistique soignée, ce court impose une ambiance
face à une situation assez surréaliste virant à l'absurde
dans son développement. Ainsi, une tablée de convives s'empiffre
sans discontinuer augmentant leur poids qui finit par les entraîner à
l'étage suivant. Evidemment, il est impossible de ne pas penser, en bien
moins trash, au SENS DE LA VIE et aux cinéastes exposant
des univers visuellement forts (Marc
Caro, Jean-Pierre
Jeunet ou encore le Neil
Jordan de LA COMPAGNIE DES LOUPS). Ce petit film
a donc de bien belles qualités et mérite largement le coup d'il.
A l'instar de NEXT FLOOR, le DIX de Bif fait plus penser à un démo de savoir faire technique qu'à un métrage disposant d'une ligne narrative élaborée. Paré d'effets numériques très réussis et affichant des images relativement gores, la vision de DIX est un plaisir immédiat. Plutôt concis, l'idée de base, amusante, permet de se lâcher dans le violent découpage géométrique de son personnage principal. Une idée déjà vue avec des hommes découpés en petit carrés dans CUBE ou, un peu plus tard, dans RESIDENT EVIL. Ramassé sur moins de dix minutes, la chose fait mouche mais, avec le recul, il faut être réaliste DIX donne l'impression de voir un court d'Imagina. Quoiqu'il en soit, il a remporté le Prix convoité !
Immédiat, c'est aussi ce qu'inspire PARIS
BY NIGHT OF THE LIVING DEAD de Grégory Morin. Un court qui fait le
grand écart entre l'univers de PERSONA NON GRATA et celui de DIX.
A savoir un métrage résolument tourné vers le cinéma
Bis et dans lequel tout est mis en uvre pour nous montrer ce dont l'équipe
est capable. L'histoire est assez simpliste puisque l'on suit un couple de jeunes
mariés (la jolie Karina
Testa et le plutôt sympathique David
Saracino, tout deux échappés de FRONTIERES)
face à une invasion de morts-vivants. Sur ce canevas, le métrage
accumule à tire larigot les gags, fusillades et effets gores dans le
même esprit qu'un BAD TASTE ou un PLAGA
ZOMBIE. Dire que PARIS BY NIGHT OF THE LIVING DEAD fonctionne parfaitement
serait mentir. Le métrage est bien loin d'être une réussite
mais force est de reconnaître que l'on peut difficilement le détester
voire le trouver mauvais.
Finalement, dans ce monde de brutes, voilà que déboule
en plein milieu de la mêlée TONY ZOREIL de Valentin Potier.
Pas d'horreur ! Pas de gore ! Pas d'esbroufe ! TONY ZOREIL, c'est vraiment
cinéma. Pourtant, le métrage n'évite pas, lui aussi, de
sortir une référence (LE LAUREAT de Mike
Nichols) mais il n'en fait pas son sujet et ne s'appesantit pas dessus,
bien au contraire. Le film de Valentin Potier est une belle fable qui parle
d'intolérance. Il se permet même d'éviter le discours manichéen
lors de son épilogue. Il ne prend pas non plus les spectateurs pour des
demeurés en laissant ouverte la fin qui sera laissé à l'appréciation
de ceux qui verront le film. Au milieu, l'auteur raconte une véritable
histoire, fait passer un message, et il emballe le tout avec quelques excellentes
idées sonores et visuelles. Un véritable boulot cinématographique
qui laisse carrément derrière les cinq autres films présentés
dans cette sélection 2009. Et c'est d'ailleurs fort surprenant que TONY
ZOREIL se soit fait coiffer au poteau par un métrage qui ne regroupe
pas autant de qualité cinématographique.