Header Critique : A NIGHTMARE ON ELM STREET (LES GRIFFES DE LA NUIT)

Critique du film et du DVD Zone 1
A NIGHTMARE ON ELM STREET 1984

LES GRIFFES DE LA NUIT 

Des adolescents se rendent compte qu'ils font tous le même cauchemar à longueur de nuit : ils sont poursuivis par un terrifiant personnage à la peau brûlée armé d'un gant arborant des lames de couteaux en extension des doigts. L'anecdote prend une terrible tournure lorsque l'une des filles du groupe se retrouve éventrée dans la réalité alors qu'elle était attaquée dans son rêve par cette créature. Persuadé que le croquemitaine viendra les tuer à leur tour dans leurs songes, le reste du groupe va tenter de conjurer le sort tout en restant éveillé. Mais pour combien de temps ?

Wes Craven, le réalisateur et scénariste du film, n'était pas parti pour devenir l'un des cinéastes les plus populaires du fantastique. Diplômé de lettres et de philosophie, il enseigne tout d'abord la littérature avant de croiser le chemin de Sean Cunningam (futur réalisateur et producteur de VENDREDI 13) afin d'embrasser une carrière dans le cinéma. Après un petit détour vers le film canaillou (avec TOGETHER, mystérieusement absent de sa filmographie officielle), Wes Craven se lance avec Sean Cunningam dans le film d'horreur (à cette époque, c'est le genre qui promet le plus gros retour sur investissement). Avec LAST HOUSE ON THE LEFT et THE HILLS HAVE EYES, Wes Craven lâche deux bombes ultra violentes à la face du monde, le faisant ainsi entrer dans le cercle fermé des réalisateurs spécialisés dans le fantastique.

En 1984, Wes Craven peine à sortir de la médiocrité de ses derniers opus (SWAMP THING, le téléfilm INVITATION TO HELL qui fit les beaux jours des lundis de Sangria sur feu La Cinq). C'est alors qu'il tombe sur un fait divers très intrigant : un adolescent refuse de s'endormir prétextant que ses cauchemars risquent de le tuer. Ses parents, ne prenant pas son abracadabrante histoire au sérieux, le somment de se coucher. Mais au petit matin, on retrouva le jeune homme effectivement mort. L'imagination de Wes Craven fait alors trois tours à la lecture de cet étrange récit : mais a quoi cet ado a-t-il bien pu rêver ? L'inspiration retrouvée, le cinéaste s'attèle immédiatement à la rédaction du script de NIGHTMARE ON ELM STREET, et créé sans le savoir alors le personnage qui restera comme l'un des plus célèbres du fantastique : Freddy Krueger.

NIGHTMARE ON ELM STREET (LES GRIFFES DE LA NUIT chez nous) est donc une totale réussite et justifie parfaitement son statut d'incontournable du genre. Le film est particulièrement brillant dans sa mécanique de la peur et dans son habileté à mettre en scène de manière frontale les angoisses que nous cristallisons tous autour de figures oniriques communes. Wes Craven est ici l'homme de la situation puisqu'il avoue facilement utiliser ses songes comme vecteurs d'inspiration cinématographique. NIGHTMARE ON ELM STREET regorge ainsi de cauchemars qui nous sont très proches (l'impression d'être poursuivi sans relâche, de se noyer, d'avoir les pieds collés au sol et de ne pouvoir fuir, d'être entouré par des serpents). L'idée de génie étant d'associer ces textures d'angoisses inconscientes autour d'un véritable film d'horreur au sujet ambigu (la vengeance posthume d'un tueur d'enfants victime d'un lynchage populaire).

Lorsque l'on a proposé le rôle de Freddy Krueger au comédien Robert Englund, ce dernier n'a pas forcément dû sauter au plafond de joie. Jusqu'alors abandonné aux rôles de 47e plan, Robert Englund trouvait ici un rôle important sans pour autant profiter d'un grand temps de présence à l'écran (qui plus est dans l'ombre). Mais c'est aussi pour cette raison que Freddy Krueger nous apparaît si terrifiant dans ce film (a contrario des futures suites). Dans NIGHTMARE ON ELM STREET, ce n'est pas de prime abord le personnage de grand brûlé qui effraie, mais son terrible gant, que Wes Craven filme sans relâche avec un fétichisme volontairement complaisant (les gros plans de la scène de pré-générique sur fond de râle pervers et satisfait). Freddy, le personnage, est quant à lui réduit à une incarnation malsaine de l'individu : dans son esprit (blasphèmes, allusions sexuelles), mais aussi dans sa chair (automutilations, vermine mélangée à ses entrailles). Il n'en faut pas forcément plus pour mettre sur pied une figure authentiquement terrifiante, d'autant que Wes Craven recourt à des astuces très efficaces visant à nous mettre sans cesse mal à l'aise (gros travail sur les ambiances sonores, le bruitage des lames frottant contre le métal, absence totale d'humour).

Revoir le film aujourd'hui ne remet donc pas en cause la place du film dans le genre. Même si le personnage de Freddy s'est depuis perdu dans les méandres de la culture pop, cette incarnation originale fait toujours froid dans le dos. Le film fonctionne toujours aussi bien, d'une part parce que les cauchemars de tout à chacun sont resté les mêmes, d'autre part parce que l'univers crée par Wes Craven dans ce film reste toujours aussi pertinent (séparation du couple, alcoolisme du parent, culpabilité autour de la justice populaire). Les effets spéciaux n'ont pas tellement vieilli, tout simplement parce que les images qu'ils servent ont un impact toujours aussi fort (fille éventrée traînée au plafond, geyser de sang explosant du lit, apparition fantomatique au travers des murs). Quant au score synthétique de Charles Bernstein, il possède suffisamment de bonnes idées pour que l'on oublie de se moquer de son rendu sonore quelque fois un peu passé.

Le seul petit problème du film viendrait finalement de la représentation du quotidien de son époque. Car si la peinture que fait le film des adolescents des années 80 reste très regardable, il faut quand même avouer que l'ensemble paraît de nos jours bien obsolète. Les modes et les coupes de cheveux mis à part, c'est plus la représentation de l'adolescent qui fait par moments un peu sourire car soumis à des clichés largement dépassés (ambiance très pavillon de banlieue, le pseudo voyou en blouson noir). Qu'importe, le jeu des jeunes acteurs, très honorable, fait passer la pilule (avec un Johnny Depp tout imberbe dans sa première apparition à l'écran). Dans le rôle principal, la jeune Heather Langenkamp nous livre une performance de jeune fille banale mais déterminée, à mille lieues du cliché alors en vogue de la midinette super carrossée avec le QI d'un cheval de bois (voir les nanars de l'époque). De quoi lui pardonner les quelques excès un peu trop hystériques de son personnage.

L'édition zone 1 de NIGHTMARE ON ELM STREET est de bonne facture. L'image a été si bien restaurée qu'il ne reste absolument aucun défaut de pellicule et la définition est excellente pour un film de cette époque. Seul souci, le bord gauche de l'image souffre d'un problème colorimétrique lui conférant une teinte bleutée lors des scènes nocturnes. Dommage, bien que parfaitement supportable. Côté audio, il y en aura pour tout le monde. Le film offre un remix en 5.1 plutôt malin puisqu'il bombarde vos arrières quasi exclusivement lors des scènes oniriques, donnant de ce fait un relief supplémentaire à ces scènes déjà chocs. Pour les puristes que ce genre de bidouillage laisse de marbre, la piste mono d'origine est également là pour leur éviter de crier au scandale.

Niveau bonus, quelques broutilles vous amuseront le temps d'une poignée de minutes (un chapitrage des rêves du film, la bande-annonce, des bios et filmos des principaux intervenants). L'intérêt limité de ces dernières ne devant pas vous écarter du point d'orgue de la section, à savoir un commentaire audio de Wes Craven, Heather Langenkamp, John Saxon (jouant le père de Nancy) et le directeur de la photo Jacques Haitkin. Tout ce petit monde attablé autour du micro aurait pu faire craindre à la cacophonie. Il n'en est rien, bien au contraire. Le rythme de parole est plutôt lâche, Heather Langenkamp étant bien la seule à relancer régulièrement le débat autour d'un souvenir de tournage. Bien que John Saxon se soit visiblement très vite endormi dans un coin, les anecdotes nous sont livrées malgré tout. Wes Craven revient abondamment sur le fait divers lui ayant inspiré le film, on apprend que le comédien jouant un médecin dans le film doublera plus tard Roger Rabitt, le cinéaste fait un détour amusé sur sa course aux clins d'œil avec Sam Raimi… Un commentaire intéressant, si l'on excepte son manque évident de rythme. Enfin, pour ceux qui ont la chance d'avoir un lecteur DVD-Rom sur PC, le script complet du film se trouve sur le disque.

Classique eighties du film d'horreur qui fait peur, NIGHTMARE ON ELM STREET reste toujours un excellent film même s'il ne rivalise pas non plus avec les indémodables chefs-d'œuvre du genre (L'EXORCISTE ou encore HALLOWEEN pour citer ceux qui viennent immédiatement à l'esprit). Le film reste malgré tout un indispensable du genre, et bien entendu le meilleur opus de la longue série de métrages qu'il engendra grâce à l'aura de son croquemitaine vicelard. L'édition zone 1 du titre ayant tout de l'édition définitive, il n'y a pas à hésiter.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
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Un classique qui a tout balayé sur son passage
Ca fait toujours peur
On n'aime pas
La représentation des adolescents a un peu vieilli
Image pas tout à fait impeccable
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L'édition vidéo
A NIGHTMARE ON ELM STREET DVD Zone 1 (USA)
Editeur
New Line
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Commentaire audio de Wes Craven, Heather Langenkamp, John Saxon et Jacques Haitkin
    • Bande-annonce
      • Filmographies
      • Wes Craven
      • Heather Langenkamp
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