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Critique du film
MIMIC 1997

 

Le réalisateur mexicain Guillermo del Toro commence par réaliser dans son pays l'intéressant film de vampires CRONOS, de 1993, remarqué par la critique et dans les festivals. Le studio hollywoodien Dimension, filiale de Walt Disney dirigée par Bob Weinstein et spécialisée dans le cinéma populaire, lui propose de travailler pour eux. Il choisit d'adapter la nouvelle «Mimic» de Donald A. Wollheim. Autour de ce projet s'agrègent des personnalités du cinéma fantastique d'alors, comme le compositeur Marco Beltrami (SCREAM), la directrice artistique Carol Spier (fidèle collaboratrice de David Cronenberg), Rob Bottin (concepteur des créatures de THE THING) ou le monteur et futur réalisateur Patrick Lussier.

Le rôle principal est tenu par Mira Sorvino, remarquée pour son rôle de prostituée sans complexe dans MAUDITE APHRODITE de Woody Allen, sorti peu avant. Elle est entourée d'acteurs fameux comme Josh Brolin (LES GOONIES), F. Murray Abraham (AMADEUS, LE NOM DE LA ROSE) ou Giancarlo Giannini (LA TARENTULE AU VENTRE NOIR).

A New York, le docteur Susan Tyler enraie le développement d'une maladie transmise par les cafards en modifiant ces derniers génétiquement. Trois ans plus tard, des spécimens de cafards géants apparaissent dans les égouts de la ville...

MIMIC mêle donc horreur et science-fiction. Il arrive dans la foulée du succès de JURASSIC PARK et de ses dinosaures fruits d'expérimentations génétiques et restitués en images numériques. Rien qu'en 1997, arrivent dans ce style, entre autres, RELIC de Peter Hyams ou LE MONDE PERDU : JURASSIC PARK (première suite de JURASSIC PARK à nouveau signée Steven Spielberg). Se profile aussi le premier GODZILLA américain, que va réaliser Roland Emmerich l'année suivante.

Dès le départ, MIMIC nous plonge dans l'atmosphère glauque d'une grande ville pluvieuse et gothique, comme nous en avons beaucoup vues dans les années quatre-vingt-dix. Avec le BATMAN de Tim Burton, THE CROW ou SEVEN par exemple. Les murs suintent, la pluie ne s'arrête jamais, les planches de bois sont pourries, les robinets sont rouillés, les couleurs sont monotones et les contrastes sont tranchés.

L'intrigue aussi est classique. Des insectes subissent des mutations suite à des manipulations scientifiques et deviennent de dangereux mutants. Nous nous croyons retournés à la science-fiction des années cinquante quand, après des expériences nucléaires, des fourmis, des araignées, des mantes religieuses, des lézards ou des poulpes devenaient gigantesques et agressifs. Enfin, l'intrigue et les rebondissements rappellent fortement THE THING de John Carpenter ou la série des ALIEN. Tout cela manque d'originalité.

Certes, en matière de cinéma d'épouvante, un film dénué d'innovation mais réalisé efficacement peut être consommable. Hélas, ici, le récit met une bonne heure à se mettre en place. Les effets spéciaux sont décevants, comme ces insectes volants en images de synthèse très moyennes ou ces incrustations granuleuses. Les acteurs sont franchement médiocres (le pétage de plomb du flic dans le wagon assiégé). N'oublions pas un final truffé de rebondissements aussi invraisemblables que prévisibles.

Néanmoins, MIMIC bénéficie de certaines scènes au suspense très efficace, comme la réparation du circuit électrique. Certains détails de l'invasion des insectes sont réussis, tel leur étonnant camouflage. Ce dernier rappelle celui des Mi-gos, extraterrestres insectoïdes décrits par Lovecraft dans sa nouvelle classique «Celui qui chuchotait dans les ténèbres». De plus, les décors, l'ambiance et la réalisation sont soignés.

MIMIC s'avère un produit sans surprise qui aurait gagné à être plus efficace et plus original. Les amateurs de grandes villes gothiques, d'ambiances à la SEVEN et d'insectes géants en apprécieront néanmoins certains détails.

MIMIC connaîtra un honnête succès en son temps. Mais la production et le tournage de MIMIC ont été notoirement conflictuels entre Bob Weinstein et Guillermo del Toro. Ce dernier gardera un souvenir amer de cette première expérience hollywoodienne. Il envisage d'autres projets aux États-Unis, mais finalement son film suivant sortira quatre ans plus tard : L'ÉCHINE DU DIABLE, tourné en Espagne et produit par Pedro Almodovar, qui sera une de ses plus belles réussites et s'inscrira dans la vague alors fertile des Ghost Story comme SIXIÈME SENS de M. Night Shyamalan ou LES AUTRES d'Alejandro Amenábar.

Au début des années 2000, Dimension tournera de nombreuses suites de films dont ils détiennent les droits. Ce seront autant de métrages au rabais destinés surtout au marché de la vidéo et du DVD. Dimension multipliera donc les volets point trop attendus pour des sagas alors à l'agonie, comme HELLRAISER ou CHILDREN OF THE CORN. Nous aurons droit dans cette foulée à MIMIC 2 : LE RETOUR ! puis à MIMIC 3 : SENTINEL.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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