1. Voyage au bout de la folie
Les spectateurs le trouvaient génial et inquiétant. Les réalisateurs, quant à eux, ont le souvenir d'un homme tyrannique, capable d'interrompre un tournage pour un bouton de manchette décousu. Excessif dans ses interprétations comme dans ses comportements, Kinski ne pouvait laisser indifférent. Il donnait l'impression d'être à part, presque sauvage. Étranger à toute idée de carrière, il a enchaîné les films comme ils venaient, laissant ici et là quelques moments de grâce.
Né Nikolaus Günther Nakszynski à Zappot (Pologne) le 18 octobre 1926, d'un père chanteur d'opéra, le jeune Kinski vit dans la misère la plus totale. A dix-huit ans, il est enrôlé de force dans l'armée allemande et fait prisonnier par les Britanniques. C'est pendant sa détention, en jouant pour ses camarades, qu'il se découvre une vocation d'acteur. Après la guerre, il se fait remarquer au théâtre dans deux pièces de Jean Cocteau, puis tourne son premier film en 1948, MORITURI d'Eugen York, où il n'a qu'un tout petit rôle. Il voyage ensuite quelques années en Europe, dans l'espoir de construire un bateau. Sans le sou, il est finalement obligé de revenir en Allemagne.