5. Documentaires
VIANDE D'ORIGINE FRANCAISE, de Tristan Schulmann et Xavier Sayanoff, axe donc son propos sur la vague de films d'horreur produits dernièrement en France. Les deux cinéastes ont choisi d'aborder leur sujet en donnant la parole à pas mal de réalisateurs français de manière à ce qu'ils partagent leurs expériences dans ce domaine. Et c'est peut être là, étrangement, où le documentaire s'égare un peu en insistant parfois sur des propos un peu véhéments sans leur donner un contrepoint de même niveau. En ce sens, si la plupart semblent se lamenter sur les difficultés à monter des projets de qualité, on note par exemple un discours assez dissonant et rapidement noyé dans la masse. Ainsi, Eric Valette adopte un ton bien différent de ses collègues en exprimant le fait que si certains succès cinématographiques étrangers, dans le domaine de l'épouvante, avaient été réalisés par des Français, ils auraient rencontré leur public. Plus amusant, pas mal d'intervenants se plaignent des conditions de travail aux Etats-Unis avant que l'on ne découvre un Alexandre Aja, sourire aux lèvres et en short, sur le tournage de PIRANHA 3D. Il est certain que ce remake en relief n'a probablement pas le même niveau d'ambition que certains semblent vouloir atteindre mais le contraste du propos et des images s'avère assez amusant. Plus gênant, certaines informations un peu erronées lâchées par des cinéastes français n'ont pas été gommées du documentaire ce qui paraît franchement étonnant. De même que l'on sera surpris de voir que l'histoire du cinéma fantastique français se voit simplifiée avec une énorme impasse entre les années 50 et nos jours. Le documentaire fait donc preuve d'une certaine amnésie concernant les Jean Rollin, Raphaël Delpard et autres cinéastes ayant produit du cinéma d'horreur durant ce laps de temps. Le souci, c'est que pris de manière brute, le message que véhiculera VIANDE D'ORIGINE FRANCAISE sera donc un peu faussé à plusieurs niveaux. Néanmoins, ce documentaire d'un peu moins d'une heure a tout de même des qualités. Ainsi, il décortique assez bien le parcours de financement des films de nos jours. De plus, il faut bien reconnaître que l'emballage de VIANDE D'ORIGINE FRANCAISE est plutôt attrayant. Enfin, le discours de certains réalisateurs (Pascal Laugier, Fabrice Du Welz ou encore Eric Valette) s'avère lucide et pertinent. Cela nous montre aussi une image assez ridicule de quelques-uns de nos cinéastes français tentant d'adopter une futile attitude rebelle qui leur donne plus l'image d'adolescents attardés que de réalisateurs en pleine possession de leurs moyens. Cerise sur le gâteau, ce documentaire ose faire quelques minutes sur l'un des papes du Z français, Richard J. Thomson à l'occasion du film qu'il prépare avec Jean-Marc Vincent à la réalisation, ça promet !
Plus scolaire et extrêmement sérieux, NIGHTMARES IN RED, WHITE AND BLUE : THE EVOLUTION OF THE AMERICAN HORROR FILM retrace l'histoire du cinéma horrifique américain sur un peu plus d'une heure et demie. Ce documentaire adopte donc une approche rigoureuse dans laquelle aucune erreur ne vient s'immiscer. Seul écueil, les spectateurs qui s'intéressent un tant soit peu au cinéma d'horreur n'y apprendront strictement rien ! Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un excellent moyen de se replonger dans l'évocation de nombreux chefs d'œuvre du genre ou bien d'oeuvrettes plus mémorables que vraiment incontournables. Une sorte de remise à niveau ou de rafraîchissement de la mémoire pour cinéphiles où l'on croisera des intervenants prestigieux tels que John Carpenter ou George Romero mais aussi d'autres plus inattendus à l'instar de Joe Dante, Tom McLoughlin ou Larry Cohen. Le métrage se laisse donc voir avec un grand plaisir et ce malgré son approche des plus rigides !