New York a peur. Un tueur maniaque, habillé comme un policier, assassine aveuglement des passants en pleine nuit. Les chefs de la police tentent d'étouffer l'affaire, mais l'inspecteur McCrae prend l'initiative de la révéler à la presse. Quand on retrouve le cadavre d'Ellen Forrest égorgée, son mari, l'agent Jack Forrest, est aussitôt soupçonné d'être le "maniac cop" qui terrorise la ville...
Le "réalisateur-producteur-scénariste" Larry Cohen (EPOUVANTE SUR NEW YORK...) soumet l'idée d'un film qui s'appellerait MANIAC COP à William Lustig, alors que les deux amis cherchaient une idée de titre pour une éventuelle suite de MANIAC. Sans avoir vraiment de script, les deux hommes contactent alors l'acteur Bruce Campbell (Ash dans EVIL DEAD...), qui accepte immédiatement de travailler avec eux sur ce projet. William Lustig commence à tourner des scènes lors du défilé de la Saint-Patrick à New York, tandis que Larry Cohen achève de rédiger le scénario. Les deux compères finissent par obtenir le soutien de la compagnie de production de James Glickenhaus (le réalisateur de EXTERMINATOR, LE DROIT DE TUER...), et le film se met en place, avec, comme on peut le voir, une vraie "Dream Team" de la petite production des années 1980. Viennent s'y ajouter le compositeur Jay Chattaway (VIGILANTE, MANIAC...), les acteurs Tom Atkins (FOG de Carpenter...) et Laurene Landon (HUNDRA...) ainsi que, dans le rôle du "maniac cop", Robert Z'Dar (repéré par William Lustig dans THE NIGHT STALKER de Max Kleven, sorti en France, seulement en vidéo, sous le titre LE CHASSEUR DE L'OMBRE). A leurs côtés, on trouve une pléiade de guest stars : Richard Roundtree (SHAFT, LES NUITS ROUGES DE HARLEM...), William Smith (NEW YORK NE REPOND PLUS...) et même Sam Raimi, le réalisateur d'EVIL DEAD.
Alors qu'elle rentre chez elle en pleine nuit, une barmaid est agressée par deux loubards, prêts à toutes les brutalités pour lui voler son sac à main. Le jeune femme parvient à leur échapper et se croit sauvée lorsqu'elle aperçoit la silhouette d'un policier... Mais celui-ci lui brise le cou sous les yeux de ses agresseurs désemparés ! Une série de crimes ignobles commence. Des citoyens innocents sont attaqués et tués en pleine nuit par un homme vêtu de l'uniforme de la police. Les autorités cherchent à étouffer l'affaire, mais l'inspecteur McCrae (Tom Atkins), révèle le pot aux roses à la presse. Une véritable psychose s'abat sur les new-yorkais, qui ne font plus confiance aux forces de l'ordre. On tient pourtant rapidement un suspect : l'agent Jack Forrest (Bruce Campbell), dont on a retrouvé la femme égorgée, dans le motel même où elle l'avait surpris au lit, quelques heures auparavant, avec sa maîtresse Theresa Mallory (Laurene Landon).
Forrest se dit victime d'une machination, mais personne ne le croit. Il va devoir découvrir lui-même le responsable de ces meurtres horribles afin de convaincre la justice de son innocence. Pour cela, il bénéficie du soutien de McCrae, qui soupçonne lui aussi que Forrest se soit fait piéger. Finalement, des indices les mènent sur la piste de Matt Cordell, un flic brutal, que ses méthodes expéditives ont mené en prison. Toutefois, quelque chose cloche : il serait mort en détention, poignardé par d'autres détenus...
Avec MANIAC COP, William Lustig dit avoir voulu réaliser une synthèse entre le film policier et le cinéma d'épouvante. La première partie du métrage se rapproche, par bien des aspects, d'autres films de terreur des années 1980. Un tueur sans visage, à la silhouette massive, assassine la nuit des personnes innocentes, avec cruauté et brutalité, voire même un peu d'humour noir. Pendant ce temps-là, l'enquête piétine... Les scènes de meurtre sont alors les plus importantes. Lustig les met en scène de façon graphique et cruelle, en les faisant toujours précéder par une petite poursuite, installant ainsi un peu de suspens. Quant au "maniac cop", imposant, impitoyable, indestructible et doué d'une force surhumaine, il semble s'inscrire dans la lignée de machines à tuer comme Jason ou de Michael Myers. Plus que son histoire propre, c'est sa silhouette massive, archétype du bon flic tiré à quatre épingles, qui, détournée sur un mode horrifique, impressionne le spectateur. Jouant ainsi à fond sur la "peur du gendarme", Lustig parvient à synthétiser la figure du psychokiller mystérieux des années 1980 et le thème de la violence urbaine, qu'il avait déjà exploité dans MANIAC et VIGILANTE.
Une fois les doutes sur l'identité du tueur dissipés, MANIAC COP prend rapidement la tournure d'un thriller bien de son époque. Les scènes de meurtre se font plus sèches, cédant la place à une haletante course-poursuite, au cours de laquelle on fait crisser les pneus des voitures de police et parler la poudre des fusils à pompe. Bénéficiant d'un scénario très habilement construit, même si il n'a rien de révolutionnaire, MANIAC COP propose alors un solide suspens et quelques scènes d'action bien tournées, en dépit d'un budget à l'évidence limité.
Ce film n'a pourtant pas l'impact des précédents films de Lustig. Ni la noirceur de MANIAC, ni l'efficacité de VIGILANTE n'y sont présents. La réalisation est globalement soignée donnant au film l'allure d'une petite production très correctement emballée. Mais il lui manque l'étincelle de virtuosité ou de folie macabre à laquelle on pouvait légitimement s'attendre au vu de son prestigieux générique.
MANIAC COP n'est pas un chef-d'oeuvre, c'est entendu. Mais son scénario et sa réalisation soignés en font un agréable divertissement horrifique, qui se regarde sans aucun ennui. Il aura en tout cas deux suites, logiquement nommées MANIAC COP 2 et MANIAC COP 3. Puis, il bénéficiera d'une sortie en Laserdisc NTSC chez Pioneer, avec, en bonus, des bandes-annonces, des scènes supplémentaires (tournées pour la télévision japonaise) et un commentaire audio réunissant William Lustig, Bruce Campbell, Jay Chattaway et Larry Cohen. La société américaine Elite sortira ce film en DVD, en proposant l'image dans son format 1.85 d'origine et reprenant les bonus du laserdisc. Considérée comme l'édition de référence pour ce titre, le DVD Elite est aujourd'hui épuisé.
MANIAC COP sort donc en France, dans une édition "collector", au sein d'un boîtier incluant aussi le DVD de MANIAC COP 2. L'image est proposée au format 1.33, dans un cadrage correspondant exactement à celui de la vidéo publiée chez UGC en 1988. Si on le compare à des captures du DVD Elite, on se rend compte que ce DVD français propose une version sans les caches du format panoramique 1.85. C'est-à-dire qu'on gagne des informations en haut et en bas de l'écran, mais qu'on ne respecte plus le cadrage souhaité par le réalisateur. Qui plus est, le DVD français semble aussi trahir une petite perte d'informations sur la gauche de l'écran.
Quoi qu'il en soit, l'image proposée est loin d'être impeccable. Ne proposant pas d'option 16/9, ce master souffre de pas mal de petites saletés, de couleurs baveuses (les lettres rouges du générique, par exemple) et de difficultés dans la compression des scènes nocturnes. Bref, le résultat final est juste passable. Signalons toutefois, après comparaison avec la VHS française d'époque, que la copie est bien complète, sans coupure.
La bande-son est disponible, au choix, en français ou en anglais, dans des nouveaux mixages 5.1 corrects (bien que mettant un peu les aigus en avant...). Rappelons que le film était sorti en "Ultra-stereo" à l'époque. Le choix de la piste sonore anglaise impose la présence de sous-titres français.
Cette édition propose, de plus, quelques bonus. On a ainsi les bandes-annonces de MANIAC COP (anglais non sous-titré) et MANIAC COP 2 (en français, datant apparemment de la sortie du film en cassette chez Delta Vidéo). Puis, on accède à une nouvelle interview de presque 30 minutes entre William Lustig et le journaliste français Marc Toullec (qui rédigea la critique du film dans "Mad Movies" à sa sortie en salles). Cette interview est vraiment intéressante, malgré quelques légers problèmes techniques (zoom vidéo s'emballant...).Enfin, on trouve des filmographies et des biographies très bien faites de William Lustig et Robert Z'Dar, ainsi que de bonnes bios de Richard Roundtree, William Smith et Laurene Landon. A noter que, pour cette dernière, ce n'est pas une photo d'elle qui illustre son article, mais celle d'un autre personnage féminin du film.
MANIAC COP reste donc, avec les ans, une sympathique petite production d'épouvante et d'action, fort typique de l'époque à laquelle elle a été réalisée. Cette édition est, elle aussi, plutôt intéressante, notamment pour ses bonus assez soignés. On regrette toute de même une qualité d'image assez passable. Dommage, aussi, que certains des bonus du laserdisc et du DVD Elite ne nous soient pas proposés.