Critique du film et du DVD Zone 3
ARMY OF DARKNESS : EVIL DEAD III 1993

Après un court résumé des épisodes précédents, nous retrouvons Ash (Bruce Campbell) là où la fin d'EVIL DEAD II l'avait laissé, c'est-à-dire au Moyen-Age. Avant même d'avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Ash est fait prisonnier, emmené au château du seigneur Arthur et jeté en pâture à un monstre planqué au fond d'un puits. Après avoir clarifié la situation à l'aide de sa tronçonneuse et de son fusil, Ash se voit dans l'obligation de partir en quête du Necronomicon, seul ouvrage à contenir la formule capable de le renvoyer à son époque. C'est en récupérant le livre après moult péripéties qu'il va réveiller l'armée des ténèbres.

Toujours réalisé par Sam Raimi (DARKMAN, SPIDER-MAN), ce troisième volet de la trilogie EVIL DEAD n'est pas un film d'horreur comme ses deux prédécesseurs. ARMY OF DARKNESS est un film d'aventures fantastique au scénario librement inspiré du roman "Un Yankee à la cour du Roi Arthur" de Mark Twain et rendant hommage aux travaux de Ray Harryhausen (JASON ET LES ARGONAUTES). Aux côtés de Bruce Campbell, nous retrouvons Embeth Davidtz (THE HOLE, 13 FANTOMES) dans son premier film américain.

L'absence de gore qui tâche et le ton plus léger de ce troisième épisode ont fait croire à certains que Sam Raimi avait vendu son âme aux grands studios Hollywoodiens, acceptant les pires concessions pour plaire au grand public. C'est au contraire tout à son honneur d'avoir joué la carte du renouvellement, rendant ainsi chaque film de sa trilogie unique. Mais plus les choses changent et plus elles restent les mêmes. Bruce Campbell s'en prend toujours autant plein la gueule et les références aux épisodes précédents sont légion. Tourné avant la démocratisation des images de synthèse, le film regorge d'effets spéciaux faisant tous appel aux bonnes vieilles méthodes traditionnelles : animation image par image, miniatures, rétro-projection, maquillages, animatronique. Ajoutez à cela plusieurs scènes d'extérieur filmées en studio et vous obtenez un look rétro qui fait merveille.

Suite à des projections-test négatives, Sam Raimi fut obligé de tourner une nouvelle fin plus heureuse et de sortir les ciseaux pour raccourcir son film. Le film n'est donc pas sorti en salles dans la version souhaitée par son réalisateur, mais également dans des montages différents selon les pays. Comme ce fut le cas pour LEGEND de Ridley Scott, les Américains n'ont pas eu le droit au même montage que les autres.

Une comparaison entre le montage international (88 minutes) que nous connaissons en France et le director's cut (96 minutes) révèle que seulement trois parties du film ont été modifiées : l'attaque des mini-Ashs dans le moulin, la bataille finale et la fin. La séquence avec les mini-Ashs a été remontée n'importe comment, l'absence de certains plans la rendant parfois incompréhensible surtout lorsque Ash est attaché tel Gulliver (ce qu'il faut deviner vu que tous les plans le montrant ont disparu). La version complète est plus fluide, tous les plans s'enchaînant logiquement. La version remontée ressemble plus à une suite de petites séquences collées bout à bout. La bataille finale a été remontée afin d'en raccourcir la durée mais aussi pour recentrer l'action sur Ash. En effet, dans le montage international, c'est Ash qui permet de remporter la victoire en tuant Evil Ash, ce qui a pour conséquence de mettre en fuite l'armée des morts. Dans le director's cut, c'est l'arrivée au dernier moment des troupes d'Henry qui permet de remporter la victoire sur l'armée des morts, Ash ne faisant que tuer son double au même moment. Pour faire fonctionner ce changement narratif, deux plans montrant des squelettes en fuite et la foule se réjouir, situés à l'origine après que le premier assaut de l'armée des morts ait été repoussé, ont été déplacés après la mort d'Evil Ash. L'arrivée des troupes d'Henry a été déplacée en plein milieu de la bataille et ne représente plus un enjeu majeur. Ash devient donc le sauveur, ce qui colle parfaitement avec la nouvelle fin bien stupide qui se contente de recycler la scène de la sorcière du début du film.

Le montage américain (81 minutes) comporte le même changement narratif lors de la bataille finale et la même fin que le montage international, mais est également beaucoup plus retravaillé, s'éloignant encore plus du montage original. L'objectif était visiblement d'améliorer le rythme du film, le moindre temps mort ayant disparu. Tout ce qui n'était pas essentiel à la compréhension de l'histoire et qui pouvait ralentir le film a été impitoyablement coupé. Des scènes entières sont donc passées à la trappe mais également de multiples plans tout le long du film. La seule scène plus longue par rapport au montage international est la scène du moulin qui est d'ailleurs un peu mieux montée. A noter d'autres petites modifications comme le changement de l'ordre des plans lors de la poursuite dans la forêt, l'utilisation d'une prise alternative lorsque Ash se débarrasse de son double d'un coup de fusil et la retouche en post-production de certains dialogues lors de la bataille finale.

Malgré une durée annoncée sur la jaquette de 93 minutes, c'est bel et bien le director's cut qui est présenté sur le DVD Zone 3 qui nous intéresse. Autant le dire tout de suite, ce DVD est une véritable bénédiction pour les fans du film. Ce n'est pourtant pas la première fois que le director's cut est proposé en DVD. L'éditeur américain Anchor Bay le fait depuis 1999 et ressort régulièrement le même disque dans des éditions dont seul le nom change (Official Bootleg Edition, Boomstick Edition). Mais il y avait de quoi être insatisfait car en essayant de recréer le director's cut à partir de plusieurs sources, l'éditeur a commis plusieurs erreurs :

Tous ces problèmes sont de l'histoire ancienne avec ce nouveau DVD édité par MGM. De plus, la qualité de l'image est bonne et constante, ce qui n'était pas le cas de l'assemblage de qualité médiocre produit par Anchor Bay. Cela permet enfin d'apprécier à sa juste valeur la véritable version du film. Tout serait parfait si le remix 5.1 de la piste audio ne provoquait pas par moments des distorsions de la musique et des effets sonores. Le problème n'est pas non plus très prononcé et ne gênera que les personnes qui connaissent le film par cœur.

La comparaison des masters des autres DVD du film avec celui utilisé par MGM n'est pas désavantageuse pour ce dernier. Bien qu'un peu terne, les couleurs sont plus naturelles que celles du master au rendu lisse utilisé par Studio Canal pour le DVD français. Le master THX utilisé par Anchor Bay pour son édition du montage américain est un peu trop sombre. Le master catastrophique utilisé par Anchor Bay pour le director's cut alterne des scènes floues, zoomées et aux couleurs fades et des scènes encore plus floues et très sombres. Le master 4/3 utilisé par Universal a des couleurs tirant beaucoup trop sur le rouge lors des scènes de jour. A noter que les différents masters ne présentent pas le film au même format. Bien qu'annoncé en 1.85:1 sur la jaquette, le master Universal est au format 1.66:1 comme le master THX d'Anchor Bay, 1.64:1 pour le master du director's cut d'Anchor Bay, 1.77:1 pour le master Studio Canal et enfin 1.79:1 pour le master MGM, soit le plus proche du format 1.85:1 d'origine. Les différents masters présentent donc plus ou moins d'informations sur les quatre côtés de l'image.

DVD Deltamac/MGM Z3

DVD Studio Canal Z2

DVD Anchor Bay Z1 Director's cut

DVD Anchor Bay Z1 THX

DVD Universal Z1

Au rayon suppléments, l'édition MGM contient le même commentaire audio et les mêmes scènes coupées que l'édition du director's cut d'Anchor Bay. La fin heureuse du film est également présente ainsi qu'une galerie de photos et la bande-annonce. A noter qu'au contraire du film, les suppléments ne sont pas sous-titrés en anglais.

Pour conclure, si vous ne devez avoir qu'une seule édition DVD d'ARMY OF DARKNESS, c'est bel et bien celle-ci qu'il vous faut.