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Critique du film et du DVD Zone 1
THE ANTICHRIST 1974

L'ANTECHRIST 

Ippolita (Carla Gravina) est une jeune femme paralysée des jambes suite à un traumatisme causé par un terrible accident de voiture dans son enfance. Depuis lors, elle rumine une terrible rage contre son père, conducteur du véhicule et donc responsable à ses yeux de son handicap. Alors qu'elle est soumise à des séances d'hypnose pour apaiser son esprit, la voici assaillie par des visions issues d'une vie antérieure. Elle découvre alors qu'elle est la réincarnation d'une sorcière ayant été l'amante de Satan. Il n'en faut pas plus à la pauvre Ippolita pour se retrouver possédée par l'esprit vengeur de la sorcière qui compte toujours donner naissance au fils de Satan par corps interposés.

Daté de 1974, THE ANTICHRIST fait partie de la vague hyper réactive des rip-off de L'EXORCISTE de William Friedkin. Le succès planétaire de ce dernier, associé à un trauma généralisé des spectateurs et une pluie de nominations aux oscars, a fait saliver plus d'un producteur qui a vu là une superbe occasion de transformer le jet de vomi verdâtre en montagne de pognon. Les Italiens auront été les premiers à dégainer leurs copies plus ou moins fidèles et opportunistes. Avant AMYTIVILLE 2 : LE POSSEDE de Damiano Damiani, voici donc THE ANTICHRIST, un quasi remake du film de Friedkin réalisé avec un temps de réaction record (soit à peine un an après la sortie de son modèle).

L'intérêt premier de THE ANTICHRIST est avant tout de retrouver une belle ribambelle d'anciennes gloires du cinéma de genre italien. Au poste de réalisateur, nous trouvons Alberto De Martino. Le bonhomme est responsable d'une filmographie bien gratinée qui fait encore le régal des fans de bis. On y trouve du western, du péplum, du film de guerre, de l'espionnage (OPERATION FRERE CADET avec le frère de Sean Connery en sous James Bond), de l'horreur (dont le HOLOCAUST 2000 avec Kirk Douglas, très influencé par LA MALEDICTION), et bien sur du gros navet qui tache (l'inoubliable MIAMI GOLEM avec David Warbeck).

En fouillant les tréfonds de l'équipe de THE ANTICHRIST, on tombe également sur d'autres noms connus. Gianfranco Clerici au poste de co-scénariste est un stakhanoviste de la plume à qui l'on doit le script de quelques fleurons du genre cannibale (LE DERNIER MONDE CANNIBALE, CANNIBAL HOLOCAUST), ainsi qu'un poignée de Fulci (L'EVENTREUR DE NEW YORK, MURDER ROCK). Mais c'est surtout la présence de Aristide Massacessi alias Joe d'Amato au poste de chef opérateur qui attire l'attention. Réalisateur trashy des gerbeux BLUE HOLOCAUST ou ANTHROPOPHAGOUS, producteur émérite ayant lancé la carrière de Soavi avec BLOODY BIRD, reconverti dans le porno avant sa récente mort, la réputation de l'homme est telle qu'elle justifiera uniquement pour certains la vision de THE ANTICHRIST.

La présence de ces quelques noms justifie déjà à elle seule la vision de THE ANTICHRIST en guise de curiosité, même si le spectateur devra se montrer particulièrement indulgent. Car le très gros problème du métrage vient du fait que c'est un décalque quasi identique du film de Friedkin. Mise à part une innovation dans le contexte de l'histoire (la femme paralysée, l'esprit de la sorcière ayant pactisé), le reste du script se borne à une enfilade du moindre fragment de L'EXORCISTE. Tout y est : le début en forme d'aparté narratif, les crises d'hystéries blasphématoires, le vomi vert, la profanation d'église, la tête à 180 degré, la langue démesurément longue, la lévitation, le vieux prêtre repenti, un final dans un gigantesque escalier… Une liste exhaustive reviendrait à dresser un véritable compte rendu du modèle américain.

Bien entendu, une telle proximité d'inspiration ne joue pas en faveur de THE ANTICHRIST. A vouloir reproduire des séquences qui lui sont trop complexes (la lévitation par exemple), le film de Martino se rend coupable d'effets spéciaux peu glorieux qui n'avaient déjà pas beaucoup impressionné à l'époque. Mais plus grave, à vouloir réduire l'incroyable impact du film de Friedkin à une giclette de vomi, les auteurs de THE ANTICHRIST sont complètement passés à côté de ce qui rend L'EXORCISTE littéralement terrifiant. Car avant de verser dans les scènes chocs, le film de Friedkin est effrayant parce qu'il nous met dans la peau d'une mère baissant les bras devant la maladie mentale galopante de sa petite fille. En évitant soigneusement le recourt du fantastique durant sa moitié (tout du moins dans sa version originale et non dans son ignoble Director's cut), Friedkin traitait de manière totalement réaliste (à défaut d'être frontale) la peur (immorale ?) de tout à chacun d'enfanter et ensuite d'assumer un enfant anormal (qui plus est quand l'anormalité est telle qu'elle renvoie à un dégoût). Le thème de la possession n'est ici qu'une allégorie, où le choc des images n'a d'égale que la violence du propos.

En bon produit d'exploitation, THE ANTICHRIST ne possède nullement ce double fond. De plus, en transférant le rôle de l'enfant vers une adulte, le film perd énormément en "transgressivité". Pourtant, le film ne justifie pas la réputation peu enviable qu'il traîne depuis maintenant presque 30 ans. Le savoir-faire de Martino et de Joe d'Amato relève grandement la sauce, tirant parti, par exemple, du moindre décor pour un rendu visuel non négligeable. Ces derniers se montrent même particulièrement inspirés pour peindre un rite satanique vraiment impressionnant.

Outre une photo qui passe soudainement à un bleu ouaté sublime, la scène se permet quelques petites embardées franchement osées : c'est ainsi que la sorcière avale une tête de grenouille en guise d'hostie, avant de lécher abondamment l'anus d'un bouc en signe d'allégeance. Même si un montage habile permet de contourner légèrement la violence visuelle d'une telle séquence, il y'a fort à parier que ces quelques secondes risquent de s'imprimer durablement dans l'esprit du cinéphile alternatif.

Dernier bon point de THE ANTICHRIST, une interprétation sincère et solide qui sauve franchement de nombreuses scènes du ridicule. Tout l'honneur revient à Carla Gravina qui paye franchement de sa personne dans son rôle de possédée.

A ses côtés, nous pourrons reconnaître Mel Ferrer dans le rôle de son père. A ses débuts, l'acteur donnait la réplique à Stewart Granger dans SCARAMOUCHE de George Sidney dans les années 50. Après une longue traversée dans les sentiers de la série B italienne (notamment avec Umberto Lenzi pour les besoins de LA SECTE DES CANNIBALES et le merveilleux AVION DE L'APOCALYPSE), Mel Ferrer s'était reconverti dans la production télé après son mémorable rôle dans FALCON CREST ! Les fans d'Argento auront aussi reconnu Alida Valli qui jouait l'intendante de l'école de SUSPIRIA. Bref, autant de têtes connues et concernées qui donnent à THE ANTICHRIST le brin de sympathie qui le sauve de sa réputation imméritée d'ignoble nanar post-L'EXORCISTE.

Comme souvent avec Anchor Bay, on est rarement déçu par le travail effectué. L'image est au format, et franchement très bonne compte tenu de l'âge et la nature du film. A noter que la copie présente est intégrale, bien entendu (la version censurée amputait joyeusement la scène du rite satanique). Question son, un mono clair et dynamique vous attend, suffisamment efficace pour emporter l'adhésion.

Les bonus sont quant à eux limités mais très pertinents. Le reportage "Raising Hell" donne la parole à Martino, et succinctement à Ennio Morricone qui co-signa la musique du film, pour un témoignage en règle de l'expérience de THE ANTICHRIST. A mille lieues des bonus actuels qui laissent tourner la caméra pendant une demi-heure sans aucune coupe, le sujet est ici parfaitement re-découpé en vue d'en extraire le meilleur. Résultat, les dix minutes de "Raising Hell" se montrent denses et passionnantes. Outre une bande-annonce télé, le disque nous propose une copieuse archive d'affiches et de photos du film. A noter qu'au terme de ce bonus, votre site préféré est remercié pour avoir personnellement fourni du matériel iconographique. Et ben !

Piratage en règle de L'EXORCISTE, THE ANTICHRIST est à ce point copié sur son modèle qu'il lorgne à plus d'une reprise vers l'ersatz le plus mal embouché. Heureusement, le film est emballé avec suffisamment de savoir-faire pour se laisser voir avec intérêt. A réserver en premier lieu aux fans d'exploitation italienne, qui devraient déjà être conquis d'avance par la séquence satanique avec le bouc. Amis bisseux, cette édition devrait vous plaire !

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
49 ans
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287 critiques Film & Vidéo
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Un film réalisé avec savoir-faire
Quelques moments bien osés
On n'aime pas
Beaucoup trop copié sur L'EXORCISTE
Des effets spéciaux bien ringards
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L'édition vidéo
L'ANTICRISTO DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h52
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Raising Hell
      (Interviews de Alberto De Martino et Ennio Morricone)
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