Header Critique : GRADUATION DAY

Critique du film et du DVD Zone 2
GRADUATION DAY 1981

 

Laura court aussi vite qu'elle le peut. A chacun de ses pas, ses camarades lycéens l'acclament, et son coach l'encourage de ses hurlements. La jeune femme franchit la ligne d'arrivée en tête, son regard se perd, elle titube et finalement s'effondre, raide morte. Quelques mois plus tard, alors que la cérémonie de remise des diplômes approche, une série de meurtres frappe l'équipe sportive de la défunte Laura. Mais qui peut bien être responsable de ce carnage ? Anne, la sœur fraîchement débarquée en ville pour rendre hommage ? L'entraîneur sadique, connu pour ses méthodes extrêmes ? Kevin, le petit ami de Laura ? Avec une équipe entière de victimes potentielles, et un complet campus de coupables présumés, le bain de sang ne fait que commencer...

GRADUATION DAY s'ouvre sur un générique enthousiaste et vivant, jeune et dynamique. On sent la sueur, l'engouement gentiment désuet pour l'athlétisme et les shorts échancrés, le tout supporté par une partition aussi endiablée que datée. Bienvenue dans un monde où les brushings sont rois, où les Walkmans pèsent trois kilos et où l'on ne porte pas de soutien gorge. Bienvenue à l'aube des années 80 !

A cette époque, John Carpenter et Sean S. Cunningham viennent justement de prouver qu'avec un budget filiforme et un concept malin, un film indépendant pouvait truster les salles et faire sauter la banque. HALLOWEEN et VENDREDI 13 rapportent respectivement 47 et 40 millions de dollars, et donnent naissance à un raz-de-marré «Slashers» qui marquera une décennie cinématographique. GRADUATION DAY est bien évidemment l'un des nombreux rejetons du genre et, bien qu'il n'atteigne au final pas les sommets de ses modèles, rapportera tout de même la coquette somme de 24 millions de dollars. Pratiquement cent fois la mise de départ, sur le seul sol américain  ! Un très joli coup pour un Herb Freed ici producteur, scénariste et réalisateur. Une triple casquette qui sera sienne sur la plupart des métrages de sa carrière, que l'on se parle de ses quelques longs-métrages, ou de ses très nombreux clips publicitaires...

Car en effet, Herb Freed est avant tout un réalisateur de spots et le visionnage de GRADUATION DAY ne trompe pas. Les fantaisies de mise en scène sont nombreuses et assez intéressantes. Nous pensons notamment à l'utilisation d'un montage très découpé, épileptique, utilisé dès la 23ème minute pour symboliser la traumatisme. L'effet est aujourd'hui courant, mais il reste étonnant de le voir utilisé de la sorte, et avec succès, au sein d'une petite série B bientôt quarantenaire. Une excellente chose car au-delà de ses particularités stylistiques, GRADUATION DAY reste tout de même un métrage assez convenu. Le cahier des charges du Slasher est ici appliqué à la lettre, avec des meurtres survenant de manière ponctuelle et régulière. Les morts sont toutefois assez originales et nous reconnaîtrons bien volontiers que de manière récurrente, le réalisateur parvient à nous surprendre.

Nous serons moins surpris en revanche lorsqu'il usera d'un stratagème très Bis et vaguement érotique visant à réveiller son spectateur  : une paire de seins exhibée de manière impromptue  ! Une scène plutôt anodine qui marquera pourtant le désistement d'une actrice, et posera les bases de la carrière de Linnea Quigley, Scream-Queen en devenir. Suite à cela la jeune femme se dévoilera et/ou hurlera ainsi plus de 140 films durant, passant sans variation notable d'un CREEPOZOIDS à un HOLLYWOOD CHAINSAW HOOKER. Rendons toutefois hommage à ce qui restera sans aucun doute le rôle de sa vie, celui de la punkette impudique de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS.

Aux côtés de Linnea œuvreront également l'excellent Christopher George et Patch Mackenzie. Le premier incarnera l'entraîneur sportif «extrême» de GRADUATION DAY, alors que la seconde donnera (joliment) corps au personnage de Anne. Malgré un charisme certain, l'actrice ne dépassera jamais vraiment son statut de personnalité télévisuelle, parcourant deux décennies de séries, de M.A.S.H à UN COEUR EN ADOPTION en passant par BARETTA, MAGNUM ou K-2000. Les amateurs de Blaxploitation pointeront toutefois son passage dans LA DIMENSION DE LA MORT, un sympathique navet porté par le James Bond d'un film George Lazenby, et le félin Jim Kelly.

Malgré cette carrière que l'on qualifiera de modeste, Patch Mackenzie apporte à GRADUATION DAY une performance intéressante au service d'un rôle surprenant. De son personnage se dégage en effet une véritable aura de mystère, assez éloignée des héroïnes qui peuplent généralement ce type de pelloche. La femme est ici forte, voire troublante. Elle est militaire et n'hésite pas à recadrer énergiquement un camionneur entreprenant. Elle évolue au sein du chaos ambiant, mais également d'un foyer troublé par un beau-père méprisable. D'une certaine manière, elle brise l'un des codes du Slasher et déstabilise le spectateur, apportant ainsi au film un cachet original, au-delà du rythme savamment élaboré des différentes et originales mises à mort...

Inédit dans les salles françaises, GRADUATION DAY a bien évidemment nourri nos vidéoclubs au format VHS. Outre-atlantique, le film aura eu droit à quelques éditions DVD, mais également Blu-ray. Cette sortie du DVD français pourrait donc être qualifiée de tardive, voire d'obsolète. Que nenni car nous avons là le seul disque proposant les options francophones, que l'on se parle du doublage français d'époque, ou des sous-titres (sans faute) sur le film et l'intégralité de ses suppléments. Un apport non-négligeable qui permettra à beaucoup d'aborder la galette dans de bonnes conditions. Très bonne même puisque malgré l'âge du film et l'absence de haute définition, la copie ici proposée se porte fort bien ! Quelques griffures, des couleurs parfois un poil ternes mais l'ensemble se montre globalement satisfaisant. Le format 1.78 est très proche du 1.85 d'origine et l'encodage 16/9ème ne souffre d'aucun défaut notable.

Sur le plan éditorial, ce DVD édité à 1000 exemplaires par Uncut Movies a également son mot à dire. Tout d'abord par le biais d'un packaging plutôt agréable au format mediabook. Chose rare avec ce type d'objet, les 30 pages qui constituent ledit booklet peuvent être lue facilement, sans crainte d'endommager l'ensemble. Une très bonne nouvelle car son contenu s'avère plus que sympathique. L'éditeur entreprend ainsi de retracer l'histoire du Slasher durant sa période faste. L'exhaustivité n'est pas le but de l'exercice mais reconnaissons que le portrait du genre est soigné, et plutôt fourni. En plus du texte, nous trouverons de nombreuses affiches d'époque. Certaines sont assez originales, comme cette vision thaï du classique VENDREDI 13. Puisque nous en sommes à évoquer les affiches, sachez qu'Uncut Movie a eu la bonne idée d'inclure une reproduction de celle de GRADUATION DAY au format A4.

Au format numérique, nous aurons droit tout d'abord à une intervention décalée de Lloyd Kaufman en personne ! Le sympathique dirigeant de la firme Troma fanfaronne comme à son habitude, distribuant durant trois minutes les informations véritables et les blagues plus ou moins heureuses. Dans le même esprit, vous pourrez également visionner une interview de Linnea Quigley par le Sergent Kabukiman, s'étirant sur quatre minutes trente. Quelques informations sont à prendre, même si le sérieux n'est pas forcément au rendez-vous. Uncut Movies nous propose en outre une galerie de 43 photographies défilant sur presque deux minutes. Photos de plateau, affiches et lobby cards se succèdent ainsi et offrent une définition plus que correcte.

Un peu plus étrange, l'éditeur nous propose de revivre les quinze premières minutes du film en VHS. L'intérêt s'avère à notre sens plus que limité, mais permet tout de même d'apprécier le delta entre la qualité de cette copie, et celle offerte aujourd'hui... Vient ensuite un court-métrage d'Antoine Faugeras intitulé LE COLLEGE. Assez simple dans son concept et limité dans ses moyens, ce petit film met en scène une élève ainsi qu'une Prof fraîchement débarquée prises au piège d'un collège abritant un tueur. Le lien avec la thématique de GRADUATION DAY est là, mais le résultat n'est pas forcément à la hauteur, car trop vite expédié. Enfin finissons le tour de cette édition assez riche en évoquant les bandes-annonces de l'éditeur, ici au nombre de six. Celle de GRADUATION DAY répond bien évidemment présente, comme celles de AMERICAN GUINEA PIG, MADHOUSE, SAVAGE STREETS, FINAL EXAM et THE BOOGEYMAN.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
48 ans
24 news
241 critiques Film & Vidéo
5 critiques Livres
On aime
Le rythme, assez maitrisé
Des mises à mort soignées
Une mise en scène inventive
On n'aime pas
Certains suppléments sans intérêt
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
0 votes
Ma note : -
Autres critiques
L'édition vidéo
GRADUATION DAY DVD Zone 2 (France)
Editeur
Uncut
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h33
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Présentation du Film par Lloyd Kaufman (3mins01secs) Interview de Linnea Quigley (4mins35secs) Galerie Photos (1mins57secs) Souvenirs de Vidéoclub  : 15 mins en VHS (15mins19secs) Court métrage  : LE COLLEGE (10mins31secs) Bandes-annonces
      • Graduation Day
      • American Guinea Pig
      • Madhouse
      • Savage Streets
      • Final Exam
      • The Boogeyman
    Menus
    Menu 1 : GRADUATION DAY
    Autres éditions vidéo