Au moment de monter dans une attraction de fête foraine, Wendy flippe et annonce une catastrophe imminente. Devant l'hystérie de la jeune femme, elle est évacuée et plusieurs de ses connaissances ne montent pas dans les wagonnets qui vont être expédiés dans les airs quelques minutes plus tard. Cela irrite quelque peu la mort qui se retrouve déficitaire et la mécanique de correction se met en marche. Wendy et ses amis vont devoir échapper aux pièges mortels qui se trouvent sur leur chemin…
DESTINATION FINALE présentait la recette ultime en matière de slasher. Il suffisait d'y penser et de retirer le croquemitaine plus ou moins surnaturel pour laisser la place à la mort elle-même. Le constat était d'ailleurs évident lors des projections tests du film, les spectateurs étaient essentiellement intéressés par les mises à mort. Une constatation qui n'a rien de nouveau puisque la majorité des slashers depuis la fin des années 70 axent en grande partie leur recette sur des meurtres distillés à intervalles réguliers dans le métrage. En remplaçant les Jason, Michael et autres Freddy par la grande faucheuse, la menace devient quotidienne et sans répit. Plus la peine d'aller forniquer au fond des bois, garder un membre de la famille Myers lors de la fête d'Halloween ou encore s'endormir pour être à la merci d'une mort brutale… La mort, elle, frappe à n'importe quelle heure et dans n'importe quelle condition… ou presque ! Le «presque» s'avère quelque peu important car sans limite clairement définie, il n'aurait pas de scénario.
Ce cadre dans lequel va opérer l'entité aussi invisible qu'implacable était donc explicité dans le premier DESTINATION FINALE. Toutefois, cela ne laissait aucune possibilité de faire évoluer le concept de manière satisfaisante. En soit, cela n'a jamais empêché de ramener un Jason ou un Michael Myers sur les écrans et il n'y avait donc aucune raison de mettre un point final à l'idée ingénieuse de DESTINATION FINALE. Le second film, DESTINATION FINALE 2, essayait d'amener quelques éléments qui, en réalité, provenaient d'une intrigue annexe qui fut évacué du premier film avant sa sortie dans les salles. L'idée centrale n'avait pas grand chose de très satisfaisant mais le film reposait une nouvelle fois sur l'accumulation de décès étrange ! Nous voilà donc déjà au troisième opus et, manifestement, les scénaristes ont baissé les bras. DESTINATION FINALE 3 sera finalement très proche du premier film si l'on omet l'ajout de photographie sensée donner des indices sur la manière dont les victimes vont trouver la mort. Lorsque la théorie est exposée, on ne peut s'empêcher de penser à David Warner qui découvre sur ses clichés des traces évoquant la manière dont sont mortes certaines des victimes de LA MALEDICTION de Richard Donner. Rien de très neuf, donc ! Et surtout, cela ne cadre pas vraiment avec ce que l'on a pu entrevoir dans les deux premiers films.
Pour relancer la machine, New Line annonce pendant un temps que le titre du film soit DESTINATION FINALE 3-D. Cela aurait pu être une façon de placer le spectateur au centre des machiavéliques et ingénieux meurtres orchestrés par la mort. En réalité, cette idée de passer à la 3D est rapidement oubliée si tant est qu'elle fut envisagée sérieusement. Pour recentrer l'intrigue à l'essentiel et plus particulièrement sur les ados, on reprend les scénaristes Glen Morgan et James Wong qui n'avait pas participé à DESTINATION FINALE 2 pour cause de WILLARD et THE ONE. La vision de DESTINATION FINALE 3 ne soulèvera donc pas de grandes questions existentielles surtout que New Line sort avant tout un produit calibré et non pas un film d'auteur ! On peut finalement se reposer sur la bonne vieille recette où l'on démarre par une catastrophe spectaculaire suivie d'une brochette de morts qui s'avèrent être les points culminants et essentiels du récit. D'ailleurs, encore une fois, il faut bien comprendre que l'on va d'abord écrire un DESTINATION FINALE en premier lieu en partant des scènes spectaculaires pour relier là dessus le fil conducteur. Dans de telle condition, l'intrigue devient quelque peu accessoire et les personnages sont réduits à des caricatures. En somme, du vrai slasher de série !
DESTINATION FINALE 3 contient des acteurs, si ! Des victimes en puissance qui essayent de percer dans le milieu du cinéma par l'entremise du film d'horreur à l'instar de Chelan Simmons déjà à l'affiche du calamiteux CAVED IN : PREHISTORIC TERROR ou Kris Lemche qui a un peu plus de chance puisqu'on a pu le voir auparavant dans MY LITTLE EYE et surtout GINGER SNAPS. Le casting est mené par le duo Mary Elizabeth Winstead (le très bon SKY HIGH) et Ryan Merriman (HALLOWEEN : RESURRECTION, slasher quand tu nous tiens !). Tout ce petit monde fait son boulot correctement dans un film qui s'avère largement au dessus de la moyenne pour ce qu'il est ! Les scénaristes se sont au passage amusés à rendre hommage aux réalisateurs du genre en donnant aux personnages des noms de famille évocateur : Christensen, Fischer, Ulmer, Wise, Dreyer, Romero, Freund, Halperin…
Il n'est pas question d'être négatif en dressant un tel tableau mais plutôt d'être réaliste car DESTINATION FINALE 3 est une expérience aussi jouissive que frustrante. L'insatisfaction provient de l'impression évidente que l'on nous refourgue un concept déjà usité et qui n'a plus rien à dire de plus. Reste donc le pur plaisir du cinéma d'horreur face à plusieurs séquences mémorables et plutôt violentes. L'accident qui ouvre le film est très impressionnant et l'on notera aussi quelques séquences croustillantes comme une séquence d'UV qui finit assez mal (ou bien, cela dépend si vous êtes le personnage ou le spectateur). A ce niveau là, DESTINATION FINALE 3 rempli sans problème son contrat de divertissement emballé correctement et où l'on ne s'ennuie pas une seconde !
Comme le plus souvent chez Metropolitan, l'image est sans faille ! Le transfert 16/9 au format cinéma respecté est de grande qualité et offre des couleurs et une définition au rendu excellent. Les pistes sonores ne sont pas en reste et donnent le maximum surtout lors de l'impressionnante séquence du rollercoaster. Par contre, nous sommes toujours assez déçus de découvrir que Metropolitan privilégie le DTS pour le doublage français et n'offre pas cette attention à la version originale présentée ici seulement en Dolby Digital 5.1. D'autres éditeurs offrent la parité sonore des langues sur leurs éditions françaises ce qui donnent donc un choix équitable au consommateur !
Pour les suppléments, Metropolitan reprend le même contenu que l'édition américaine parue chez New Line et c'est l'artillerie lourde ! Par exemple, en plus de voir le film normalement, il est aussi possible d'embrayer sur une version interactive où l'on nous donne des choix en cours de route. Idée ingénieuse qui devrait donner la possibilité au spectateur de modifier le cours de l'histoire. A l'arrivée, le constat est quelque peu mitigé. L'idée laisse rêveur mais DESTINATION FINALE 3 est loin du concept où de véritables séquences seraient systématiquement tournées spécialement pour l'occasion. Il y a assez peu de choix en cours de visionnage et ils se localisent quasiment tous juste avant la mort d'un personnage. Le contenu des chemins alternatifs sont le plus souvent des scènes différentes du film qui furent abandonnés en cours de route soit par choix de la production soit suite aux fameuses projections tests. On peut par exemple découvrir la fin originale et moins radicale que celle du film terminé. Ou bien mettre fin à DESTINATION FINALE 3 de manière prématurée au bout d'une vingtaine de minutes en ne faisant pas monter les personnages dans l'attraction. Cela a le mérite d'être fort amusant de se retrouver face au générique de fin en moins d'une demi-heure ! Parmi tous les choix alternatifs, l'un d'entre eux est assez pervers puisque la survie du personnage laisse un sale goût et on vous demande finalement si vous avez vraiment fait le bon choix… Cette version interactive est techniquement réussie et il est possible de l'utiliser indifféremment en version originale sous-titrée ou avec un doublage français. Les séquences additionnelles sont ainsi réellement finalisées et s'intègrent parfaitement au reste du métrage.
Plus traditionnel, on peut suivre un commentaire audio en compagnie de James Wong, Glen Morgan et du directeur de la photographie Robert McLachlan. En toute franchise, ce supplément se suit sans peine mais on n'y apprendra finalement pas tellement plus que dans le documentaire se trouvant sur le deuxième DVD. Et, justement, ce documentaire titré «Le Plan de la Mort» fait près d'une heure et demi ! Le temps d'aborder toute la production du film jusqu'au tournage de la nouvelle fin ou encore d'aller arracher quelques paroles à James Wong et Glen Morgan alors qu'ils sont déjà sur le tournage du remake de BLACK CHRISTMAS. Jamais ennuyeux, ce documentaire se voit même pourvus de petits segments supplémentaires où l'on peut, par exemple, voir rapidement les gars qui s'occupent de réaliser les effets sonores avec divers trucs dignes d'un autre âge ou encore mettre en avant le curieux boulot du «maître des cales» !
Hormis ce documentaire fort sympathique, on trouve aussi d'autres ajouts tout aussi intéressant. «Les Coups du Destin» est un petit dessin animé très amusant qui part d'un fait divers où plusieurs personnes ont échappé à la mort suite à diverses coïncidences pour nous exposer nos chances de survie face à certaines situations. Son seul défaut est peut être d'être trop court tant le résultat est fait avec humour. «Tant qu'il y aura des ados…» dresse le constat du slasher où les adolescents tombent comme des mouches. Le critique Roger Ebert y fait quelques déclarations surprenantes alors que le staff de New Line ne laisse planer aucun doute sur leur exploitation commerciale, et donc en toute honnêteté, du cinéma d'horreur. Ajoutez dans le même petit documentaire l'avis de spécialiste ou encore l'inévitable apparition du rédacteur en chef de Fangoria qui comparé à Roger Ebert ne dit rien d'intéressant !
On poursuit avec d'autres segments un peu moins passionnants une fois visionné tout ce que nous avons déjà cité. La vision d'une scène allongée n'apporte rien d'exceptionnel par rapport à celle que nous avons vu auparavant. Et la Featurette promotionnelle («Accidents Programmés» contenant son lot d'images inédites), la bande-annonce ainsi que les spots TV font surtout office, ici, de cerises sur un gros gâteau déjà très appétissant !
Alors, même si le film n'invente rien de nouveau, ce double DVD de DESTINATION FINALE 3 est largement enthousiasmant grâce à des suppléments réellement pensés en amont et qui ne se contente pas de recycler le matériel promotionnel. Même l'option interactive, un peu décevante au final compte tenu des réelles possibilités, prouve l'envie de prolonger l'expérience d'un film au-delà du grand écran ce qui est plutôt ambitieux et réussi !