Header Critique : MY LITTLE EYE

Critique du film et du DVD Zone 2
MY LITTLE EYE 2002

 

Avant de s'attaquer à MY LITTLE EYE, le réalisateur gallois Marc Evans a déjà une carrière de réalisateur assez longue, essentiellement pour la télévision. Ce n'est qu'à partir de HOUSE OF AMERICA (inédit en France), un drame réaliste de 1997, qu'il se consacre véritablement au cinéma. L'année suivante, sort son thriller RESURRECTION MAN. Puis, il tourne MY LITTLE EYE, production britannique tournée au Canada, au printemps 2001, avec des comédiens nord-américains. Les extérieurs sont ceux d'une authentique demeure accueillant des colonies de vacances, mais les intérieurs, utilisés plus fréquemment dans le film, sont construits en "studio" (en fait, un centre de tennis couvert). Les comédiens ont été délibérément recrutés parmi de jeunes acteurs méconnus, afin d'apporter une touche supplémentaire de réalisme à l'ensemble. Toutefois, il est possible d'en reconnaître certains. Laura Regan (Emma) sera ensuite la vedette du PEUPLE DES TÉNÈBRES de Robert Harmon. Kris Lemche (Rex) est apparu dans GINGER SNAPS et EXISTENZ. Enfin, Sean Cw Johnson (Matt) peut se prévaloir d'une solide carrière de "Force Rouge" au sein d'une série POWER RANGERS !

Un site internet recrute cinq jeunes gens pour un concours : ils devront rester, durant six mois, enfermés ensemble dans une maison isolée en pleine forêt. Toute leur captivité sera suivie en direct sur le net grâce à de multiples webcams placées dans la demeure. S'ils réussissent à tenir jusqu'au bout, ils gagneront un million de dollars. Les cinq personnes sélectionnées s'y rendent pour des raisons variables : Rex y vient pour l'argent ; la sexy Charlie pense que ce jeu la rendra célèbre ; l'introverti Danny compte s'y faire des amis... Au début tout se passe bien. Mais la situation dégénère, comme les évènements insolites s'accumulent. La chaudière ne fonctionne plus. Le ravitaillement alimentaire n'arrive pas. Danny reçoit l'avis de décès d'un de ses proches...

Traiter, sur le ton du cinéma d'angoisse, des sujets aussi à la mode qu'internet ou la télé-réalité est une idée en vogue parmi les oeuvres distribuées en 2002. Ne serait-ce que sur les écrans français, on a ainsi pu voir, datant de cette année-là, HALLOWEEN RÉSURRECTION (Michael Myers décime les participants d'un jeu retransmis en direct sur internet), DEMONLOVER (thriller d'espionnage dans le milieu des sites diffusant des contenus pornographiques) ou TERREUR POINT COM (les visiteurs d'un mystérieux website sont retrouvés assassinés) !

MY LITTLE EYE choisit, pour sa mise en scène et sa narration, un point de vue relativement original. Dès les premières images suivant le générique, le spectateur est placé dans la peau d'un visiteur surfant sur un site étrange. Il va en consulter le contenu, tel qu'il a été assemblé et monté par ses webmestres. Les images sont donc censées avoir été captées tout au long du "concours" par les nombreuses caméras placées à l'intérieur de la maison. De cette technique résulte, évidemment, une impression de réalisme inquiétant, évoquant quelques célèbres "pseudo-snuff" du cinéma d'épouvante, comme le film d'Alan Yates dans CANNIBAL HOLOCAUST ou, plus récemment, THE LAST BROADCAST et LE PROJET BLAIR WITCH.

Pourtant, MY LITTLE EYE se distingue du PROJET BLAIR WITCH par une réalisation plus élaborée. Tourné en studio, utilisant de nombreuses caméras fixes, les séquences sont soigneusement cadrées et montées, tout en réussissant à garder un certain cachet vériste. Les objectifs paraissent autant d'espions voyeurs et menaçants, enregistrant tous les faits et gestes des candidats, sans échappatoire possible. La présence pesante et impersonnelle de ces yeux mécaniques est encore soulignée par les bruitages inquiétants accompagnant les zooms et panoramiques électroniques. D'ailleurs, l'ensemble de la bande-son, composée essentiellement de bruitages industriels, étonne par son originalité et son efficacité.

Si on le compare, à nouveau, avec LE PROJET BLAIR WITCH, MY LITTLE EYE peut se prévaloir d'un développement des personnages et de leurs rapports beaucoup plus satisfaisant. Chacun des candidats a une personnalité élaborée, reposant sur un assemblage de forces et de faiblesses, faiblesses sur lesquelles les organisateurs vont s'appuyer pour mettre au point des supplices mentaux cruels, participant de la progression d'une tension malsaine et paranoïaque au sein de la demeure.

Malheureusement, ces personnages souffrent aussi d'être stéréotypés et peu crédibles. L'action, essentiellement psychologique au cours des deux premiers tiers du métrage, paraît alors languide, les candidats s'avérant à la fois superficiels et peu attachants. MY LITTLE EYE souffre ainsi de petites longueurs, impression que n'estompe pas vraiment son final, plus énergique, mais relativement conventionnel et prévisible.

Même s'il manque un peu de suspens et de surprises, MY LITTLE EYE est tout de même une expérience intéressante et un thriller horrifique relativement efficace. Il s'écoulera pourtant un certain temps entre la fin de son tournage et sa distribution. Suite à une preview désastreuse, Universal, principal soutien de sa production, s'en désintéresse, et il est question de le sortir directement en vidéo.

Heureusement, un distributeur britannique, Momentum Pictures, reprend les choses en main. MY LITTLE EYE circule dans les festivals et fait parler de lui, notamment grâce à d'excellentes critiques. Il sort en Grande-Bretagne, en salles, où il rencontre suffisamment de succès pour rembourser son budget. En France, toutefois, il est distribué directement en vidéo et en DVD, chez Studiocanal. C'est ce DVD français qui est testé ici.

L'image est proposée en 1.85 (option 16/9), format dans lequel il a été présenté en salles et diffusé en DVD en Grande-Bretagne. Logiquement, la texture de l'image (tournée en vidéo numérique, puis transférée sur une pellicule traditionnelle) est délibérément imparfaite, avec un bruit vidéo parfois très insistant et des jeux de texture et de colorimétrie inhabituels. Le DVD est parfaitement réussi en ce qu'il restitue fidèlement le résultat obtenu lors de la projection en salles d'un tel film.

La bande-son est proposée en Dolby Digital 5.1, en anglais (avec sous-titres imposés) ou en français. La première est vraiment excellente, et joue très habilement sur des effets d'ambiance et de mixage d'une richesse et d'une variété étonnantes. Le doublage français est hélas médiocre et son mixage, juste convenable, est moins intéressant.

Le DVD propose une solide section de bonus sous-titrés en français. On y trouve un commentaire audio de Marc Evans (réalisateur) et Jonathan Finn (producteur), qui contient quelques informations intéressantes, mais manque tout de même de densité. Un making of d'environ 30 minutes revient sur le tournage du film et sa distribution, de façon assez honnête et complète.

Il est possible de consulter des scènes coupées, environ 25 minutes en tout. La première de ces séquences, assez longue, est la plus intéressante, qui nous montre l'arrivée des candidats dans la maison. Le premier montage faisant quatre heures, deux heures de scènes tournées et montées peuvent encore être exhumées.

On a ensuite accès à diverses bandes-annonces et spots du film, ainsi qu'à une sélection de trailers d'autres oeuvres, parmi lesquelles, dans le même style que MY LITTLE EYE, trois titres inédits dans les salles françaises : BEYOND RE-ANIMATOR, CHERRY FALLS et VISITORS.

Comparé au double-DVD britannique, sorti en 2003 et dont proviennent les suppléments, on remarque que quelques tranches d'interactivité se sont perdues en route, notamment des scènes coupées supplémentaires et une galerie d'image. A aussi disparu un mode de visualisation particulier pour le film, qui permettait de le visionner dans un mode "interactif", donnant accès à quelques "goodies", comme des scènes "multi-angle" ou des informations sur les candidats.

Certes, l'édition anglaise est plus complète, mais elle ne contient ni VF, ni sous-titres français : elle est donc réservée aux anglophones. Qui plus est, l'édition Studiocanal, pour un film inédit en salles en France, reste d'excellente tenue grâce à ses qualités techniques et à son interactivité soignée et entièrement sous-titrée.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
MY LITTLE EYE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Marc Evans et Jon Finn
    • Making Of (29mn40)
      • Scènes coupées
      • L'arrivée dans la maison (11mn26)
      • Danny éventre le cerf (5mn20)
      • Charlie s'adresse à la caméra (1mn14)
      • Danny et Matt (5mn14)
      • Bandes-annonces
        • My Little Eye
        • Teaser
        • Trailer
        • Spots TV (4)
      • Beyond Re-Animator
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