Le plus farouche adversaire de la communauté vampirique n'est
autre que Blade. Pourtant c'est auprès de lui que les vampires
vont venir trouver de l'aide pour s'attaquer aux faucheurs. Un maillon
dégénéré de la chaîne d'évolution
des vampires qui menace tout autant les humains que les créatures
de la nuit.
Nous somme en 2003 et le personnage de Blade fête son trentième anniversaire. Son existence, il l'aura vécu au travers de la bande dessinée chez Marvel avant d'être adapté à l'écran en 1998 sous la plume du scénariste David S. Goyer. En raison de relations houleuses entre le réalisateur et la production, Stephen Norrington ne rempile pas pour mettre en scène BLADE II. Admiratif du travail de Guillermo del Toro, c'est à lui que pense Peter Frankfurt, le producteur, pour prendre la place vacante. Le cinéaste mexicain aura déjà touché au mythe du vampirisme avec son premier film, CRONOS, mais dans un style radicalement différent de celui de BLADE II. Après CRONOS, Hollywood lui fait les yeux doux et il mettra en scène un MIMIC rentre-dedans avant de s'envoler pour l'Espagne et retourner à un cinéma fantastique bien plus intimiste pour L'ECHINE DU DIABLE. Avec BLADE II, il donne donc un peu l'impression d'alterner les plaisirs !
Dans son commentaire audio (ainsi que dans le documentaire), Guillermo del Toro nous explique qu'il existe deux façons de faire peur au cinéma. Mais même si lui et Peter Frankfurt en sont persuadés, BLADE II ne fout absolument pas la trouille ! De toutes façons, il n'existe pas de films d'action qui soient capables de distiller la peur puisque le rythme empêche d'instaurer le climat propice à nous faire frissonner. Tout au plus, vous sursauterez ou vous serez surpris de découvrir des passages bien gores dans BLADE II. Car à l'instar du premier film, BLADE II est avant tout un film où prime l'action.
Le premier BLADE annonçait en quelque sorte la forme de MATRIX. Un mix détonnant entre fusillades, effets spéciaux et arts-martiaux auquel le cinéma américain était encore assez étranger ! Quatre ans plus tard, BLADE II n'innove en rien et choisit de nous délivrer un film encore plus énergique. Pour régler tous les affrontements, on a fait de nouvelle fois appel à Jeff Ward qui s'était occupé des cascades sur BLADE. Mais pour éviter les redondances et obtenir des styles de combats différents, on fait aussi appel à Donnie Yen qui interprète d'ailleurs un vampire dans le film. Chinois d'origine, il voue une grande admiration à Bruce Lee et il devient rapidement un spécialiste des arts-martiaux. Il n'en faut pas plus pour qu'il devienne acteur, chorégraphe et même réalisateur. Ses meilleurs travaux, il les fera à Hong-Kong (IRON MONKEY) alors qu'il est sous-exploité aux Etats-Unis (le calamiteux HIGHLANDER : ENDGAME). Dans le commentaire audio de Guillermo del Toro, on apprendra aussi que, toujours pour obtenir une grande diversité dans les combats, Wesley Snipes a lui aussi chorégraphié l'un des affrontements musclés entre Blade et des vampires. Tout ce petit monde aura réussi à injecter le carburant nécessaire pour booster agréablement les séquences d'action du film ! Le revers de la médaille est de nous donner l'étrange impression que presque tous les vampires pratiquent les arts-martiaux à un haut niveau !
D'un point de vue audio/vidéo,
le transfert de BLADE II fait partie du haut du panier. La retranscription
de l'image est très réussie et il faudra couper les cheveux
en quatre pour s'en plaindre ! Les pistes sonores en Dolby Digital 5.1
(EX) sont elles aussi d'excellente facture. Et puisque l'on parle de
la bande-son du film, on regrettera quelques morceaux de rap qui sonnent
de façon bien étrange dans l'univers de Blade. Mais qu'importe
puisque dans l'ensemble, ça pète méchamment sur
les cinq enceintes et le caisson de graves. On regrettera toutefois
que l'éditeur n'ait pas inclus une piste en DTS pour la version
originale alors que le doublage français se voit gratifié
de cette piste sonore supplémentaire !
Il est bon aussi de préciser que la traduction du terme "Daywalker"
est assez humoristique. Voir régulièrement Blade gratifié
du nom "Diurnambule" ne fait pas très sérieux
!
Notons aussi la présence
d'une piste musicale isolée en Dolby Digital 5.1 qui se borne
à reprendre la musique symphonique de Marco
Beltrami en retirant les effets sonores ainsi que les dialogues.
Vous n'y trouverez donc pas de rap ou de morceaux electro-indus !
Rares sont les éditions "Collector" à ne pas se pointer accompagnées d'un commentaire audio. BLADE II vous en donne deux ! Le premier donne la parole à Guillermo del Toro et Peter Frankfurt dans une bonne humeur communicative. Les deux hommes plaisantent et animent ainsi un commentaire plutôt sympathique où le réalisateur donne parfois l'impression que BLADE II lui a servi de galop d'essai pour HELLBOY, son prochain film, à force de le citer ou de faire des références au style de l'auteur de la BD (Mike Mignola) qui a d'ailleurs travailler sur BLADE II. Et des références, vous en entendrez bien d'autres comme le fait que d'après Guillermo del Toro, les Faucheurs du film lui donnent l'impression de sortir d'un manga comme WICKED CITY ou NINJA SCROLL ou même citer les films de Terence Hill et Bud Spencer. Un commentaire audio ne serait rien sans diverses anecdotes et vous en découvrirez quelques-unes fort amusantes dont celles liées à une ligne de dialogue empruntée au PARRAIN. Les deux hommes regrettent aussi certains effets spéciaux ratés qu'ils n'hésitent pas à pointer du doigt.
Le second commentaire audio
a été enregistré en duo par David
S. Goyer et Wesley
Snipes. Un peu moins amusant, il reste tout de même assez
solide et David
S. Goyer n'hésite pas à évoquer, peut-être
trop brièvement, les problèmes rencontrés avec
la production pour monter BLADE II. Ce commentaire évite
assez souvent de délivrer des informations déjà
données dans celui du réalisateur et du producteur. Toutefois,
certains propos entendus dans les commentaires audio se retrouvent aussi
dans les nombreux suppléments du second DVD.
Parfois, visiter un second
DVD de suppléments est une cruelle désillusion. Mais celui
de BLADE II est un énorme morceau qui ne risque pas de
vous décevoir ! Il y a de quoi y passer plusieurs heures sans
que cela ne soit un flot ininterrompu de matériel promotionnel
réalisé pour la sortie du film dans les salles de cinéma.
Au contraire, on démarre par un documentaire de près d'une
heure et demi qui survole de nombreux aspects de la réalisation
d'un film tel que BLADE II. Les décors, les effets spéciaux,
la musique, les costumes... Tout est passé en revue à
grands renforts d'interviews de nombreux intervenants ayant pris part
à la création du film, séquences de tournage ou
dessins de production. Le documentaire est d'ailleurs chapitré,
ce qui vous permettra d'accéder directement à une partie
de votre choix. Il existe aussi une option qui permet à l'affichage
d'une icône de lancer d'autres segments vidéo dédiés
à des sujets spécifiques. Plutôt que vous laisser
les chercher dans le documentaire, l'éditeur a aussi eu la bonne
idée d'en dresser un index, ce qui vous permet d'y accéder
directement sans passer par le documentaire. Au nombre de quatre, ils
allongent d'une bonne vingtaine de minutes les informations délivrées
par "Le Pacte Sanguin".
La section "Arrêt sur Image" se met en tête de vous donner un aperçu de la progression qui peut exister dans le développement d'une scène. Au nombre de six, vous pourrez découvrir le scénario original, la version remaniée, le story-board mais aussi visiter pendant quelques minutes le tournage de ces séquences. Toutefois, les parties textes (le scénario original et remanié) n'ont pas été traduites en français, ce qui rend le tout moins attractif pour un public francophone. A noter que la scène du "Face à face dans l'église" ne contient pas le story-board et que celle de "L'affrontement final" ne propose pas le scénario original. Toutes les parties concernant le tournage sont agrémentées de notes à l'écran expliquant certains termes techniques ou donnant des informations supplémentaires. Une attention que l'on pouvait déjà trouver dans le long documentaire et qui donne une preuve supplémentaire du soin apporté à l'élaboration des suppléments !
La partie sur les " Effets visuels " commence doucement par deux petites Featurettes qui se mettent en tête de vous expliquer la façon dont ont été réalisées certaines séquences mettant en scène des acteurs entièrement numérisé sur ordinateur, ou la façon de créer les Faucheurs et leurs bouches très particulières. Le troisième élément de cette section est encore plus instructif alors que son utilité à la base n'était pas de venir égayer un DVD. En fait, il s'agit de vidéos réalisées par l'équipe des effets spéciaux pour tenir informé Guillermo del Toro de l'avancée de leur travail. Mises bout à bout, cela nous donne plus de cinquante minutes où l'on nous dévoile de nombreux trucs, que ce soit pour l'autopsie du Faucheur ou le crâne coupé en deux de l'un des personnages. Pour peu que vous vous intéressiez aux effets spéciaux, malgré sa durée, cette vidéo est un véritable bonheur ! Comme pour le long documentaire, il existe un chapitrage qui vous permettra de vous rendre directement à la partie de votre choix. Il est clair que les concepteurs de ce DVD ont cherché à rendre le plus confortable possible l'accès aux divers suppléments pour le spectateur.
"Les notes du réalisateur
et du scripte" nous donnent un aperçu des pages griffonnées
par Guillermo
del Toro pour la préparation du tournage avec quelques dessins.
Le carnet de la scripte mélange photos et textes (illisibles
car présenté de façon trop éloigné)
alors que la troisième partie n'a pas grand chose à voir
puisqu'il s'agit de scènes se trouvant dans le scénario
et qui n'ont jamais été tournées (ce qui n'est
pas entièrement vrai dans le sens ou la première rencontre
de Blade et Whistler apparaît dans les scènes coupées).
Comme pour la partie "Arrêt sur Image", le tout est
en anglais sans aucune traduction !
Dans le genre "Galerie", la "Création Graphique"
donne la possibilité de découvrir de nombreux dessins
de production répartis selon cinq catégories (les armes,
les costumes, les décors...) ainsi qu'un grand nombre de planches
du story-board.
Puisque nous parlons de suppléments non sous-titrés, il existe deux interventions de Guillermo del Toro sous la forme de médaillon dans le menu des scènes coupées et de son carnet de notes. Plutôt que de les sous-titrer, l'éditeur a préféré placer une voix-off en français pour traduire ses propos toujours aussi amusants. Le réalisateur présente ainsi les scènes coupées comme étant de la "merde".
Ensuite, ce sont seize scènes coupées qui nous sont proposées sur plus d'une vingtaine de minutes. Il est d'ailleurs possible de les visionner les unes à la suite des autres ou d'accéder directement à celle qui vous intéresse. Si vous enclenchez le commentaire audio, vous comprendrez que cette option s'accorde assez mal du système de chapitrage puisque les deux intervenants (Guillermo del Toro et Peter Frankfurt) débordent souvent sur la scène suivante, ce qui pourra être assez étrange si vous débarquez directement sur l'une des séquences. Le niveau des seize scènes est variable. Cela va de la scène totalement inédite, au montage alternatif allongeant plus ou moins des plans jusqu'à un bien étrange passage où le personnage de Damaskinos est affublé d'une perruque. Guillermo del Toro et Peter Frankfurt s'en amusent pas mal et expliquent le pourquoi de cette étonnante scène présente dans le film mais avec beaucoup moins de cheveux ! On notera aussi la dernière scène avec Santiago Segura qui a été allégée d'un détail jugé un peu trop choquant par le public américain dans le montage final (des traces de sperme...).
La partie "Dossier de presse" est annoncée comme une reproduction partielle du livret remis aux journalistes au moment de la sortie du film. La partie "Devant la caméra" s'intéresse comme son nom l'indique aux acteurs dont on peut découvrir des filmographies sélectives. Etonnant puisque dans le dossier de presse la plupart des acteurs étaient présentés sous la forme d'une biographie et non pas une filmographie. On apprenait ainsi que Thomas Kretschmann qui joue le rôle de Damaskinos avait débuté sa carrière dans l'extraordinaire film de guerre LE BATEAU. Pourtant, sa filmographie sélective sur le DVD préfère citer le piteux PRINCE VAILLANT, allez comprendre ! Par contre, les biographies de "Derrière la caméra" sont effectivement une copie de celles du dossier de presse. Enfin, les notes de production sont elles aussi incomplètes puisqu'elles s'arrêtent à la présentation des personnages et n'entrent pas dans le détail du tournage, ce qui était le cas à l'origine. A vrai dire, cela n'est pas très important puisque tous les autres suppléments remplacent ces manques de façon avantageuse. Mais il est permis de se demander quelle est la pertinence de reproduire quelques bouts de textes du dossier de presse si le tout est présenté de manière incomplète et dans une mise en page totalement différente.
De même, la présentation du jeu vidéo tiré de BLADE II fait plus office de publicité ambulante ! Est-ce réellement ce que l'on peut appeler un supplément ? Probablement que non ! Dans le même ordre d'idées, la présentation de bandes-annonces pour d'autres films est déjà plus légitime. On trouve ainsi une sélection de celles-ci sur le premier disque dont JASON X et SCARY SCREAM MOVIE à sortir chez le même éditeur en DVD dans les mois à venir. Les deux bandes-annonces de BLADE II sont donc sur le deuxième disque où vous pourrez aussi trouver le clip vidéo de Cypress Hill et Roni Size.
En soit BLADE II ne vous laisse pas le temps de réfléchir et enfile l'action comme une mécanique bien huilée ! Pari réussi pour ce qui se veut avant tout une adaptation d'un "Comics". Reste une petite déception, si on le compare au premier film puisqu'on aurait été en droit d'attendre une évolution du concept. L'édition DVD, par contre, est particulièrement riche et bien pensée pour que l'on y passe des heures sans avoir l'impression de visionner des bonus placés là pour attirer le gogo ! A ce niveau-là, cela fait partie des meilleurs suppléments que l'on ait vus depuis longtemps et certaines éditions "Collector" insipides devraient en prendre de la graine.