FREDDY'S DEAD nous annonce fièrement la New Line. Pourtant avec le recul on a du mal à croire que la compagnie désirait mettre un terme à sa fructueuse franchise (malgré des qualités inégales). Nous en arrivons au sixième épisode du père Krueger et comme vous le savez ce n'est pas finalement le dernier épisode en date. Réputé comme l'un des plus faibles à ce que j'ai pu lire ici ou là, je me vois confier la lourde tâche de réhabiliter ce nouvel Elm Street.
Après avoir expurgé la petite bourgade de Springwood de tous ses enfants, Freddy se met à la recherche de son enfant. Hé oui Krueger est papa et je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler d'avantage le film. Cette noble quête paternelle ne pouvait pas se faire sans adolescents végétant gentiment autour du Boogeyman.
A l'appel des victimes je demande un survivant du massacre de Springwood, Spencer - le féru de jeux vidéos totalement déconnecté de la réalité (si besoin est à l'aide de substances peu licites) -, la rebelle Tracy, experte en arts-martiaux et victime de l'amour de papa, Carlos le sourd. Des adolescents qui évitent à 50% les clichés, pourcentage suffisant pour que certains d'entre nous puissent s'identifier tout en permettant aux autres de ne pas trop avoir l'impression qu'on nous prend pour des idiots.
Pourtant Freddy est depuis longtemps un produit et a subi au fil de ses péripéties une inévitable dérive vers l'humour (pas forcément bienvenu quand on se souvient du cauchemar original). Ce serait oublier que derrière FREDDY'S DEAD se cache au scénario et à la réalisation Rachel Talalay. D'assistante à productrice, elle hérite finalement de la direction de cet opus. Quatre ans plus tard on la retrouvera à nouveau derrière la caméra pour TANK GIRL qui eut la désastreuse carrière que vous connaissez certainement.
Pour son premier film elle s'en sortait pourtant plutôt bien, insufflant un rythme plus que correct malgré un body count faible (peut-être même le moins sanglant des 7). On ne s'ennuie pas un instant alors que les bobines défilent, le sadisme de Freddy y étant pour beaucoup. Les morts de Carlos et de Spencer sont relativement originales et c'est avec plaisir qu'on se les repasse, en mémoire à ce gore formaté des fin 80 / début 90.
On s'amusera aussi à relever les différentes apparitions clins d'œil (cameos) de Johnny Depp militant contre la drogue (sa carrière d'acteur débuta avec le premier NIGHTMARE ON ELM STREET), Roseanne Barr et son mari Tom Arnold, Alice Cooper en beau-père de Freddy (tu m'étonnes qu'il ait mal tourné par la suite) et même le boss de New Line : Bob Shaye. Toujours au chapitre du casting, on remarquera dans un rôle sous-exploité Yaphet Kotto, éternel officier du Nostromo pour les fans d'ALIEN.
Nous progressons vers l'épilogue et c'est à ce moment qu'on nous sort du chapeau le coup de la 3D ! Seul le coffret édité aux Etats-Unis propose d'ailleurs de voir aux choix la fin en 2D ou en 3D. Une option que le disque vendu séparément n'offre pas. Alors je dis "question" : l'effet 3D vaut-il le coup ? Je me lance alors sur le disque du coffret pour essayer. Je vois tout en rouge sur une TV 4/3 de 82 cm configurée en 16/9, je suis à bonne distance de l'écran et pourtant rien (ou alors vraiment pas grand-chose). Faut-il un projecteur pour profiter de la profondeur de champ ? (NDLR : Oui !)
Je vous laisse méditer cette hypothèse sur notre forum. En fait cette fameuse 3D n'est pas une volonté originelle artistique de la réalisatrice mais du marketing New Line. Bien que jouant le jeu (Lisa Zane met les lunettes dans le film en même temps que doivent le faire les spectateurs), on sent Rachel Talalay embarrassée et finalement peu inspirée. Les effets racoleurs dictent l'histoire (on ne compte plus le nombre de couteau et autres objets longs qui nous sont présentés) en dépit de toute logique (j'exagère un peu mais on n'en est pas loin). Conclusion : ça fait mal aux yeux sur un téléviseur et autant voir en 2D et obtenir des couleurs.
Cette édition date d'il y a quelques années déjà et pourtant l'image est rarement mise à mal malgré quelques plans un peu granuleux. La bande son Dolby Digital 5.1 aura votre préférence si vous avez l'équipement adéquat... Autant dire que techniquement il n'y a pas beaucoup de reproches à faire.
Comme pour la 3D, les véritables suppléments n'apparaîssent que sur le huitième disque du coffret. L'édition simple ne propose en fait que des filmographies, la bande-annonce et le script et un quiz. Pour ces deux derniers, il faudra être équipé d'un lecteur DVD-Rom sur PC.
FREDDY'S DEAD n'est pas le plus mauvais, pas le meilleur non plus (comme les cinq autres suites d'ailleurs). Si vous voulez vous détendre 90 minutes, retrouver Krueger sans pour autant vous faire traiter de malade par votre compagne (ou compagnon) ce sixième opus est un bon compromis notamment grâce à son rythme. Et puis qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour entendre des punch lines telles que :
"Kung fu this, bitch !".