En 1927, dans un hôtel de La Nouvelle-Orléans, un peintre est fouetté à coups de chaînes puis défiguré à la chaux vive pour avoir osé peindre une toile représentant l'enfer. En 1981, Liza Merrill (Catriona MacColl) hérite de ce même hôtel. Alors qu'elle décide de le retaper en vue d'une prochaine réouverture, une série d'accidents macabres vient compromettre les rénovations. Des phénomènes surnaturels font leur apparition, puis ce sont les morts qui se mettent à marcher. Et si l'hôtel était construit sur l'une des sept portes de l'enfer ?
Avec THE BEYOND (connu chez nous sous le titre L'AU-DELA), Lucio Fulci clôture sa propre trilogie de la tripaille zombiesque entamée avec L'ENFER DES ZOMBIES et poursuivie par FRAYEURS. Conçue au départ pour profiter du filon juteux (saignant ?) de l'engouement autour du DAWN OF THE DEAD de George A. Romero, cette trilogie italienne ne retient que le point de départ (les zombies attaquent les vivants) pour se concentrer sur un spectacle supra dégueulbif hyper premier degré. Contre toute attente, ça marche du tonnerre et les trois films ne tardent pas à intégrer le cercle très fermé des immanquables du fantastique. Mention spéciale à THE BEYOND qui, s'il constitue le meilleur opus de la trilogie, est considéré par beaucoup comme le meilleur film de feu Fulci (le monsieur est mort en 1996).
Il ne faut cependant pas chercher chez Fulci (et THE BEYOND en particulier) de grandes idées scénaristiques aux résonances philosophiques ni des personnages travaillés à l'extrême. L'histoire du film, en plus d'être microscopique, tient à peine debout. L'interprétation est par contre honnête, mais sans plus (les habitués de La Cinq auront d'ailleurs la joie de retrouver David Warbeck, passé à la postérité bis pour sa composition dans le fulgurant MIAMI GOLEM de Alberto de Martino). Bref, rien ne préfigure un quelconque choc intellectuel, et pour cause, Lucio Fulci n'en a rien à battre.
Le point (très) fort de THE BEYOND tient plutôt dans sa représentation maladive et systématique de scènes horrifiques extrêmement goooores. Morts-vivants en stade avancé de décomposition, énucléations diverses et variées, le visage d'un homme se fait dévoré par des araignées… THE BEYOND est rempli de ce genre de scènes jusqu'à l'absurde (comme l'homme tué à coups d'éclats de verre dans le visage). Mais ce qui différencie le côté trash de THE BEYOND d'une vulgaire série Z cradingue, c'est que Lucio Fulci travaille sa mise en scène avec beaucoup d'application et de talent. Découpage inventif, composition classieuse, superbe photographie, nous voici en face d'un véritable poème morbide, une ode à la bidoche faisandée qu'une formidable bande-son d'outre-tombe achèvera de rendre inoubliable.
Certes, tout n'est pas génial dans THE BEYOND. Outre le scénario prétexte ne reculant devant aucune grosse ficelle afin d'enchaîner les scènes traumatisantes (dont une belle repompe de SUSPIRIA), il faut bien avouer que les effets spéciaux de maquillage ont bien vieilli en ce nouveau millénaire. Les plus jeunes, sevrés aux effets spéciaux digitaux jusqu'à plus soif, auront beaucoup de mal à ne pas ricaner (bêtement) devant les efforts dégoulinants du père Lucio. Dommage, car ces maladresses apportent un charme supplémentaire à cette orgie de putréfaction tout en nous rappelant que ce n'est plus à notre époque que l'on risque de retrouver un tel monument de l'horreur.
Le DVD édité par EC Entertainment est une édition plutôt réussie. La grande qualité de ce pressage se trouve dans son image de très bonne facture. Quelques mini poussières blanches ont beau faire des apparitions, on reste bluffé par la beauté de la remasterisation. Ce constat est tout de même à relativiser par une comparaison avec le DVD édité par Anchor Bay, ce dernier étant pourvu d'un transfert anamorphique offrant une image dont la qualité va bien "au-delà" de cette édition.
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Le son est quant à lui plus rustique et nous propose un mono correct sans plus. Au niveau des suppléments, l'enthousiasme n'est pas de mise. La rubrique "Trailers" se compose de la bande-annonce du film ainsi que de celle de A BLADE IN THE DARK (un vieux nanar de Lamberto Bava titré LA MAISON DE LA TERREUR en France). Quelques photos du film ainsi qu'une filmographie de Fulci (sous forme de livret) achèvent rapidement la section. Y aurait-il un goût de trop peu ?
Tour à tour sublime et un peu poussif dans son scénario, THE BEYOND n'en reste pas moins un monument de cinéma gore des années 80. Avec cette édition, les fanas de tripailles transgressives, réfractaires aux éditions américaines (pour cause d'incompatibilité Zone 1 ou NTSC) seront enfin aux anges en découvrant une copie plutôt jolie. De quoi profiter comme il se doit de l'incroyable final du film, où Fulci nous livre une vision de l'enfer belle à couper le souffle.