La plus jolie fille du lycée est assassinée par un mystérieux tueur. Les autres élèves prennent peur...
En 1996, le succès de SCREAM, sorti par Dimension, filiale de Miramax, relance la mode du Slasher. Des scénarios pour des parodies sont alors vite envisagés.
Une parodie consiste à tourner en dérision des succès à la mode. Ce genre a connu un pic de popularité dans les années soixante-dix et quatre-vingts. D'abord sous les auspices de Mel Brooks, en particulier avec les succès du SHÉRIF EST EN PRISON et de FRANKENSTEIN JUNIOR. Puis, après le triomphe de leur Y-A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ?, moquant les films catastrophes, Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker, alias les ZAZ, prennent le relais avec des titres comme HOT SHOTS ou Y-A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER LA REINE ?
Au cours des années quatre-vingt-dix, suite aux échecs de Y-A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER HOLLYWOOD ? de Peter Segal ou DRACULA, MORT ET HEUREUX DE L'ÊTRE de Mel Brooks, les producteurs évitent ces comédies très référencées.
Pourtant, en 1998, lorsqu'il semble acquis que la série SCREAM n'aura que trois volets, Dimension prépare l'avenir avec cynisme en lançant ce SCARY MOVIE (titre prévu originellement pour SCREAM). Jason Friedberg et Aaron Seltzer commencent à écrire une parodie pour eux, mais ils sont écartés au profit des frères Wayans. Leur SCARY MOVIE est réalisée par Keenen Ivory Wayans et écrit par ses deux frères. La fratrie tient aussi certains des rôles principaux du métrage. Ils travaillent auparavant essentiellement pour la télévision.
SCARY MOVIE fonctionne selon la même mécanique que Y-A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ? et ses nombreux descendants. Un genre très à la mode au moment de la préparation de cette parodie est tourné en dérision, en y injectant un maximum de gags farfelus. L'abattage de blagues se doit d'être soutenu, toutes sortes de sujets de la Pop Culture du moment passent aussi à la casserole.
La structure de SCARY MOVIE est celle de SCREAM. Il s'en prend essentiellement aux films d'horreur d'alors (avec des références à SOUVIENS-TOI... L'ÉTÉ DERNIER !, LE PROJET BLAIR WITCH, SIXIÈME SENS). D'autres succès comme MATRIX et son Bullet Time ou USUAL SUSPECTS sont aussi tournés en dérision, sans grand souci de cohérence interne.
Comme chez Mel Brooks ou les ZAZ, l'humour ne fait pas toujours dans la finesse. Des succès alors récents de la comédie, comme la série des AMERICAN PIE ou les métrages des Frères Farrelly (DUMB ET DUMBER, MARY À TOUT PRIX), tapent alors au-dessous de la ceinture. SCARY MOVIE surenchérit encore dans la vulgarité.
En cela, il se distingue des SCREAM et autres SOUVIENS-TOI... L'ÉTÉ DERNIER ! Si ces métrages brisaient ostensiblement le tabou de la virginité de la Teenager dernière survivant des exactions du tueur, ils n'en restent pas moins pudiques, voire mièvres, dans leur appréhension de la sexualité et du couple. En particulier au travers des personnages interprétés respectivement par Neve Campbell et Jennifer Love Hewitt. Avec sa grossièreté en roue libre, SCARY MOVIE souligne par contraste ce trait du Néo-Slasher.
Plus globalement, SCARY MOVIE inflige à SCREAM le traitement parodique, ce qui met le film de Wes Craven, lui-même pastiche amusé des précédentes vagues de Slashers, dans la position de l'arroseur arrosé. SCARY MOVIE met en exergue la condescendance de SCREAM quant au Slasher classique, en raillant le comportement prétentieux de certains personnages.
Il faut bien reconnaître que dans l'ensemble, nous rions beaucoup devant SCARY MOVIE. Certaines scènes sont très drôles, mais nous regrettons que certains gags tombent à l'eau ou souffrent d'être trop répétitifs (les fumeurs de joints, l'homosexuel refoulé). Certains moments calquent trop fastidieusement SCREAM.
Si SCARY MOVIE n'atteint pas la densité en gags réussis de Y-A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ?, nous y trouvons quand même de quoi nous amuser. Cependant, la volonté de coller à l'actualité de son époque fait vieillir ce film très, très vite et souligne son opportunisme.
Film à petit budget, SCARY MOVIE rencontre à sa sortie un succès mondial. En France, avec 3,7 millions d'entrées, il dépasse d'un million de spectateurs SCREAM 3, le plus gros succès hexagonal de la série SCREAM ! SCARY MOVIE donne alors lieu à quatre suite jusqu'à 2013 avant de s'éteindre.
Jason Friedberg et Aaron Seltzer, crédités comme scénaristes sur SCARY MOVIE pour des raisons légales, bien que leur travail n'a pas été utilisé, vont quant à eux surfer sur cette vague en alignant sept parodies très bas de gamme comme SEXY MOVIE, SPARTATOUILLE et autres EPIC MOVIE, ressassant avec encore moins d'ambition la formule mise en place dans SCARY MOVIE.