Header Critique : HITCHER (THE HITCHER)

Critique du film
HITCHER 1986

THE HITCHER 

Jim Halsey est chargé de convoyer une voiture de Chicago vers la Californie. Il prend un auto-stoppeur en plein désert. Au bout de quelques minutes, celui-ci menace de le tuer. Le jeune conducteur parvient à le jeter hors de sa voiture...

HITCHER est le premier long métrage de Robert Harmon, jusqu'alors directeur de la photographie ou photographe de plateau (notamment sur les films fantastiques singuliers TOURIST TRAP ou FADE TO BLACK). Il s'agit aussi du premier film écrit par le scénariste Eric Red. Après être révélé par HITCHER, il se fera aussi remarquer en co-écrivant avec la réalisatrice Kathryn Bigelow le film de vampires AUX FRONTIÈRES DE L'AUBE juste après.

La vedette de HITCHER est Rutger Hauer. Après une carrière européenne plutôt tournée vers le cinéma d'auteur, cet acteur néerlandais se fait remarquer à Hollywood dans des rôles de méchants charismatiques, dans LES FAUCONS DE LA NUIT face à Sylvester Stallone ou bien sûr dans BLADE RUNNER. Il tente de s'orienter vers des rôles plus positifs ensuite, notamment dans le film de Fantasy romantique LADYHAWKE signé Richard Donner. Pour HITCHER, il reprend une figure négative en incarnant John Ryder, tueur de l'autoroute.

À ses côtés, nous trouvons C. Thomas Howell, apparu dans E.T. L'EXTRA-TERRESTRE puis révélé dans OUTSIDERS de Francis Ford Coppola. Nous retrouvons aussi Jennifer Jason Leigh, remarquée aux USA dans des comédies adolescentes comme ÇA CHAUFFE AU LYCÉE RIDGEMONT ou GRANDVIEW USA (déjà avec C. Thomas Howell). Deux films appréciés aux USA mais restés inédits en France en leur temps. Si bien que l'actrice n'est vraiment remarquée chez nous qu'avec LA CHAIR ET LE SANG de Paul Verhoeven en 1985, sulfureux film d'aventures historiques mettant aussi en vedette Rutger Hauer.

HITCHER doit beaucoup au chef-opérateur australien John Seale, notamment collaborateur de Peter Weir durant une bonne décennie, de PIQUE-NIQUE À HANGING ROCK au CERCLE DES POÈTES DISPARUS. De nos jours, il est rattaché aux dernières réussites de George Miller que sont MAD MAX : FURY ROAD et TROIS MILLE ANS À T'ATTENDRE.

HITCHER est avant tout un thriller ultra-sobre. Il frappe par la rigueur de sa réalisation qui rappelle les meilleurs films de Carpenter, en particulier ASSAUT. Harmon utilise parfaitement le format cinémascope, idéal pour filmer son "Road Movie" mortel. Les scènes d'action sont très réussies. Le réalisateur préfère des plans clairs et efficaces à des séquences bruyantes et spectaculaires.

Les décors sont parfaitement utilisés, que ce soit la chambre exiguë d'un motel ou les grands espaces californiens. De même, la structure du scénario est rigoureuse, sans scène creuse ou bavarde. Le spectateur a peu de moments de répit. Si on pense à DUEL de Steven Spielberg, dans lequel un automobiliste est harcelé par un mystérieux camion, le récit de HITCHER est plus développé et surprenant.

Les sensations de danger et de peur distillées par ce film proviennent du personnage de l'auto-stoppeur. Nous ne savons rien de son passé. Il est juste un homme qui décime par amusement tous ceux qu'il croise sur une autoroute. Sa cruauté et ses motivations mystérieuses en font un personnage imprévisible et très dangereux. Il joue au chat et à la souris avec Jim, le harcèle en cherchant la confrontation directe.

Le jeune homme tente de se dérober, en se mettant entre les mains de la police par exemple. Mais à chaque fois, le sadique le force à reprendre la poursuite. Dans ce jeu pervers, il affiche un mépris complet pour la vie humaine : il assassine gratuitement des flics, des conducteurs ou des enfants, uniquement pour agrémenter sa poursuite macabre.

HITCHER est un chef-d’œuvre grâce à son rythme saisissant et à sa réalisation implacable. Mais c'est aussi un film qui explore profondément le thème de la cruauté gratuite à travers le portrait terrifiant de cet auto-stoppeur, chef d'orchestre d'une absurde course à la mort.

HITCHER est un premier film remarqué, notamment en France où il connaît un honnête succès public. Robert Harmon et Eric Red sont alors vus comme des personnalités prometteuses. La suite de leur carrière ira pourtant en déclinant, en particulier pour Robert Harmon. Ce dernier fait une tentative de retour au cinéma d'horreur dans les années 2000, avec les passables LE PEUPLE DES TÉNÈBRES et HIGHWAYMEN, ce dernier louchant clairement vers les souvenirs de HITCHER.

HITCHER reste dans les mémoires, allant jusqu'à générer dans les années 2000 une improbable suite tardive HITCHER II, surtout destinée au marché de la vidéo. Puis un remake HITCHER, sorti dans l'indifférence. Ces deux petites productions ne sont pas désagréables en tant que telles, mais elle n'ont jamais fait d'ombre au HITCHER original, joyau marquant du Film Noir de son époque.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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