Trois éditions Blu-ray en trois ans et demi sur le territoire français, cela fait beaucoup ! Surtout pour ceux qui ont déjà acheté le film dès la sortie du premier disque en haute définition proposant TOTAL RECALL en Blu-ray. Clairement motivée par l'arrivée du remake du film de Paul Verhoeven, cette troisième édition placera Le film original de nouveau dans les rayonnages vidéo au moment où le métrage de Len Wiseman fera sa promotion. Cela aura au moins le mérite d'obtenir, ce coup-ci, un Blu-ray contenant pas mal de suppléments !
Pour ce nouveau Blu-ray, StudioCanal nous avait annoncé un tout nouveau transfert en haute définition de TOTAL RECALL supervisé par Paul Verhoeven lui-même. A l'écran, l'évolution reste subtile. A moins de faire une comparaison directe avec les précédents Blu-ray, on n'est pas frappé par une véritable différence notable. Ce qui est plus sûr, c'est que l'on retrouve les mêmes défauts déjà notés auparavant mais qui, en réalité, sont surtout à imputer aux conditions de création du film. Ainsi, on notera des différences de qualité ou de couleurs d'un plan à un autre simplement en raison de l'utilisation des effets spéciaux. Il est bon de rappeler que TOTAL RECALL a été confectionné quasi intégralement sans aucun effet numérique. En dehors d'une courte scène réalisée avec des images de synthèse, le reste du métrage a ainsi été réalisé à «l'ancienne». Et certaines des techniques utilisées se montrent très visible aujourd'hui. Néanmoins, il ne s'agit en rien d'un défaut du Blu-ray. Celui-ci propose un transfert 1080p/24 qui nous offre le reflet de ce qu'était TOTAL RECALL dans les salles de cinéma au début des années 90. On pourra éventuellement noter ici ou là quelques petits soucis mais l'image se montre assez souvent spectaculaire. Les maquillages des mutants sont ainsi retranscrit avec force de détail et les gros plans sur les visages s'avèrent franchement très réussis. Seul bémol, au niveau de l'image, on ne sent pas vraiment de différence avec la précédente édition du film en Blu-ray.
Pas de véritable différence très notable non plus sur le son. On retrouve la version originale ainsi que le doublage français en DTS HD Master Audio 5.1. Les deux pistes ne réinventent pas la bande-son d'origine et se contentent de la retranscrire. Du coup, forcément, si on compare avec des films plus récents, le son pourra paraître peu développé et le plus souvent axé sur l'avant. Toutefois, lors des séquences les plus démonstratives, le rendu se montre moins timide. Cela n'a donc pas la même finesse que les pistes 5.1 de ces dernières années mais le résultat reste agréable à l'oreille et sonorise TOTAL RECALL de manière bien rentre dedans lorsque c'est nécessaire (explosions, fusillades…).
La différence véritablement sensible de cette nouvelle édition de TOTAL RECALL en Blu-ray, on la ressent donc du côté des suppléments. En effet, cette fois, l'éditeur a repris l'intégralité, ou presque, de ce qui était proposé en DVD. Evidemment, cela veut dire que si vous aviez déjà l'édition DVD la plus complète, vous allez retrouver du contenu déjà vu. C'est le cas du making-of d'époque qui s'ouvre sur la publicité, dans sa version intégrale, de Rekall qui est aperçue sur les écrans du métro dans le film. Par la suite, on peut découvrir une petite bande promo alternant interviews d'époque, scènes de tournage et dessin de production. Le discours est forcément promotionnel et ne rentre jamais vraiment dans les détails. Pour cela, il faudra plutôt se tourner vers le documentaire «Imagining Total Recall», celui-ci dresse donc un portrait plus didactique et réaliste de la création du film avec des interviews plus récentes de Paul Verhoeven, Jerry Goldsmith ou encore Arnold Schwarzenegger. Un peu tous les aspects de la création du film sont abordés au point qu'il impose une certaine redondance à la plupart des autres suppléments.
Comme sur le DVD français, on peut aussi découvrir un supplément d'un peu plus d'un quart d'heure où deux spécialistes des effets spéciaux décryptent certaines séquences du film. Il est tout de même bon de noter que les deux intervenants n'ont pas travaillé sur TOTAL RECALL. Heureusement, ce nouveau Blu-ray reprend un supplément qui était sur la précédente édition en haute définition et qui donne la parole, cette fois, à deux techniciens qui ont justement participé à TOTAL RECALL. Ce documentaire se montre, du coup, bien plus intéressant et logique. Surtout que dans le cas de la leçon de cinéma, l'un des deux intervenants parlent en français mais avec un fort accent anglais ce qui ne rend pas aisé la compréhension. Néanmoins, ces deux suppléments se complètent, le plus ancien est surtout axé sur les maquillages alors que le plus récent évoque plus particulièrement la séquence numérique.
Issu du DVD, encore une fois, une interview de Stephane Bourgoin donne des informations sur la place de Mars dans la littérature et le cinéma avant de parler un peu de Philip K. Dick. Si ce supplément pouvait faire illusion en 2001, une dizaine d'années plus tard, il se montre bien trop léger. L'habillage est aussi assez étrange puisque l'on nous place, par exemple, des illustrations d'un film de Santo alors que l'on évoque une autre période cinématographique et que celui-ci ne sera de toutes façons même pas cité. Même l'évocation de la littérature est un peu expédiée. On n'évoque même par le cycle de Mars d'Edgar Rice Burroughs. Gênant puisqu'il est fort probable que l'histoire d'une machine à atmosphère soit justement issue des écrits d'Edgar Rice Burroughs qui ne seront porté à l'écran que récemment dans JOHN CARTER. Evidemment, en huit minutes, il apparaît difficile d'être exhaustif mais il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui cette intervention semble un peu dépassée.
Du neuf, on en découvre tout de même avec une interview de Paul Verhoeven réalisée spécialement pour cette nouvelle édition. L'occasion pour le réalisateur hollandais de revenir sur la genèse du projet, sa relation avec la science-fiction ou d'évoquer quelques anecdotes. Un peu plus d'une demi-heure qui s'avère fort sympathique et qui ne font pas totalement doublon avec le reste des suppléments. Parmi les nouveaux suppléments, on peut aussi découvrir un module vidéo qui nous propose de voir la différence entre une image brute et la version restaurée du film qui nous est proposée ici. Sans commentaire ni explication, on découvre une succession de scènes avec un résultat qui laisse tout de même perplexe. En effet, on passe d'une image grisâtre et sans relief, à l'image proposée sur le Blu-ray. Incompréhension pour notre part puisque cette comparaison se montre donc peu probante dans le sens où les éditions Blu-ray précédentes, parues en France, n'avaient rien à voir avec une image manquant de définition et de contraste comme celle présentée ici.
D'autres suppléments sont un peu plus difficiles à trouver. Le premier commentaire audio est accessible en passant par l'option du choix des langues. Il permet de retrouver Paul Verhoeven et Arnold Schwarzenegger sur toute la durée du métrage. S'il ne s'agit pas du meilleur commentaire audio que nous ayons pu entendre, il se suit de façon plutôt sympathique et ce même s'il est assez inégal. En effet, lors de certains passages, les deux intervenants ne font que raconter ce que l'on voie à l'écran. Cela s'avère déjà un peu plus intéressant lorsqu'ils se mettent à discuter de points plus précis à propos de la création du film.
Un autre commentaire audio est disponible sur ce Blu-ray. Mais il faut ruser pour le trouver. A l'instar de la précédente édition Blu-ray, le choix de la langue au moment de l'insertion du disque ne sera pas anodin puisque les suppléments seront sensiblement différents. Et, justement, si vous choisissez l'Allemagne, vous serez dirigé vers des menus en allemand. Et, une nouvelle fois dans la partie du choix audio, vous trouverez un commentaire audio qui n'apparaît pas sur les menus français. C'est le directeur de la photographie Jost Vacano qui s'exprime sur le film dans sa langue natale, c'est à dire en allemand. Curieusement, si ce commentaire audio n'apparaît pas sur les menus britanniques, on peut tout de même activer un sous-titrage anglais. Plutôt salvateur dans le cas où l'on ne comprendrait pas du tout l'allemand. Jost Vacano est accompagné par Marko Kregel. Ce dernier préparait à ce moment là un livre sur Jost Vacano qui est sorti depuis sous le titre «Jost Vacano : Die Kamera als Auge des Zuschauers». L'auteur profite d'ailleurs du commentaire pour attirer l'attention sur cet ouvrage qui ne paraîtra que quelques années plus tard. Toutefois, heureusement qu'il est présent puisque c'est lui qui relance assez souvent Jost Vacano en lui posant des questions sans quoi on imagine que des blancs s'installeraient. Mais rapidement, on se rend compte qu'il s'agit plus d'une interview tant Jost Vacano oublie les images qui passent devant lui, préférant s'exprimer sur des points plus théoriques de son métier ou de la création des films et pas spécialement liés à TOTAL RECALL. A l'arrivée, l'impression est mitigée et ce commentaire s'avère aussi inégal que celui que Paul Verhoeven tout en se montrant finalement moins informatif par rapport au film en lui-même.
Evoquons des soucis dans les sous-titrages des suppléments. Par exemple, le nom de Rob Bottin est orthographié «Rob Botine» à deux reprises sur l'interview de Paul Verhoeven. A l'évidence, personne n'a pensé à vérifier le nom du fameux maquilleur. Plus étonnant, sur le commentaire audio de Paul Verhoeven et Arnold Schwarzenegger, le terme «Mole» est traduit en «Centre commercial». Bien sûr, l'accent autrichien et hollandais des deux intervenants ont pu mener à la confusion avec «Mall» mais plus tard le terme est correctement traduit. Malheureusement, les sous-titrages souffrent de plus en plus de ce genre de problème chez la plupart des éditeurs.
Enfin, le disque contient aussi la bande-annonce du film, mais pas le «Teaser» vu dans les suppléments, ainsi qu'une galerie de photos. Cette dernière propose une vingtaine de clichés ce qui semble un peu pauvre. En effet, il aurait été possible de présenter les dessins de production, des photos de tournage ou encore les divers éléments promotionnels tels qu'affiches ou produits dérivés (un jeu vidéo était même sorti en 1990). Cette petite galerie a tout de même le mérite d'exister mais sur cette seule réflexion, on peut déjà imaginer qu'une autre version encore plus «ultime» pourra encore voir le jour... Quoi qu'il en soit, cette "Ultimate Rekall Edition" est proposée avec dans la même boîte le Blu-ray, un DVD ainsi qu'une copie digitale du film, le tout à un prix attractif d'un peu moins de quinze euros.