Deux jeunes gens s'introduisent dans un camp secret de l'armée américaine et profitent d'un somptueux bassin olympique pour prendre un bain de minuit. Comment pouvaient-ils se douter que des piranhas modifiés génétiquement hantaient ces eaux paisibles ? Maggie McKeown (Heather Menzies) est engagée pour retrouver le couple de campeurs ; elle dénichera pour unique aide dans la région un ermite alcoolique : Paul Grogan (Bradford Dillman).
1978, LES DENTS DE LA MER ont fait un véritable raz-de-marée au box-office et il faut attendre trois ans pour qu'un vieux briscard d'Hollywood comme Roger Corman s'engouffre à son tour dans le sillage du grand squale. Et il y a urgence, car JAWS 2 sort le même été. Roger accorde donc avec sa légendaire bonté d'âme 22 jours de tournage et 200.000 dollars de budget en moins ! soit un total avoisinant les 700.000 dollars.
Regarder LES DENTS DE LA MER et PIRANHA, c'est un peu comme jouer au jeu des sept erreurs du quotidien local en quelque sorte, sauf que pour sa seconde réalisation Joe Dante adopte un ton beaucoup moins sérieux que Spielberg. La légende dit que le cinéaste considérerait PIRANHA comme la meilleure imitation de son film et que cela serait la raison pour laquelle Dante se vit accorder la réalisation de GREMLINS.
PIRANHA est un film pour "bisseux" purs et durs, toute autre personne normalement constituée vous regardera différemment si vous avez le malheur d'exploser de rire suite à des dialogues aussi savoureux que : "Oh dans le ciel Superman!" (maintenant je sais comment détourner l'attention d'un militaire qui me barre le chemin), "Les poissons mangent les invités" (pourtant le chef de camp avait bien précisé que c'était l'inverse, pfff, encore un qui s'est levé acheter son pop-corn pendant le film).
Je m'égare, nous ne sommes pas la pour rigoler mais pour avoir une bonne dose de sang et sur ce point nous sommes gâtés. Rassasiés même, car aux effets spéciaux nous avons ce qui se fait de mieux ; les si jeunes et déjà si talentueux Rob Bottin, Jon Berg et Phil Tippet (l'équipe de la Cantina de STAR WARS). Y aurait-il de l'animation image par image ? Cela fut envisagé en pré-production pour tous les plans mettant en scène les poissons carnivores. Finalement une solution plus caoutchouteuse fut retenue. Il y a quand même une poignée de plans utilisant le stop-motion pour une sorte d'iguane bipède, certes réussi, mais totalement inutile à l'intrigue...un ange passe.
Nous retiendrons donc que le piranha entraîné par l'armée est d'humeur rancunière. Il faut le comprendre : on l'éduque, on le bichonne comme il faut dans une eau à température idéale pour qu'il aille ensuite dîner asiatique dans les rivières du Nord Viêt-nam (opération RazorTeeth) et comble de malchance, plus de guerre. On tente de l'éliminer, mais il s'adapte (il nous sortirait bientôt des palmes et un tuba le bougre) et se retrouve en liberté (merci à l'idiote de service, que feraient les amoureux de films de genre sans elle ?).
"Search and destroy", il n'y a pas plus simple comme plan et pas de pitié : retraité paisible avec un pied à terre au bord de l'eau, gentille organisatrice, enfants, plongeur émérite, gradé de l'armée, tout y passe pour notre plus grand bonheur. La rivière bouillonne d'une couleur rouge sang du plus bel effet (à tel point qu'elle fut réellement polluée par la combinaison de produits utilisés).
Un jour ou l'autre nous sommes tous en proie à l'existentielle question : pourquoi j'aime ce genre de films ? Vous voulez la réponse ? L'extermination des piranhas passe par la pollution de leur milieu : l'eau, "It will kill anything. We'll pollute the bastards!" On peut pas faire plus anti-écologique et plus anti-politiquement correct. Ha si... ils auraient pu tuer le chien !.
Techniquement parlant l'image souffre de temps à autre d'une forte granulation dans les arrières plans (mais ces passages sont rarissimes) et elle n'est pas présentée dans son format cinéma (voir le générique) ; la bande son mono d'origine a aussi quelques faiblesses lors de certains dialogues (accrochez-vous parce qu'il n'y a aucun sous-titre). Le making-of de 10 minutes est un montage alternant des sources noir et blanc et couleurs (à la grande surprise des commentateurs), court mais toujours plus intéressant qu'une featurette. On peut aussi résumer les "bloopers" à "oops j'ai oublié les dialogues". Les fans de Roger Corman seront ravis de découvrir 6 autres bandes-annonces maison (haaa DEATH RACE 2000, GRAND THEFT AUTO...). Pour finir, fait rare, les deux livrets ne sont pas dénués d'intérêt loin de là : l'un est la reproduction livret de presse et l'autre relate la carrière de Corman.