Header Critique : FIRST MEN IN THE MOON (LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE)

Critique du film et du DVD Zone 1
FIRST MEN IN THE MOON 1964

LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE 

Après le superbe JASON ET LES ARGONAUTES, le tandem formé par le producteur Charles H, Schneer et le spécialiste des effets spéciaux Ray Harryhausen décide, à l'instigation du second, d'adapter un roman de H.G. Wells, un des pères fondateurs de la littérature de science-fiction. Auparavant, Ray Harryhausen a déjà tenté d'acquérir les droits du livre "The Food of the Gods", mais il s'est fait coiffer au poteau par Bert I. Gordon, lequel en tire deux films : VILLAGE OF THE GIANTS et SOUDAIN... LES MONSTRES. Harryhausen se rattrape donc au début des années 60 en s'attaquant au livre "Les premiers hommes dans la lune", roman narrant le voyage de deux hommes vers la Lune ainsi que l'exploration de cet astre.

Sorti après les triomphes des livres "La machine à explorer le temps", "La guerre des mondes", "L'île du Docteur Moreau" ou de "L'homme invisible", "Les premiers hommes dans la Lune" de 1900 est un peu moins connu que les classiques suscités. Il faut dire que la proximité de son sujet avec les deux Jules Verne "De la Terre à la Lune" et "Autour de la Lune", parus quelques années avant, en faisait un titre moins original. "Les premiers hommes dans la Lune" a néanmoins déjà été transposé sur grand écran avant les années 1960. En effet, LE VOYAGE DANS LA LUNE de Méliès s'inspire aussi bien de "De la Terre à la Lune" (pour le voyage) que de "Les premiers hommes dans la Lune" pour la rencontre avec les Sélénites ! En 1919, une version plus officielle a aussi été tournée en Grande-Bretagne, en 1919, sous le titre THE FIRST MEN IN THE MOON.

Schneer et Harryhausen, donc, se mettent en tête d'adapter à nouveau ce roman au début des années 60. Le film se tourne en Europe, ici uniquement en Grande-Bretagne, avec le soutien de la Major américaine Columbia. Les deux rôles principaux, ceux du savant Joseph Cavor et de l'aventurier Arnold Bedford, sont tenus par deux comédiens familiers à l'amateur de fantastique britannique. Le premier est incarné par Lionel Jeffries (apparu dans les Hammer LE MONSTRE et LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN), et le second par Edward Judd, (qu'on vit dans LE JOUR OU LA TERRE PRIT FEU ou L'ILE DE LA TERREUR).

En guise de metteur en scène, Harryhausen et Schneer choisissent Nathan Juran, avec lequel ils ont déjà collaboré pour A DES MILLIONS DE KILOMETRES DE LA TERRE et LE SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD. Enfin, pour compléter cette bonne équipe, sont recrutés comme scénaristes Jan Read (il vient de participer à l'écriture de JASON ET LES ARGONAUTES) et Nigel Kneale en personne, le créateur de Quatermass et de nombreuses séries télévisées fantastiques anglaises réputées !

En 1964, une expédition spatiale des Nations Unies alunit solennellement. Ses membres sont convaincus d'être les premiers hommes à fouler le sol de notre satellite. Quelle n'est pas leur déconvenue quand ils découvrent qu'un petit drapeau anglais y a été déposé plusieurs dizaines d'années auparavant ! Des hommes sont déjà venus sur la Lune et personne n'était au courant ! Une mission spéciale de l'ONU est alors dépêchée auprès d'Arnold Bedford, repéré suite à une enquête. Il s'agit du dernier survivant de cette folle expédition qui a eu lieu aux alentours de 1900 ! Maintenant un vieillard confié aux soins d'une maison de retraite, Arnold Bedford leur raconte son aventure extraordinaire, son voyage vers la Lune à bord de la nef spatiale créée par le professeur Cavor, et leur rencontre avec les inquiétants Sélénites !

Le roman "Les premiers hommes dans la Lune" se distingue par un ton assez badin, voire franchement proche de la comédie par moment, en particulier en ce qui concerne les préparatifs de l'expédition ou la rencontre de Cavor et Bedford. Toutefois, le livre devient plus grave progressivement, en particulier dans sa dernière partie, laquelle consiste en la description de la société des Sélénites et surtout de leurs intentions quant à l'humanité. Des intentions en fin de compte assez malveillantes, qui ont parfois fait considérer "Les premiers hommes dans la Lune" comme une "prequel" de "La guerre des mondes" - à l'exception que les habitants de la Lune remplacent les Martiens bien sûr.

"Les premiers hommes dans la Lune" est aussi un roman ayant la particularité de se dérouler aux alentours de 1900. Mais cela ne constitue en rien un souci pour un film de science-fiction tourné au début des années 60. En effet, la mode de la science-fiction "rétro", lancée par le 20 000 LIEUES SOUS LES MERS du studio Disney, reste vivace comme le prouve le succès, en 1960 de LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS d'après H.G. Wells justement. Le thème de l'exploration spatiale a déjà été traité sur ce mode, avec DE LA TERRE A LA LUNE, un film américain de 1958 inspiré bien entendu du roman homonyme de Jules Verne : réalisé par Byron Haskin, et en dépit des présences de Joseph Cotten et George Sanders, il s'agissait hélas d'un film assez ennuyeux, souffrant d'un budget trop faible par rapport à ses ambitions. Profitons-en pour signaler une autre transposition des écrits de Jules Verne datant de la même période et abordant le même sujet... LE GRAND DEPART, film anglais de Don Sharp, produit par Harry Alan Towers : malgré une distribution sympathique, réunissant Lionel Jeffries, Gert Frobe ou Terry-Thomas, il s'agit d'une pantalonnade plutôt lourdingue.

En vue d'adapter "Les premiers hommes dans la Lune", Jan Read et Nigel Kneale y incorporent tout de même une certaine dose de modernité. Pour se faire, ils introduisent une narration en flash-back. L'action démarre bien au moment où le film a été tourné, dans les années 60, en plein apogée de la course à l'espace entre les deux grandes puissances de la Guerre Froide. LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE s'ouvre alors sur une séquence de voyage spatiale reconstituée de manière aussi réaliste que possible : une expédition internationale se pose sur la Lune et l'explore.

Néanmoins à l'exception de cette introduction, LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE reste fidèle aux grandes lignes de sa source littéraire. Certes, un personnage féminin - la fiancée de Bedford - a été ajoutée, apparemment à la demande de la production, afin d'assurer une identification plus facile pour tous les spectateurs et spectatrices. Certes, la chronologie des évènements est parfois bousculée. Dans le roman, Bedford quitte la Lune sans avoir atteint le cœur de celle-ci, à savoir la ville des Sélénites, seul Carvor ayant le privilège de l'explorer. De même, la fin est elle aussi différente, ce qui est rendu nécessaire par la narration en flash-back. Mais si la fin du film trahit un peu celle du roman, elle n'en reste pas moins fidèle au travail de H.G. Wells, puisque dans la lignée de "La guerre des mondes" !

Un des principaux attraits de ce film pour l'amateur de fantastique est, bien entendu, la présence d'effets spéciaux signés par Ray Harryhausen. Toutefois, celui-ci ne s'y livre pas à une de ses habituelles débauches de monstres animés image par image. Il faut dire que le roman s'y prête peu et que, le scénario lui restant assez fidèle, il y a peu d'occasions de montrer des créatures de toutes sortes. Seuls les chefs des Sélénites et les veaux lunaires ont droit à ce traitement de faveur - quoiqu'un des squelettes de JASON ET LES ARGONAUTES fasse aussi une petite apparition surprise ! La démarche n'est donc pas celle de L'ÎLE MYSTERIEUSE pour lequel le roman avait été totalement revisité et modifié afin de permettre l'incorporation, assez artificielle, de nombreuses créatures fantastiques. Ici, l'intégrité de la source littéraire a primé.

Les Sélénites communs, quant à eux, trop nombreux pour être animés à la main selon les méthodes de Harryhausen, sont incarnés par des acteurs de petite taille dans des costumes un peu farfelus. Ce qui, dans le cadre de ce film sans prétention et au ton fantaisiste, ne constitue en rien une gêne. Le travail de Harryhausen s'est avant tout concentré sur des incrustations et des vols spatiaux, sur la création de décors et l'insertion de personnages dans ses visions grandioses et variées. Le tout est servi par un format scope apportant une ampleur très appréciable dans ce film d'exploration.

Quoi qu'il en soit, LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE est loin d'être la plus connue ou la plus appréciée des productions Schneer-Harryhausen. Certes, son humour est parfois balourd, infantile. La mise en place de l'expédition s'éternise sans doute trop et l'interprétation n'est pas inoubliable. Pourtant, ce long métrage ne manque pas de qualités. Ambitieux, coloré, il propose quelques superbes séquences de science-fiction. L'ouverture avec l'alunissage du module spatial ; l'exploration de la surface de la Lune par Bedford et Cavor ; la traversée des tunnels sélénites... L'ampleur des effets spéciaux et le solide professionnalisme de Nathan Juran, expert dans la création cinématographique d'univers fantastiques et enchanteurs, en font une jolie réussite, trop souvent négligée dans l'histoire du cinéma fantastique d'alors.

Il faut aussi rappeler qu'à sa sortie, le film a connu un échec critique et, surtout, commercial tel que Harryhausen et Schneer mirent fin temporairement à leur association amorcée en 1955 avec LE MONSTRE VIENT DE LA MER. Ray Harryhausen va alors collaborer avec la Hammer pour UN MILLION D'ANNEES AVANT JESUS CHRIST. Il sera même question qu'il travaille pour cette firme à un remake de KING KONG ! Mais, en fin de compte, Schneer et Harryhausen reformeront leur équipe pour LA VALLEE DE GWANGI, sorti en 1969.

En DVD, LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE a été publié dès 2002 aux USA, chez Columbia, dans leur fameuse "Ray Harryhausen Signature Collection". C'est ce disque que nous allons chroniquer ici. Le film est proposé dans une copie au format scope 2.35, dans un télécinéma 16/9. La qualité est globalement très bonne, même si certains signes de moirages et d'instabilité se font sentir par endroit. Un bon télécinéma, proposant en particulier d'une définition correcte et de belles couleurs.

La seule bande-son disponible sur ce disque est la version originale anglaise mixée en 4.0 (à savoir voie avant, voie gauche, voie droite, et voies arrières alimentées en mono). Ce mixage s'avère soignée et met particulièrement bien en valeur la musique et les ambiances extraterrestres. Ce mixage a sans doute été concocté à partir de celui des copies 70mm - 6 pistes distribuées à la sortie du film (tourné initialement en 35mm). Il ne s'agit donc pas d'un "remix" improvisé récemment pour des raisons bassement commerciales, mais bien d'une retranscription de l'expérience que pouvait constituer le visionnage en salles de LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE, dans les meilleures conditions possibles. Nous trouvons aussi des sous-titres parmi lesquels - divine surprise ! - un sous-titrage français.

En guise de suppléments, les habitués des disques Columbia dédiés aux travaux de Ray Harryhausen ne seront pas perdus. Nous y retrouvons, comme sur plusieurs autres disques de cette collection, la featurette d'époque "This is Dynamation" et l'excellent documentaire "The Harryhausen Chronicles". Nous y trouvons aussi les bandes-annonces de LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD et LE SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD (au format 1.33), ainsi que celle de LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE (en 1.77 et 16/9). Le seul supplément réellement spécifique à ce disque est une petite galerie de photographies de plateau dédiée à LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE.

Ce disque américain, est disponible individuellement ou au sein du coffret The Fantastic Films Of Ray Harryhausen, Legendary Science Fiction Series. Précisons aussi qu'il existe un disque Zone 2 équivalent, distribué notamment en Grande-Bretagne, qui propose aussi bien un doublage français que des sous-titres francophones. Un disque que, malheureusement, Gaumont/Columbia Tristar n'a pas encore jugé utile de distribuer dans notre pays...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
FIRST MEN IN THE MOON DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h43
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • The Harryhausen Chronicles (57mn42)
    • This is Dynamation (3mn26)
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