Il y a quelques décennies de cela, Elvis a échangé sa célébrité contre l'anonymat d'un artiste gagnant sa vie en tant que sosie du King. Attendant son heure dans une maison de retraite, Sebastian Haff passe pour un doux dingue lorsqu'il affirme être le véritable roi du rock'n'roll aux employés de l'établissement. Normal puisque officiellement, le Elvis de substitution est déjà mort dans son coin. Mais, un beau jour, une créature maléfique se met à rôder la nuit dans les couloirs de cette maison de petits vieux…
Après avoir traîné ses bandelettes à travers le monde pendant tant d'années, on désespérait de voir BUBBA HO-TEP toucher officiellement le sol français ! Enfin, bandelettes, ce n'est peut être pas le bon terme puisque le film de Don Coscarelli n'est pas vraiment un film de momie traditionnel. Il en aurait même été plutôt surprenant de la part de l'auteur des PHANTASM ou encore du très sympathique DAR L'INVINCIBLE. En fait, si au centre de BUBBA HO-TEP, on trouve des personnages vieux et rabougris, ce sont surtout les pensionnaires d'une maison de retraite où se retrouve le véritable Elvis qui, comme chacun sait d'après la légende, est toujours vivant. Comme ses autres compagnons vieillissant, il dépérit dans un endroit qui a de sales airs de mouroir. En compagnie d'un John Fitzgerald Kennedy, non je ne déconne pas, il va reprendre du poil de la bête pour éviter qu'une créature ancestrale ne vienne lui sucer sa dernière goutte d'énergie. Ca a donc l'odeur d'une vilaine parodie mais ce BUBBA HO-TEP est très différent de ce que son sujet pouvait laisser supposer. Plutôt qu'emprunter la voie de la gaudriole facile, le métrage se déroule paisiblement sur un ton de comédie amère empreint de nostalgie et d'une grande tristesse. La momie, puisqu'il y en a une, n'est ainsi que le catalyseur offrant à nos héros, en déambulateur et fauteuil roulant, l'opportunité de réaliser leur dernier baroud d'honneur. Mature et intelligent, BUBBA HO-TEP injecte, avec ses petits vieux, bien plus de sang neuf dans le cinéma d'horreur que la flopée des métrages aussi impersonnelles et décérébrés que les jeunes victimes qui s'y affichent !
Nous avions déjà chroniqué BUBBA HO-TEP au moment de la sortie du DVD américain. Plutôt que vous refaire un long texte sur le film, nous vous conseillons plutôt de vous reporter vers la chronique d'Eric Dinkian. Et nous parlerons ici plus largement de l'édition française qui est enfin arrivée ! WE Production a donc eu le temps de peaufiner son édition DVD. Contre toute attente, ce n'est pas un portage du contenu de l'édition DVD américaine qui nous est offerte mais plutôt de l'édition parue en Grande Bretagne. En effet, en mars 2005, les Anglais de Anchor Bay UK avait sorti leur double DVD en reprenant le contenu du disque paru chez MGM aux Etats-Unis tout en y ajoutant des suppléments de leur propre cru. WE Productions reprend donc les suppléments disponibles sur le double DVD anglais qui reprenait lui-même le contenu américain, chacun l'enrichissant au fur et à mesure.
Sur le premier disque, la logique veut que l'on y trouve le film et c'est bien le cas. Proposé dans son format cinéma avec un transfert 16/9 qui n'a rien à envier aux autres éditions du film, on soulèvera seulement quelques petites réserves à propos d'une compression qui n'est pas à 100% maîtrisée. Pas de quoi se fouetter les yeux. A noter qu'il s'agit d'une copie américaine où, à quelques rares passage, il a des sous-titrages incrustés sur l'image et sur laquelle le disque français est obligé d'apposer sa propre traduction par dessus. Le résultat n'est pas très joli mais peut être n'existe t'il pas de versions du film sans ces titrages anglais (on en doutes quand même !). Pour vos oreilles, le choix est vaste mais il faut tout de même être clair et net ! La prestation de Bruce Campbell n'a de pertinence qu'en version originale. Le doublage français est, soyons poli, artistiquement à côté de la plaque. Que ce soit la goûteuse version anglaise ou le doublage français, vous aurez le choix entre une piste en stéréo ou du Dolby Digital 5.1. Ce dernier est largement plus dynamique et ample sans compter qu'il réserve quelques surprises en termes d'effets directionnels sur certaines scènes.
En plus du film, le premier disque nous permet de retrouver les deux commentaires audio déjà disponibles sur le DVD américain. Celui qui réunit Don Coscarelli et Bruce Campbell ne fera que des heureux tant les deux hommes évitent d'entrer dans des propos ennuyeux ou abscons. Au contraire, ce bout de chemin avec le réalisateur et l'acteur permet de redécouvrir le film en image et de belles façons. Ce sera moins le cas pour le second commentaire audio. Partant d'une bonne intention, cette piste laisse Bruce Campbell partir en free style d'improvisation. L'acteur joue donc le rôle d'Elvis qui découvre le film. Marrant au début, saoulant au bout de quelques minutes. Ce qui aurait pu être un gag a bien du mal à s'étirer sur toute la durée du film.
Toujours sur le premier disque, on peut découvrir la bande-annonce de BUBBA HO-TEP. Mais il y a là deux suppléments inédits en un qui s'ignorent. Inédit mais plus ou moins anecdotique. Si vous sélectionnez la bande-annonce en version française (VF), vous pourrez voir le Trailer américain avec le doublage à se taper la tête contre les murs. Inédit ! Par contre, si vous choisissez la version originale (VOST), vous pourrez voir la bande-annonce française, les titrages sont dans notre langue, avec la piste sonore en anglais. Inédit et donc bizarre cette inversion… mais inédit tout de même !
On passe ensuite à des biographies. De vrais textes, ce qui change des trois phrases envoyées avant une filmographie comme souvent vus sur d'autres DVD, où se mêlent citation des intéressés et informations. Un bon point ! Toutefois, il faudra se contenter de celles de Bruce Campbell, Ossie Davis et Don Coscarelli. Des trois, seuls Bruce Campbell a droit à une très courte filmographie sélective à la fin de son texte et qui fait la part belle aux gros films. En plus de ces trois biographies sérieuses, il y a aussi trois autres textes du même genre mais complètement inventés pour Bubba Ho-Tep, Kennedy et Sebastian Haff.
Le dernier supplément du premier disque est une présentation du film par Bruce Campbell. Elle n'était disponible auparavant que sur l'édition anglaise. En fait de présentation au film, c'est avant tout une vidéo enregistrée en vue d'être projeté à l'avant-première anglaise du film. Les propos de l'acteur sont d'ailleurs assez clairs à ce sujet. Cette petite prestation s'avère amusante surtout que Bruce Campbell la termine de manière assez sournoise. Il est assez connu que l'acteur en a un peu marre qu'on lui pose sans arrêt des questions à propos d'un quatrième EVIL DEAD et il choisi tout naturellement de s'en moquer en feignant de recevoir un appel téléphonique à ce propos !
Cette avant-première anglaise, on la retrouve sur le deuxième disque toujours avec un segment vidéo qui n'était jusque là disponible que sur l'édition anglaise. Don Coscarelli répond donc aux questions du public. Lorsque le cinéaste a fini de parler, ne retournez pas trop vite au menu puisque l'on y trouve aussi une intervention de Edgar Wright, réalisateur de SHAUN OF THE DEAD, présent ce soir là. Toujours issus de l'édition anglaise, on peut voir deux interviews. La première met une nouvelle fois en scène Don Coscarelli qui revient sur ce projet cinématographique. La seconde interview fait de même mais cette fois, c'est Bruce Campbell qui s'exprime. Les deux interviews sont complémentaires mais introduisent des points de divergences concernant l'attribution du rôle d'Elvis ce qui peut laisser dubitatif. Ce n'est pas grave, l'important est avant tout l'aspect informatif et convivial de ces deux interviews.
Provenant directement de l'édition américaine, on retrouve les quatre Featurettes dans la section «Making Of». Si le premier parle d'une manière générale de la confection du film en survolant un peu tout, les trois autres entrent un peu plus dans le détail. Vous pourrez ainsi en apprendre un peu plus sur la création de la momie au sein des studios KNB, sur la confection des costumes ou encore sur la musique composée par Brian Tyler. Des vidéos qui vont droit à l'essentiel sur leurs sujets respectifs. Notez que si les quatre modules sont placés les uns à la suite des autres.
Pour avoir une idée du respect de l'adaptation du livre vers le film, il y a une lecture du premier chapitre par l'auteur Joe R. Lansdale. Cette lecture se fait sur un montage de photos issues du film et sur lesquelles ont été appliqués un film pour leur donner un côté peinture. Le disque contient aussi quelques scènes coupées, toujours issues du DVD américain, qui s'avèrent assez anecdotique. Et là où WE Production a commis une bévue, c'est en ne proposant pas (en tout cas nous n'avons pas trouvé comment) le commentaire audio de Don Coscarelli et Bruce Campbell qui offrait des informations sur chacune de ces scènes proposées, maintenant, les unes après les autres.
Toujours en rapport avec le film, on trouve sur le second disque un spot TV et une bande annonce présentée en enfilade. La galerie de photo paraît bien courte et se déroule automatiquement sur un peu plus de trente secondes. Un effet a été appliqué sur l'image pour donner l'impression de visionner une pellicule couverte de griffures et tâches. Un effet de style qui paraît un peu incompatible avec l'envie de visionner des clichés. On finit avec un clip musical où l'on retrouve Brian Tyler en studio mélangé avec des images du film.
Sur le premier disque, le contenu supplémentaire inédit se résumait à une bande annonce américaine en langue française et à la bande annonce française en langue anglaise. Mais, de l'inédit, il y en a un peu plus sur le second disque. Toutefois, il faut souligner qu'il s'agit essentiellement d'ajouts annexes ne se rapportant jamais directement à BUBBA HO-TEP. Ainsi, un petit documentaire nous emmène à la découverte du dirigeant du fan club français d'Elvis et de la boutique qui est, on le suppose, gérée commercialement par le même fan club. Un supplément surprenant et sympathique mais qui montre ses limites lorsqu'il s'arrête. En effet, il apparaît carrément surréaliste de s'adresser à un spécialiste d'Elvis sans même lui poser la question essentielle qui aurait légitimé correctement sa présence sur le DVD. Il aurait peut être fallu tout simplement lui demander s'il avait vu le film (et si ce n'est pas le cas le lui montrer) et ce qu'il en avait pensé ! On peut même extrapoler dans le sens où un spécialiste aurait pu parler des autres faux Elvis vus sur les écrans de cinéma. On pense par exemple à Val Kilmer dans TRUE ROMANCE ou encore, pour une évocation plus "factice", à DESTINATION : GRACELAND.
L'inédit suivant ne se rapproche finalement pas plus de BUBBA HO-TEP. C'est avant tout un court-métrage d'animation où un Ash, personnage principal de EVIL DEAD, affronte un Connor, personnage principal de HIGHLANDER, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Amusant car l'on retrouve donc un Bruce Campbell en pâte à modelée face à un Christophe Lambert façonné de la même manière. Cet intermède rigolo est suivi d'une petite interview du réalisateur du court-métrage DEBIL DEAD.
Si l'on peut critiquer de petites anicroches (la perte des commentaires audio sur les scènes coupées ?), le bilan est quand même largement positif ! Car pour ceux qui ne maîtrisent pas parfaitement la langue anglaise, ce double DVD à la gloire de BUBBA HO-TEP propose des sous-titrages systématiques sur l'intégralité du contenu des deux disques ! Parfait pour découvrir ce film mais, on vous en supplie, même si vous ne comprenez rien à l'anglais, faites un effort et optez pour la version originale anglaise de manière à découvre ce bijou du fantastique !