Le genre "zombie" ravivé par L'ARMEE DES MORTS a depuis été réchauffé à presque toutes les sauces. On y a ajouté de l'humour (SHAUN OF THE DEAD), des vaches (DEAD MEAT) ou des soldats confédérés (DEAD BIRDS) alors pourquoi pas un petit détour par les lutteurs mexicains ? Restez avec nous, car cette idée aussi farfelue qu'originale agit comme une injection vitaminée à un genre qui avance parfois à la manière lente et saccadée des morts vivants eux-mêmes. Ce premier film pour Stacey Case comporte certes des défauts mais ne prétend pas être autre chose que ce qu'il est : Un gros délire bien barré où l'humour assurément «autre» est assumé jusqu'au bout !
Ulysses est en route pour un tournoi de lutte lorsqu'il apprend que plusieurs meurtres ont été commis par des zombies. Les suspects sont nombreux : Les zombies-catcheurs du cirque itinérant de Tiki, le Zombie King lui-même dont le rêve mégalo est de conquérir la terre et puis la charmante French Vixen qui expérimente avec la fabrication d'hybrides dans le but de se créer une armée. Notre héros va se rallier avec ses amis Blue Saint et Mercedes pour tenter de résoudre le mystère tout en préservant sa vie.
Dès les premières images, nous avons été littéralement scotché à l'écran devant cette histoire dont les situations frisent le surréalisme. Tous les lutteurs (à l'exception des zombies) portent un masque, même quand ils dorment (comme dans les films de catcheurs mexicains à la Santo, quoi !). On ne voit pas leurs lèvres bouger quand ils parlent ce qui provoque une confusion assurée durant les scènes de dialogue à plusieurs. On peut tenter de se repérer grâce à leurs accents respectifs mais cela devient vite un exercice futile. Alors on laisse tomber et on se contente d'halluciner devant le débit saccadé dont on ne sait pas trop si c'est fait exprès pour rester dans le ton décalé du film, ou si c'est à cause du niveau non existant des acteurs. Ne vous méprenez pas, bien que le film provoque une sorte de stupeur hallucinatoire, il induit également un grand amusement chez le spectateur pour peu qu'il soit réceptif au délire.
Et du délire, il en foisonne ! Nous n'allons pas énumérer toutes les scènes, juste vous donner l'eau à la bouche : Une discussion animée à lieu sur le pont d'un bateau dirigé par une femme nue. Une autre femme nue est allongée sur le tableau de bord, en train de nettoyer la vitre avec de lents mouvements sensuels. Et le tout est filmé comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. A un autre moment, Ulysses arrive chez Blue Saint et sa sœur Mercedes. Tandis que les deux hommes sirotent tranquillement une bière sur le porche, Mercedes va se prélasser dans une chaise longue sur la plage. Quoi de plus normal, me direz-vous ? Sauf qu'il neige. Et qu'elle porte un bikini et son masque de lutteur. Nous ne nous sommes pas posés de question non plus…
Et les scènes de catch, alors ? Eh oui, elles sont nombreuses et exécutées en parfait accord avec les combats que l'on peut voir à la télévision. Les mouvements sont exagérés, les coups sont d'apparence spectaculaires mais sans réel danger et le son de divers cris, grognements et coups est très convaincant. Le seul point négatif ici, c'est la réalisation qui n'est pas toujours à la hauteur des cascades, en particulier durant un combat entre Blue Saint, Mercedes et le Zombie King lui-même. Le rôle de ce dernier devait incomber à George Romero mais pour des questions d'incompatibilité d'emplois du temps, le réalisateur indissociable du genre a déclaré forfait. Il ne reste que son nom au générique («George A. Romero Presents») bien qu'il semble n'avoir aucun lien direct avec le métrage. Un clin d'œil lui est fait au travers d'un livre dont il est indiqué comme étant l'auteur, tandis qu'une autre référence est faite à FREAKS, LA MONSTRUEUSE PARADE avec la fameuse phrase «One of us» scandée ici par des zombies affamés.
Il est un peu difficile de parler des acteurs étant donné qu'on ne voit jamais leurs visages mais au moins, ils se démarquent les uns des autres par un trait de caractère bien personnel. Le héros, Ulysses, est un solitaire qui aime citer des philosophes comme Aristote ou Platon ; Blue Saint est son ami fidèle et loyal jusqu'au bout ; Mercedes n'a pas froid aux yeux (ni ailleurs, c'est le cas de le dire !) et l'un des grands moments du film est son combat avec French Vixen. Comme son nom l'indique, cette demoiselle parle avec un charmant accent français sous son masque rouge-jaune-noir du plus bel effet tout en maniant le fouet avec dextérité. Le Zombie King est assez impressionnant et a droit aux images les plus marquantes du film. Assis sur son trône décoré de gargouilles et autres têtes de mort devant une tenture rouge sang, il manipule les ficelles de marionnettes zombies en exposant ses plans pour devenir le maître de l'univers.
Les zombies ont beaucoup moins de présence à l'écran que les lutteurs et le seul combat qui les met en scène est un affrontement sauvage avec nos héros. Leur maquillage se limite à quelques traînées de sang sur leurs visages blafards mais l'équipe des effets spéciaux se rattrape ailleurs. En effet, nous n'avons pas compté les têtes arrachées mais elles sont nombreuses et elles volent de partout ! Les repas des zombies sont sanglants à souhait et même si le but du film n'est pas d'appâter les amateurs de gore, leur exécution reste excellente et satisfaisante.
L'image est présentée dans un format 1.77 en 16/9 et compatible 4/3. Bien que la réalisation soit correcte à défaut d'être innovatrice, la compression n'a pas suivi et l'image est très granuleuse par moments et donne souvent l'impression d'être hors focus. La colorimétrie a toutefois été respectée et il en résulte un vrai festival de couleurs tapantes dominées par le rouge.
Les langues sont au nombre de deux, un doublage français réussi et l'anglais aux sous-titres français amovibles. Le format 5.1 est très bien exploité et le son passe de façon impeccable dans les enceintes sans grésiller. Mention spéciale à la BO, du rock énervé en parfait accord avec l'esprit du film, composée par Steve Skratt qui en temps normal est batteur avec le groupe Canadien, The Frère Brothers.
Les suppléments se limitent à deux bandes annonces identiques d'un peu moins de deux minutes, en fait c'est la même avec seulement la piste sonore qui change (français et anglais sous-titré), et à une galerie photos. Le terme est un peu mensonger car il ne s'agit de rien d'autre que d'images du film que l'on fait défiler à l'aide de sa télécommande. L'éditeur Néo nous a habitué à mieux que ça et un commentaire audio aurait été plus que bienvenu, ne serait-ce que pour juger soi-même de la personnalité du réalisateur !
Du "Gore" + du "Catch" + des "Jolies filles" + de la "Bonne musique" = "ZOMBIE KING", une addition surprenante et bienvenue dans un genre dont les nouveautés annoncées font souvent bâiller même les fans.