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Critique du film et du DVD Zone 2
INSEMINOID 1981

 

Sur la planète Xeno, une équipe d'archéologues va découvrir, à ses dépens, qu'une entité extraterrestre est en mal de reproduction…

Mettons les choses au point tout de suite, INSEMINOID n'est pas une resucée du ALIEN de Ridley Scott. Et croyez sur parole le producteur Richard Gordon qui, aujourd'hui encore, essaye de se battre avec cette idée saugrenue. Car, non, ce n'est pas possible puisque les auteurs du scénario n'avaient jamais vu le film de Ridley Scott et n'en avaient même jamais entendu parler. Bien à l'abri, tout de même, les deux auteurs puisque le film d'épouvante dans l'espace de Ridley Scott était sur les écrans anglais, en faisant pas mal parler de lui, plus ou moins à la période où le truc est écrit. Sans oublier que l'un des deux scénariste est un maquilleur qui doit un tant soit peu se tenir au courant de ce qui se passe dans le petit monde des créatures en latex. Mais, d'après Richard Gordon, c'est impossible surtout que de toutes façons, Ridley Scott et Dan O'Bannon s'inspiraient d'ailleurs déjà fort largement du IT! THE TERROR FROM BEYOND SPACE de Edward L. Cahn, ce qui est tout à fait vrai. Et là, comme le film date de la fin des années 50, Richard Gordon ne peut que supposer une influence éventuelle de la part de ses deux scénaristes… Et bien, nous, on va le croire, Richard ! Surtout que le bougre avait organisé, à l'époque de la sortie américaine, une projection privée aux huiles de la FOX histoire qu'on lui dise s'il s'agissait bien d'un plagiat. A la FOX, ils n'ont vu aucun rapport ! Que ce soit les décors d'un blanc immaculé, le personnage qui fait son malaise durant une assemblée dans un réfectoire, la connotation sexuel de l'horreur, les courses poursuites dans les couloirs… Non, ça n'a strictement rien à voir !

Mais soyons honnête, s'il y a eu une influence du métrage de Ridley Scott sur INSEMINOID, les concepteurs ont été assez malins pour créer leur propre intrigue en décalage avec l'histoire basique de la créature extraterrestre qui s'en va éliminer les spationautes se baladant autour d'elle. Mais revenons en arrière... Déjà, il s'agit d'un film du très sympathique Norman J. Warren. Un spécialiste de la série B anglaise a qui l'ont doit DIABOLIQUES PASSIONS (devenu par la suite L'ESCLAVE DE SATAN) ou LE ZOMBIE VENUE D'AILLEURS. Du cinéma torché à l'économie mais bien torché tout de même ! Après avoir commis une coquinerie spatiale avec OUTER TOUCH, Norman J. Warren peine à monter son film suivant qui va totalement capoter. Durant une fête, il en fait part au maquilleur Nick Malley. Celui-ci s'empresse d'écrire un script en compagnie de sa femme, Gloria Malley, et rappelle Norman J. Warren avec ce qui aurait du s'appeler DOOM SEEDS. Avoir un script et un réalisateur, ce n'est pas suffisant et il est temps de trouver de l'argent, même pas beaucoup, pour mettre cela sur un écran !

Quand ce projet passe entre les mains de Richard Gordon, il manque encore une part du financement et on en profite pour le re-titrer avec un plus racoleur INSEMINOID. Le producteur a alors l'idée de se tourner vers la Shaw Brothers qui, à cette époque, plaçait de l'argent dans des productions externes à leur studio. Les Chinois sont partants pour faire ce film d'horreur spatial qui promet d'être rentable sous plusieurs conditions. Déjà, ils veulent qu'un de leur représentant soit présent tout au long du tournage pour surveiller l'avancement du travail mais aussi ils suggèrent que l'on prenne au moins deux acteurs américains de façon à percer plus facilement aux Etats-Unis. Pas de problème, l'affaire est dans le sac et la Shaw Brothers n'enverra jamais personne pour espionner l'équipe anglaise durant toute la création du film. Reste qu'une fois les comptes faits, on n'a, bien sûr, pas les moyens de se payer des vedettes du rang d'un Charlton Heston ou d'une Meryl Streep et on se rabat tout naturellement sur Robin Clarke et Jennifer Ashley. Un choix plutôt amusant puisque à ce moment là, Jennifer Ashley passait plus de temps à tourner au Mexique pour René Cardona Jr. qu'à montrer son minois sur les écrans américains. Pour compléter l'affiche, on recrute en Angleterre ce qui permet de retrouver parmi les rôles principaux Stephanie Beacham, Judy Geeson ou encore Victoria Tennant.

Mettre en orbite le casting, ça ne va pas être possible. Heureusement, le scénario est malin est plutôt que de placer son histoire à la surface d'une autre planète, la majeure partie de l'action se déroulera dans ses sous-sols. Une façon de limiter les effets spéciaux coûteux en matte paintings et autres trucs optiques. Les rares plans à la surface seront réalisés tout bêtement avec des filtres de couleur. Mais reconstituer des galeries en studio, ce n'est pas non plus donné surtout si l'on veut que ça ressemble à quelque chose d'un tant soit peu réaliste. Finalement, la solution qui paraît ingénieuse est d'emmener toute l'équipe en sous-sol à l'intérieur de véritables cavernes situées à moins de 100 kilomètres du coeur de Londres.

Idée géniale, peut être, mais cela va surtout soulever pas mal de problèmes lors du tournage. A commencer par une température particulièrement basse et contre laquelle les acteurs ne peuvent faire preuve que d'un humour british pour survivre ! Autre problème, lorsque les générateurs qui alimentent les décors à six pieds sous terre s'arrêtent, toute l'équipe de tournage se retrouve plongé dans d'impénétrables ténèbres qui a de quoi attaquer sérieusement le moral de n'importe quel plaisantin. D'ailleurs, l'acteur Robin Clarke est l'un de ceux que les conditions de tournage en sous-sol fait le moins marrer et il posera quelques soucis à Norman J. Warren. Mais le tournage avance coûte que coûte. Quand Steven Grives se pète la jambe, on tourne quand même en prenant soin de ne pas cadrer son plâtre. Mais, même comme ça, l'argent s'envole un peu vite et le tournage est contraint de s'arrêter quelque temps faute de monnaie sonnante et trébuchante.

Les derniers plans du film seront finalisés en studio. Pour reconnaître ces dialogues où le génie cinématographique est en plein action, localisez les scènes où le décor se résume à quelques écrans posés au milieu d'un espace noir. Et pour cause de décor, y'en a pas… Ce qui limite la marge de manoeuvre de la caméra histoire d'éviter de braquer la caméra vers le grand «rien». La musique va aussi faire les frais du budget dépassé. Alors que Norman J. Warren aurait voulu entendre un orchestre symphonique donner de l'ampleur à ses images, John Scott le rappelle à la raison. Avec les moyens mis à sa disposition, ce sera de la musique électronique et puis c'est tout ! Pour autant, la partition de John Scott s'avère des plus réussis et insuffle souvent une énergie que le film n'a pas forcément.

Malgré toutes ces embûches, on reconnaît la patte d'un cinéaste rusé et accompagné d'une équipe astucieuse. Car INSEMINOID donne l'impression d'avoir coûter beaucoup plus que ses moyens n'auraient pu le permettre. L'image en format large accentue au passage cette impression de richesse alors qu'il aurait été facile de sombrer rapidement dans le ridicule. Honnêtement, INSEMINOID donne quand même plus l'impression de voir un épisode de COSMOS 1999 fauché qu'une production hollywoodienne fauchée (aussi). Notez bien la nuance ! Car sur l'écran, le film de Norman J. Warren reste un film complètement européen et ne donne pas vraiment l'impression de suivre un métrage américain grâce à son ambiance délétére.

Cette touche européenne, on la trouve dans cette drôle d'histoire d'insémination et de contamination extraterrestre plutôt osée. Ce ne sont pas, à vrai dire, les poursuites dans les galeries ou l'action que Norman J. Warren essaie de garder constante malgré ses maigres moyens qui retient l'attention mais bel et bien une petite poignée de séquence assez glauque et qui auront fait la réputation du film. Avec sa sexualité d'un autre type, INSEMINOID peut sans problème se revendiquer comme l'ancêtre de l'accouchement douloureux de XTRO ou même de la série SPECIES… Et, ça, Richard Gordon, il serait temps de le placer dans votre argumentaire pour ne plus vous défendre d'avoir fait une copie d'ALIEN mais plutôt revendiquer l'inspiration des films qui ont suivi !

Le film de Norman J. Warren est déjà sorti un peu partout dans le monde mais l'édition qui faisait l'unanimité jusqu'ici se trouvait dans un coffret anglais en forme de cercueil et dédié à la gloire de Norman J. Warren. En plus de INSEMINOID, on y retrouve DIABOLIQUES PASSIONS, LE ZOMBIE VENUE D'AILLEURS et TERROR alors que tout le contenu est intégralement supervisé par Mr. Warren. On ne va pas vous dire que le disque français va le détrôner même si l'édition de Néo arrive avec quelques atouts non négligeables.

Le film est proposé avec un transfert 16/9 qui respecte le format large original. Le disque anglais édité par Anchor Bay ne proposait pas une image d'une qualité irréprochable mais Neo cherche semble t'il à rivaliser dans le domaine puisque l'image y sera limite flou ! L'image y est carrément imprécise et n'a donc pas la netteté des plus beaux transferts. On serait tenté d'essayer de vous remonter le moral mais cela va être dur avec une image qui parfois oublie même d'être contrasté, contrairement au disque anglais, et donne l'impression de visionner une image affublée d'un voile grisâtre là où devrait se trouver des noirs ténébreux. Il n'y a pas de quoi être fier !

Neo n'a pas essayé de jouer aux apprentis sorciers sur ce titre et ne propose que la version originale anglaise d'origine accompagné du doublage français. Ce doublage ainsi que les sous-titrages français sont les atouts qui font la force de cette édition (et ce sont bien les seuls). Mais il s'avère que pour le public français, une autre surprise se camoufle sur ce disque. En effet, si vous choisissez de regarder le film en version française ou anglaise, vous ne verrez pas le même montage. La version anglaise est ainsi plus longue et permet de découvrir un final plus éloquent !

Déception du côté des suppléments puisqu'ils paraissent très maigres en regard de tout ce qu'à pu faire Norman J. Warren en Angleterre. Pas de commentaire audio, pas d'interviews… Il faudra se contenter d'une bande annonce, une maigre galerie de dix photos et affiches ainsi que des filmographies qui n'indiquent pas toujours les titres français lorsqu'ils existent. Petite touche sympathique de l'éditeur, la jaquette est réversible et il est possible d'opter pour le visuel d'affiche tellement racoleur que, finalement, personne n'osa l'utiliser à l'époque de la sortie !

INSEMINOID est un film clairement imparfait. Même si quelques passages semblent se traîner un peu… Même si les rebondissements sont parfois un peu incongrus ou incohérents... Ce petit tour dans les profondeurs de Xeno reste encore aujourd'hui plutôt sympathique et étrangement subversif dans son propos.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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De l'horreur extra-sexuel
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Pas de quoi être fier de l'image de ce DVD
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L'édition vidéo
INSEMINOID DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Version anglaise (92mn)
    • Version française (86mn)
    • Bande-annonce
    • Galerie de photos
      • Filmographies
      • Norman J. Warren
      • Robin Clarke
      • Steven Grives
      • Judy Geeson
      • Jennifer Ashley
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