L'alien du premier opus, qui passe de corps en corps en empruntant la voie buccale, n'est pas mort ! Si on le savait explosé lors du précédent final, on ignorait en revanche qu'un pauvre chien en avait gobé un petit morceau. Non seulement l'extra-terrestre se reconstitue dans le corps de la bête, mais en plus il se reproduit, laissant des cocons en hibernation dans une usine désaffectée. Quinze ans plus tard, un nouveau "gentil" alien va faire équipe avec la propre fille du héros du premier film pour éradiquer la menace.
Au début des années 90, New Line est toujours dans sa frénésie de production de séquelles. Le studio exploite jusqu'à la dernière goutte la série des Freddy, tout en essayant de lancer parallèlement de nouvelles franchises toutes aussi lucratives. Outre les séquelles des CRITTERS, New Line rachète à la Cannon les droits de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE pour mettre sur pied un troisième film, et va même jusqu'à récupérer ce bon vieux Jason pour poursuivre ses aventures dans le neuvième opus JASON EN ENFER. HIDDEN, avec sa bonne réputation unanime et sa vente tous azimuts sur le marché international, ne pouvait pas passer au travers des mailles du filet.
New Line n'a pourtant pas l'intention de prendre des risques avec HIDDEN 2. Le budget déjà limité du premier film est coupé par deux, pour une production destinée au marché vidéo international. Pas question de réunir à nouveau Kyle MacLachlan et Michael Nouri, ni même de rappeler Jack Sholder à la mise en scène, tout ce petit monde étant bien trop cher. Autour d'un titre prédéfini, HIDDEN 2 : THE SPAWNING (soit HIDDEN 2 : LA PROLIFERATION), New Line lance un appel d'offre à qui trouvera le meilleur concept compte tenu des contraintes budgétaires. C'est le quasi inconnu Seth Pinsker qui décroche la réalisation du titre sur un scénario écrit par ses soins. Dans le curiculum très light du bonhomme, on trouve le court-métrage STRANGE FRUIT, très remarqué car nommé à l'Oscar du meilleur court en 1979. Peu aux faits de l'action et du fantastique, Pinsker a une approche révolutionnaire de HIDDEN 2 puisqu'il a l'idée iconoclaste d'octroyer au film, tenez-vous bien, une histoire d'amour !...
Comment reconnaître une très mauvaise séquelle, et ce dès les premières minutes ? Si cette dernière commence en reprenant sans complexes des scènes entières de son premier opus, et sur de très longues minutes, alors il est certain que le spectateur va au devant d'un titre à problème. Outre un long générique de crédits, HIDDEN 2 s'ouvre sur de pathétiques écrans de titres (censés nous résumer les bases de l'histoire), puis sur la reprise des dix dernières minutes du premier film (seule la musique de Michael Convertino est changée, pour une question d'unité avec la suite du métrage). Il faudra ainsi attendre un bon quart d'heure pour apercevoir les véritables premières images de HIDDEN 2. Une méthode particulièrement pauvre (c'est toujours ça de moins à produire), qui fleure bon la douce arnaque. Le spectateur ne devrait d'ailleurs pas s'y plaindre, puisqu'il vient assurément de visionner le meilleur moment de cette séquelle.
HIDDEN 2 n'est que misère et aberrations. Sur le modèle de la multiplication des créatures initié par James Cameron pour la suite ALIENS, HIDDEN 2 voit l'extra-terrestre du premier opus proliférer selon des règles biologiques laissées à l'appréciation de chacun. Malheureusement, le film n'a pas les moyens de mettre en scène des armées de créatures et se borne à les laisser en sommeil dans des cocons. Seule une créature sera réellement active, en passant d'humains en humains ou en se promenant d'elle-même dans la nature. Un dernier point en contradiction avec le concept du premier film, où l'alien était une créature de type mollusque extrêmement vulnérable hors d'un organisme hôte. De ce fait, le design de la bestiole est ici revu afin que cette dernière soit mobile et plus résistante. Le résultat, à mi-chemin entre le facehugger d'ALIEN et une araignée de mer, ne fait que gommer ce qui faisait l'originalité de la première créature. Passons maintenant sur l'animation piteuse de cette nouvelle bête pour nous poser une grave question : comment diable cette créature doté d'une grosse carapace va-t-elle maintenant pouvoir rentrer entièrement dans la glotte de ses malheureuses victimes ? Les séquences de possession s'obligeront ainsi à de ridicules ellipses, laissant à des années lumières la scène similaire dans le film de Sholder.
Au niveau des personnages, HIDDEN 2 reprend le héros du premier film, le policier Tom Beck. Ce dernier n'est bien entendu pas joué par Michael Nouri mais par un autre comédien. Sachant que le personnage porte les traits de Nouri durant le quart d'heure de flashback tiré du premier HIDDEN, inutile de dire que la jonction a du mal à fonctionner (on avait pas vu pire depuis Bela Lugosi dans PLAN 9 FROM OUTER SPACE d'Ed Wood). Prévoyant, Seth Pinsker affuble le personnage d'un lourd maquillage histoire de noyer le poisson, maquillage justifié par une pirouette scénaristique. Ne faisant pas de vieux os, c'est la fille de Beck qui reprend les reines de l'histoire. Jouée par Kate Hodge (vu dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 3 de Jeff Burr), cette dernière va former un nouveau duo avec un autre gentil alien pompeusement appelé MacLachlan (interprété par Raphael Sbarge, vu dans CARNOSAURE d'Adam Simon).
N'ayant pas les moyens de jouer la carte de l'action à gogo, HIDDEN 2 passe son temps sur son couple de personnages principaux, dans un schéma calqué sur STARMAN de John Carpenter. D'abord apeurée, l'héroïne va peu à peu prendre le parti de cet étrange compagnon, jusqu'à en tomber amoureuse avant une séparation annoncée. Mais l'interprétation fade associée à des personnages sans aucun relief et des situations sans intérêt, dérive les ficelles du romantisme vers celles de l'ennui certain voire de la gaudriole involontaire. Comme cette piteuse tirade de notre gentil alien, s'extasiant devant le ressenti merveilleux d'habiter un corps humain, et lançant bovinement à l'héroïne à quel point il aimerait expérimenter "de nouvelles sensations"... Un porno de seconde zone n'aurait pas pu faire plus crétin.
Nul, mou, complètement idiot, il n'y a malheureusement rien à sauver de cet HIDDEN 2. Incapable de faire vivre ses personnages, le film n'a pas une once de savoir faire sur les effets spéciaux ou l'action. Un film on ne peut plus dispensable qui aura au moins eu le mérite de tuer immédiatement la franchise, et ainsi de nous épargner d'autres catastrophes de ce genre.
Présentée en supplément de l'édition de HIDDEN premier du nom, cette séquelle est dotée d'une qualité technique satisfaisante. L'image, au format et anamorphosée, ne souffre pas de gros défauts hormis une compression peu discrète durant les scènes sombres. Les pistes audio en stéréo ou en faux 5.1 sont suffisamment claires et efficaces pour rendre le visionnage confortable. Etant lui-même un bonus, le film n'en possède pas.
On pensait HIDDEN un bon petit film carré et hyper efficace, et bien c'est en fait un véritable petit chef d'oeuvre de la série B. Un film à l'action trépidante soutenu par des personnages à l'architecture psychologique sans faille ! Les raisons de cette réévaluation soudaine : le visionnage de ce misérable HIDDEN 2, dont la bêtise n'égale que l'incompétence. Pardonnez du peu, mais le manque d'argent n'excuse pas tout.