En 1970, la Hammer transpose au cinéma BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB, un scénario de Christopher Wicking, lequel vient de s'illustrer en signant les scripts de films produits, en Grande-Bretagne, par A.I.P. (LACHEZ LES MONSTRES, CRY OF THE BANSHEE). Wicking lui-même propose, pour la mise en scène, le nom de Seth Holt, déjà réalisateur de deux films pour la Hammer dans la première moitié des années 60 : les thrillers HURLER DE PEUR et CONFESSION A UN CADAVRE.
Le tournage de BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB commence en janvier 1971 avec, en vedette, Peter Cushing. Mais, le premier jour, ce dernier apprend que l'état de santé de son épouse Helen s'est dramatiquement aggravé. Avec l'accord du studio, il quitte alors le plateau pour se rendre aux côtés de son épouse, qui décède peu après, le 14 janvier 1971, plongeant le comédien dans un immense chagrin. Pour BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB, il est remplacé par Andrew Keir (DRACULA, PRINCE DES TENEBRES, LES MONSTRES DE L'ESPACE…). A ses côtés, le rôle principal est tenu par Valerie Leon, jusqu'alors associée à des petits rôles, notamment dans la série comique des CARRY ON…, très populaire en Grande-Bretagne. Par ailleurs, les archéologues sont incarnés par une galerie de prestigieux comédiens anglais, comme James Villiers (LES DAMNES de Joseph Losey, REPULSION…) ou George Coulouris (CITIZEN KANE, LES DECIMALES DU FUTUR…). La production du film connaît encore une tragédie lorsque Seth Holt décède, une semaine avant la fin des prises de vue. Michael Carreras (LES MALEFICES DE LA MOMIE…), convié en catastrophe, termine le film.
En Egypte, au temps des pharaons, des prêtres enferment dans un tombeau le corps de Tera, une reine maléfique. Pour être sûre qu'elle ne reviendra pas hanter les mortels, ils lui coupent sa main droite, porteuse d'une bague magique, et la jette dans le désert… De nos jours, à Londres, l'archéologue Fuchs, qui a découvert la sépulture de Tera des années auparavant, offre à sa fille Margaret une superbe bague, en fait celle de la reine maudite, retrouvée dans le tombeau. La jeune femme va devenir un instrument de vengeance, manipulée par la sinistre monarque d'outre-tombe…
Si les films Hammer ont toujours été célèbres pour leurs actrices, cette tendance se renforce au cours des années 60, particulièrement après LA DEESSE DE FEU et UN MILLION D'ANNEES AVANT JESUS CHRIST, respectivement interprétés par Ursula Andress et Raquel Welch. Dès lors, la firme inclut dans son matériel promotionnel des photos posées et affriolantes de ses vedettes féminines. Au tournant des années 1970, comme l'érotisme se fait de plus en plus explicite dans ses productions, elle met de plus en plus ses comédiennes en vedette. Ainsi, les six films d'épouvante qu'elle sort en 1971 mettent en scène les "Hammer Girls" : LUST FOR A VAMPIRE (dans la lignée de "Carmilla"), COMTESSE DRACULA (inspiré par la vie de la comtesse Bathory), LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR, LES SEVICES DE DRACULA (avec ses jumelles vampires), DR. JEKYLL & SISTER HYDE (dans lequel le bon docteur Jekyll se change en un femme perverse !) et, enfin, BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB ! Renonçant aux cadres historiques de ses précédentes productions d'horreur égyptologique, la Hammer suit les changements du cinéma fantastique d'alors et inscrit cette aventure dans un décor contemporain. Ainsi comme Mia Farrow dans ROSEMARY'S BABY, sorti trois ans auparavant avec un succès fracassant, la fragile Valerie Leon se retrouve la proie de forces démoniaques et manipulatrices.
Adaptation du roman «Le joyau aux sept étoiles» de Bram Stoker, BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB s'ouvre sur un prologue magnifique, se déroulant au temps de l'Egypte antique, dans lequel des prêtres enterrent, de nuit, la reine Tera en plein désert. Holt, grâce à une mise en scène raffinée, impose dès cette séquence une ambiance étrange, mystérieuse et nocturne, remarquablement mise en valeur par la photographie d'Arthur Grant, qui use habilement de teintes sourdes et de filtres diffuseurs. Le récit aussi paraît, au départ, prometteur et énigmatique. Les évènements mystérieux se succèdent, impliquant des personnages étranges. Comme la pauvre Margaret, le spectateur est rapidement pris par l'angoisse habilement distillée par le script de Christopher Wicking.
Malheureusement, malgré ses prémices intéressants, il n'est pas possible de passer sous silence certaines faiblesses patentes de ce long métrage. Ainsi, le scénario, malgré une mise en place énigmatique à souhait, se révèle, en fin de compte, décevant. Quand bien même on n'y rencontre pas de morts-vivants couverts de bandelettes, il se contente de resservir les lieux communs les plus éculés du film de momies. Ainsi, Tera, ayant pris possession de Margaret, se contente, grosso modo, de régler ses comptes avec les archéologues ayant profané sa tombe, en les éliminant un par un, sans surprise.
Si on ajoute, par-dessus cela, une narration lente, souvent bavarde, ainsi que la rareté de véritables scènes fortes (même s'il y en a bien une ou deux, comme la mort du professeur Berrigan à l'asile), BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB s'avère un peu décevant au vu de son potentiel prometteur. Mais son ambiance lunaire, à la fois menaçante et poétique, la qualité de sa photographie et la beauté de ses décors en font tout de même un film Hammer méritant le détour. N'ayant pas été montré dans les salles françaises, BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB a tout de même un titre francophone, LA MOMIE SANGLANTE, hérité de sa distribution en Belgique.
En DVD, BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB a été publié dans plusieurs pays. L'édition testée ici est le disque américain sorti par Anchor Bay, en 2001 (NTSC, zone 1).
Le film est présenté dans son format original 1.85, avec un télécinéma 16/9. Si les défauts d'état sont assez rares et si les couleurs et la lumière sont très soigneusement rendues, on repère tout de même des petits soucis de compression, particulièrement dans les scènes nocturnes. L'ensemble reste tout de même d'une facture très honnête pour ce titre relativement ancien.
La bande-son est disponible seulement en anglais, dans un mono codé sur deux canaux. Elle sonne un peu dure et n'impressionne pas par sa dynamique. Mais, à nouveau, vu l'âge du film, il n'y pas non plus de quoi se scandaliser, d'autant plus que les dialogues bénéficient d'une clarté tout à fait satisfaisante.
Sur le disque lui-même, le spectateur peut accéder à un petit documentaire (9 minutes) réalisé spécialement pour cette édition. Il contient des interviews de Valerie Leon et Christopher Wicking, au cours desquelles ils reviennent sur la genèse de BLOOD FFROM THE MUMMY'S TOMB. On peut encore consulter sa bande-annonce, ainsi que des spots TV et radios (ces derniers étant accompagnés par le défilement d'une belle galerie de posters) en provenance des USA, où le film était distribué par American International Pictures, en double-programme avec LE TRONE DE FEU de Jesus Franco. Enfin, l'interactivité est complétée par une galerie de photographies d'exploitations et de plateaux, accompagnées de nombreuses photos posées par Valerie Leon pour la promotion du film ainsi que par quelques photos cachées du seul jour de tournage avec Peter Cushing.
Le plus intéressant des suppléments offerts dans cette édition est toutefois le DVD supplémentaire, disponible dans le boîtier des 10.000 premiers exemplaires : THE HAMMER TRAILER COLLECTION. D'une durée de 47 minutes, il inclut vingt bandes-annonces de films Hammer, la plupart dans d'excellentes conditions techniques et au format panoramique ou scope d'origine. La période 1966-1968, correspondant à la collaboration entre la compagnie anglaise et la Fox, est la plus largement représentée (DRACULA, PRINCE DES TENEBRES, L'INVASION DES MORTS-VIVANTS, LES VIERGES DE SATAN…), mais on retrouve aussi quelques titres plus anciens (LA MARQUE, LE REDOUTABLE HOMME DES NEIGES…) ou même les deux collaborations Hammer-Shaw Bros. (LES SEPT VAMPIRES D'OR et SHATTER). Les bougons regretteront l'absence d'option 16/9 ou la présence de quelques bandes-annonces dans un état passable (LE PEUPLE DES ABIMES). Mais rappelons que ce disque n'est qu'un bonus…
Cette édition de BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB est donc la plus satisfaisante proposée sur le marché, même si, hélas, elle ne propose aucune option francophone.