6. Hommages
Près de 30 ans après
sa sortie, DARK CRYSTAL demeure un cas à part dans
le monde des films fantastiques. Bestiaire original, histoire féerique
et effrayante, DARK CRYSTAL est à la fois pour les
enfants et les adultes. En intégrant l'hommage "Muppet Madness"
organisé par le festival cette année, on a pu voir à quel
point Jim Henson
et Frank Oz avaient
perfectionné leur technique de marionnettes. Et avoir porté des
Muppets à un niveau d'une supériorité technique remarquable.
Intégrant au passage une mythologie novatrice, combinant l'audace visuelle,
des décors profonds (l'observatoire d'Aughra, un modèle !)
et grandioses et, finalement, d'avoir complètement renouvelé la
perception adulte d'un conte pour enfants. Un cinéma en avance sur son
temps, qu'il s'agisse de la forme choisie en alliant animation, effets mécaniques,
marionnettes et vrais acteurs. Mais également sur la cruauté du
fond, sur la mort des Landstriders, les captures et transformations des Pod
People… nous sommes bien dans la genèse d'une nouvelle mythologie, la
création d'un nouveau monde imaginaire reprenant à son compte
les règles d'un conte de fées. On sent une approche purement visuelle
du concept DARK CRYSTAL, tout en y ajoutant quelques touches
plus étranges, comme le langage des Skekses, modifié et remplacé
par de l'anglais après les premiers tests publics. Mais en conservant
le langage Gelfling, basé visiblement sur du serbe. La fluidité
charnelle des marionnettes y est par ailleurs très sensible. La copie
présentée a conservé toute son authenticité, sa
clarté, ses larges palettes de couleurs et sa force visuelle. L'indéniable
plus vient des 6 canaux stéréo où la musique de Trevor
Jones surgit de manière surprenante de chaque côté du
spectateur. La fanfare du générique de début, la cavale
des Landstriders ou les scènes dans le Château noir résonnent
enfin dans la splendeur attendue. En réécoutant la piste 5.1 du
DVD Zone 1 sorti en 2007, le mixage 6 pistes de la copie 70mm ne se retrouve
pas, principalement dans les effets sonores sur les canaux arrières,
quasi absent sur le remixage effectué pour le DVD.
Ensuite, un hommage à un
autre disparu : Blake
Edwards. Et là, chance, la copie 70mm de LA GRANDE
COURSE AUTOUR DU MONDE à partir d'un tirage Technicolor d'un format
Panavision 2.35 :1 a conservé toutes ses couleurs chatoyantes !
Et cette course-poursuite à travers le monde entre le très gentil
tout en blanc Leslie (Tony
Curtis) et le méchant tout en noir professeur Fate (Jack
Lemmon) conserve une fraîcheur assez incroyable 46 ans après
sa réalisation. Entre hommage à Mack Sennett et tempo digne d'un
Tex Avery, les gags se succèdent à un rythme soutenu, entrecoupé
par le charme féministe d'une Natalie
Wood déchaînée, sortie fraîche émoulue
d'UNE VIERGE SUR CANAPE. Timing des gags frisant la perfection, cascades
spectaculaires, décors démesurés, références
stylistiques en rafale et la plus grande séquence de bataille de tartes
à la crème jamais filmée. Et le tout projeté en
écran incurvé avec Henry Mancini sur 6 pistes stéréo.
Mais que demander de plus ? A noter que le film influencera considérablement
les dessins animés LES FOUS DU VOLANT ou encore SATANAS ET
DIABOLO, très populaires à la télévision dans
les années 70 et 80. Le film ne rencontrera hélas pas le succès
escompté, malgré un budget énorme à l'époque.