5. Le futur ?

Thomas Hauesrlev est l'homme qui justement projeta OUT OF AFRICA au Danemark. Spécialiste du format célébré ici, et éditeur du site in70mm.com, il fut nommé par certains lors de ce festival comme la "Mère Theresa" du 70mm ! Il effectua durant le festival une conférence sur le 70mm, hautement intéressante. Non exhaustive, mais avec quelques faits relativement curieux. Ou l'on apprend clairement que Douglas Trumbull tourna les séquences 35mm de BRAINSTORM dans un format 1.75:1. Et que les premières expérimentations sur une pellicule "format large" de type 70mm remonte à presque 90 ans, jusqu'à des exemples uniques d'image à 18 perforations par image (comptés par votre serviteur), alors que l'image traditionnelle de ce format en compte 5… certains formats sont toujours en cours de développement et tentent des percées que l'on sent un peu perdues d'emblée. Ainsi un format de 65mm avec un défilement de 40 images par secondes, bien évidemment inexploitable aujourd'hui, aucun cinéma n'étant équipé et ce même si la qualité d'image est irréprochable. Ceci se rapproche de la tentative magnifique (mais avortée) du Showscan de Douglas Trumbull. 60 images/secondes, une image sublime, une sensation de quasi 3D et, pour les cinéphiles/lecteurs les plus anciens/assidus du format, une salle de projection à l'UGC Ermitage sur les Champs Elysées qui firent les beaux (courts) jours du Showscan.

Au final, on peut se demander si le 70mm reste un délire de cinéphile nostalgique, un objet du passé ou un trésor d'avenir ? Un peu de tout ça. Il est évident que le passage au tout numérique des salles de cinémas ne fera qu'enterrer un peu plus la possibilité d'assister à de telles projections. La rapidité de déploiement du numérique, à travers le monde va précipiter une révolution dans la conception même du cinéma. Il y a fort à parier que seuls de très rares cinémas, sous l'impulsion de passionnés, ou via les deniers de l'état/de régions/villes pourront encore offrir de telles perspectives.

Toutefois, quelques espoirs subsistent. En effet, tant que certains passionnés exigeront la qualité visuelle, le 70mm existera encore longtemps. C'est même probablement là où son avenir se situe. Ainsi par exemple Christopher Nolan tourna certaines scènes d'INCEPTION et du PRESTIGE avec la caméra Panavision 65 ou encore certains plans de THE INTERNATIONAL de Tom Tykwer et SUNSHINE de Danny Boyle avec la caméra Arri 765. Le Festival de Berlin commanda un nouveau tirage 70mm du FLYING CLIPPER présenté hors compétition et projeté à Bradford 2010. Enfin, Ron, Fricke, réalisateur de BARAKA, termine SAMSARA qui a été filmé en Super Panavision 70. Bien qu'il soit quasiment certain que le film ne sera hélas diffusé qu'en 35mm et numérique 4K.

De ce fait, il semble ne rester que la passion de l'image et la volonté d'offrir le meilleur à un œil de plus en plus habitué à la médiocrité et au tout-venant, pour garder intact l'impact du 70mm dans les années à venir.

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Dossier réalisé par
Francis Barbier