4. Partie 3
Venons-en à APOCALYPSE DANS L'OCEAN ROUGE...
Il faut comprendre que ce film était déjà écrit quand je suis arrivé le premier jour de tournage. Cela me plaisait à la base car il s'agissait d'un tournage de quatre semaines aux USA. Mais en arrivant, le monstre était déjà construit par les producteurs pour plus d'argent qu'il n'aurait d . Fait de poutrelles de fer et immobile… Il n'y a pas trois images de ce monstre dans le film, il était ridicule ! Et avec ce que j'avais à disposition, l'histoire, on ne pouvait rien faire. J'ai donc dirigé le film vers une forme de giallo. Car avec cette histoire commençant sur un bateau et le monstre… C'était impossible à regarder. Puis Giovanni Natali a créé un plus petit monstre qui pouvait bouger… Mais nous avons tout fait manuellement avec deux tentacules. Ca ne me plaisait pas … Et puis nous avons travaillé avec des animaux merveilleux, c'était de ce côté une expérience extraordinaire. Nous avions loué un bateau océanographique pendant quatre semaines pour le tournage en mer. Tourner au milieu des requins, à Miami, Key West… Nous avions demandé également la permission de tourner dans la base navale américaine la plus proche de Cuba, c'était un peu chaud. Concernant Key West, nous sommes allé voir le shérif pour obtenir l'autorisation de tourner et ce fut à une condition. Pas d'argent mais…qu'il puisse avoir un petit rôle ! (rires). Et le vieux pécheur dans la barque qui se fait manger par le monstre, c'était lui. Il en était très content ! Mais bon… ce n'est pas vraiment un de mes films. C'est en fait le film qui me ressemble le moins.
Par Rapport à BLASTFIGHTER ?
BLASTFIGHTER est différent. Je l'ai écrit et monté, il est plus personnel. Je l'ai d'ailleurs tourné avant, dans la même forêt que celle de DÉLIVRANCE.
Que pouvez-vous dire à propos de Michael Sopkiw ?
Ce n'était pas un acteur. Il a éclaté avec le film de Sergio Martino (ndt : 2019, APRÈS LA CHUTE DE NEW YORK) et je l'ai choisi ainsi pour BLASTFIGHTER. C'est une personne très gentille mais aussi un peu bizarre, qui n'avait pas réellement envie de faire du cinéma. Je crois qu'il est redevenu mannequin dans la mode par la suite. C'est en effet un très beau garçon.
Puis vient MIDNIGHT HORROR…
Ce n'était pas un film fait pour le cinéma. Il manquait un petit quelque chose pour le grand écran. Un peu d'argent, aussi.
Le film est sorti en France, pourtant…
Vraiment ? il y avait un co-producteur français ?
Les Films Jacques Leitienne l'ont distribué.
Ah, je ne me souvenais plus…
C'est aussi un film que j'apprécie. Il joue sur le côté fantastique ou réalité. On ne sait pas s'il s'agit d'un fantôme ou du vrai tueur, Franco Tribbo...
(rires) Vous vous souvenez de choses que moi-même j'avais oublié !
Des souvenirs, quand même ?
Assez peu. Nous avons tourné en plein hiver, sur la côte adriatique et avons fait ce qu'il était possible de faire avec ce matériau et ce en quatre semaines. C'était le même producteur que pour LA MAISON DE LA TERREUR. Une anecdote assez claire, cependant... L'actrice Eliana Miglia (ndt : mariée depuis, cette actrice s'appelait Eliana Hoppe à l'époque) devait se faire tuer dans la cuisine. Nous utilisions toujours un maître d'arme. L'acteur (Peter Pitsch) devait utiliser un couteau rétractile. Tout était bon pour la protection d'Eliana… Moteur... Action ! Et Peter fait (ndt : Lamberto Bava mime un couteau s'abattant au ralenti sur l'actrice)... J'arrête tout et je dis "Peter, non, ça ne va pas, c'est trop lent !". Nouvelle prise et là, Peter donne un coup tellement violent que la lame rétractile traverse même la protection que portait Eliana ! La lame transperça ainsi la peau d'Eliana qui hurlait "Au secours ! Au secours !". Pleine de sang, nous l'avons transporté à l'hôpital. Nous étions là, le directeur de production et moi avec cette jeune fille pleine de sang. Du faux et du vrai. Puis un médecin est arrivé et, après auscultation, nous annonce une perforation de la plèvre… Puis arrivent les carabiniers… Et le lendemain, toutes les radios parlaient de cet événement ! (rires)
Vous avez aussi écrit, monté et réalisé MIDNIGHT HORROR.
Je faisais toujours ce travail auparavant. Cela dépendait du film, en fait, pour le montage. C'est grâce à l'expérience que mon père m'a apportée. J'avais peur de trop tourner. Plus que je ne puisse utiliser. Alors, je me suis focalisé pour tourner l'essentiel, ce qui devient plus facile pour le montage final. A mon sens, un réalisateur devrait toujours monter son film : c'est le monteur qui détient les réponses, les clés .
BRIVIDO GIALLO est une série de quatre téléfilms (LE CHATEAU DE YUREK, DEUX AMANTS DIABOLIQUES, LA MAISON DE L'OGRE et OUTRETOMBE) dont nous avons parlé auparavant et que vous avez tourné pour Mediaset. Comment fut-ce possible de tourner une série avec des effets spéciaux, du sang, des zombies…ceci il y a dix sept ans ?
Il existait toujours deux montages : un pour la télévision, un pour le marché extérieur, les sorties VHS et au cas où le film sortirait au cinéma.
D'où est venue cette idée ?
A l'époque, seules les télévisions privées donnaient de l'argent pour tourner de tels sujets. De plus, c'étaient des idées trop petites pour un film de cinéma. Le cadre télévisuel semblait plus approprié. J'ai d'ailleurs fait une deuxième série, HAUTE TENSION (ndt : coproduction française en 1989-1990 avec LE JEU DU DIABLE, TEMOIN OCULAIRE, L'HOMME QUI NE VOULAIT PAS MOURIR et IL PRINCIPE DEL TERRORE ).
Et pour terminer, avez-vous des regrets sur votre carrière ?
Non, pas vraiment. J'ai toujours fait ce dont j'avais envie. Sauf peut être le projet de GNOMI (ndt : datant de 1984), qui me tient toujours à cœur. Je n'ai jamais pu le monter à cause du coût des effets spéciaux. Mais j'espère encore, même après vingt ans.