3. Partie 2
J'ai remarqué que vous avez tourné souvent avec les mêmes personnes (Karl Zinny, Fabiola Toledo, Eliana Hoppe..). il y a une famille Lamberto Bava ?
Ce n'est pas une famille car je ne les vois plus. La seule avec qui je garde le contact et qui demeure une amie est Alessandra Martines (ndt : LA CAVERNE DE LA ROSE D'OR ou FANTAGHIRO en version originale). Chaque réalisateur, quand il trouve de bons acteurs, aime les réutiliser. Karl Zinny par exemple . Il a cependant arrêté de tourner et travaille comme styliste de mode maintenant. Mais les acteurs ne font que passer. C'est la même chose avec les techniciens.
Même avec Gianlorenzo Battaglia, directeur de la photo avec qui vous avez souvent travaillé ?
Oui mais le rapport est différent. Le rapport est moins proche avec les acteurs : ils sont dans leur caravane, dans un coin du décor… Avec les techniciens, c'est du 24 heures sur 24. Et puis, je dois dire la vérité… Depuis quinze ans, j'ai tourné partout : Maroc, Philippines, Tchéquie… Et je me suis bien entendu avec toutes ces personnes différentes. Ils savent tous ce qu'est un film et comment le faire. Et puis, comment faire pour transporter les techniciens italiens, les acteurs italiens tous en même temps à un moment précis et à chaque tournage ? Ce n'est pas possible. En plus, je préfère travailler avec de jeunes équipes. On peut se tromper vis à vis de leur inexpérience mais ceci est compensé par leur créativité.
Et dans le cas de Simon Boswell, compositeur qui a créé les musiques de près de dix de vos films ?
Simon était très en vogue à Rome, il écrivait pour beaucoup d'artistes italiens. Je cherchais un son différent et il était très proche de la mouvance rock/électro (ndt : Simon Boswell a appartenu à deux groupes punks à la fin des années 70). Ce fut un des premiers musiciens qui réussissaient à utiliser son ordinateur pour trouver une dynamique musicale, une ambiance. C'est un grand musicien.
Vous avez joué à l'écran, aussi.
(rires) C'était juste un divertissement. C'est quelque chose que je déteste ! Mais je l'ai parfois fait aussi parce que je n'avais pas d'acteur sous la main qui voulait le faire (rires). Dans DEMONS 2, j'étais physiquement juste pour faire un des parents un peu idiots (rires).
Quelle est la genèse de LA MAISON DE LA TERREUR ?
BAISER MACABRE eut un certain succès critique, il a été dit que le film distillait une horreur plus sophistiquée. Mais le public n'a pas suivi. Faire un premier film n'est pas le plus difficile… C'est faire le deuxième ! J'ai reçu beaucoup d'appels de producteurs, dont celui de Mino Loy à propos d'une idée de Dardano Sacchetti pour une nouvelle façon de faire un giallo. C'était une série de 25 minutes en 6 parties, avec un meurtre à la fin de chaque épisode. J'ai accepté et je me souviens des conditions avec Gianlorenzo Battaglia, notre premier film ensemble. Le producteur avait apporté sa propre caméra (ndt : 16 mm) qui ne comportait que trois objectifs (sans grand angle ni zoom). Nous avons tourné le film, j'ai monté les épisodes les uns après les autres et après la première projection, il fut décidé en fait de le sortir au cinéma. Peut-être parce que mon premier film n'était pas très graphique, ils s'attendaient à autre chose. Là, ce fut le contraire. Et le film a très bien marché au cinéma.
Je pense que LA MAISON DE LA TERREUR possède un petit plus qui définit aussi votre style : le jeu sur le réel et la fiction, notamment avec le meurtre d'Anny Papa
C'est intéressant. Oui, surtout avec le fait qu'elle se fasse étrangler avec la pellicule de la dernière bobine de son film qui contient la révélation non seulement du film mais aussi la clé de l'énigme dans la réalité. Cela tient aussi du fait des conditions de tournage délicates. J'utilisais toujours aussi une médiation avec la mort. Vous vous souvenez, le grillage de la première mort, le sac plastique dans le deuxième… Et toujours, un diaphragme qui tient les morts à distance. Ce meurtre dans la salle de bains, d'ailleurs, est assez fort. Même pour moi !