Header Critique : VENGEANCE DES MONSTRES, LA (ISLAND OF THE ALIVE : IT'S ALIVE III)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA VENGEANCE DES MONSTRES 1987

ISLAND OF THE ALIVE : IT'S ALIVE III 

Des bébés anormaux continuent de naître et les autorités s'arrogent le droit de les exterminer. Forcément, cela se finit dans un tribunal où Stephen Jarvis, le père de l'un des bébés, essaye de faire en sorte que l'on reconnaisse les nouveaux nés comme des êtres humains et non comme des animaux.

Warner Bros se met en tête de produire des films à petits budgets à destination de la vidéo. Il est alors proposé à Larry Cohen de réaliser une seconde suite au MONSTRE EST VIVANT. Le scénariste demande s'il ne serait pas aussi possible, en même temps, de faire une suite à L'HOMME AU MASQUE DE CIRE qu'il aurait nommé RETURN TO THE HOUSE OF WAX. Warner n'apprécie pas l'idée mais est séduit par la possibilité de réaliser deux films à la suite avec la même équipe et c'est ainsi que Larry Cohen tourne donc coup sur coup LA VENGEANCE DES MONSTRES et LES ENFANTS DE SALEM. Un coup du sort assez surprenant puisque c'est justement Warner qui n'avait pas voulu produire le script du scénariste quelques années auparavant pour l'adaptation originale du livre de Stephen King à destination des cinémas. Bien qu'initialement prévu pour une sortie directement en vidéo, Warner sortira tout de même le film aux Etats-Unis dans un parc limité de salles. Il ne connaîtra pas cette chance en France où il sera distribué de la façon prévue initialement.

L'humour était déjà présent dans LE MONSTRE EST VIVANT et LES MONSTRES SONT TOUJOURS VIVANTS mais les deux films restaient des drames horrifiques plutôt noirs. Presque dix ans s'écoulent avant que Larry Cohen ne se lance dans cette nouvelle suite. Cette fois, il change considérablement de ton et offre une sorte de satire sociale toujours en continuant de développer les thèmes de la série. Pourtant, les passages les plus réussis du film sont loin d'être les plus comiques comme cette rencontre entre Stephen Jarvis et une prostituée interprétée par Laurene Landon où le cinéaste y va de son commentaire sur le rejet des malades et donc du sida.

Le film parle surtout du rejet des handicapés qui gênent la société et que l'on envoie là où personne ne les verra. Mais Larry Cohen continue ses critiques et observations dans tous les sens. Paradoxalement, ce ton plus satirique dessert le discours qui s'en trouve diminué. Le résultat n'est pas déplaisant, et l'aventure de Stephen Jarvis prend souvent des allures délirantes, plus particulièrement lors d'un détour chez les communistes. Plutôt osé dans un film américain puisque cela va jusqu'à une aide désintéressée de la part des militaires cubains qui s'expliquent simplement en disant qu'ils sont eux aussi des êtres humains. Puis, ils abandonnent notre héros aux abords d'un quartier américain chaotique où des bandes de loubards attaquent et violent les passants.

La série se bornait jusque là à présenter des bébés mais LA VENGEANCE DES MONSTRES donne l'occasion, grâce au passage du temps, d'assister à leur évolution. Les bébés sont toujours réalisés selon le design de Rick Baker, il ne participera pas directement au film, d'après l'idée originale de Larry Cohen qui voulait une sorte de bébé ressemblant à celui de 2001 L'ODYSSEE DE L'ESPACE avec des dents et des crocs. Certains plans des bébés sont animés image par image par Bill Hedge mais pour les versions adultes ce seront des maquillages standards. Néanmoins, le résultat n'est toujours pas parfait et il ne s'agira la plupart du temps que d'apparitions rapides. Les versions adultes sont à vrai dire grotesques et peu convaincantes. Cela n'empêche pas pour autant LA VENGEANCE DES MONSTRES d'être le film le plus visuellement sanglant des trois. La vraisemblance n'est de toutes façons pas un grand problème dans le film et on s'en apercevra par exemple lorsque l'hélicoptère miniature qui explose n'est même pas peint de la même façon que son modèle grandeur nature.

Comme Larry Cohen le dit lui-même, si il avait su qu'il y aurait une autre suite, il n'aurait certainement pas éliminé le personnage incarné par John Ryan dans LES MONSTRES SONT TOUJOURS VIVANTS. Le film ramène en tout cas James Dixon, seul acteur à être apparu dans les trois films, toujours dans le rôle du lieutenant Perkins. Pour lui donner la réplique, le nouveau père est donc interprété par Michael Moriarty qui est déjà apparu auparavant dans d'autres films de Larry Cohen (EPOUVANTE SUR NEW YORK et THE STUFF). Karen Black joue La mère de l'infortuné bébé mais n'apparaît que dans une scène au début et dans la fin du film.

Larry Cohen aime à travailler en laissant ses acteurs improviser selon ses directives. Par exemple, dans LE MONSTRE EST VIVANT, lorsqu'il se rend compte que l'une des infirmières qui apparaît dans le film parle de ses origines gaéliques, il l'interrompt pour qu'elle raconte tout cela dans un échange avec John Ryan devant la caméra. De la même façon, Larry Cohen donne donc toute latitude à Michael Moriarty pour développer son rôle de père devenu zinzin par la force des choses. Regardé par tout le monde comme une bête curieuse, en quelque sorte il est devenu lui-même un monstre, il l'accepte avec un humour de mauvais goûts jusqu'à se qualifier comme «le père du monstre». Pendant le tournage sur le voilier, toute l'équipe est malade mais Larry Cohen et Michael Moriarty chantent et plaisantent. Il vient alors à l'idée du réalisateur de faire chanter une chanson à l'acteur où il apparaîtra encore plus comme un joyeux timbré tant la scène est surréaliste et incongrue.

Des trois films de la série, à sortir en même temps en DVD, LA VENGEANCE DES MONSTRES est le plus récent et l'on s'attendait donc à une image dépourvue de défauts. En effet, la copie qui a servi à faire le transfert est plutôt propre mais certaines scènes laissent apparaître quelques petits soucis numériques. Pour le son, le film bénéficie d'une piste originale en stéréo surround. Elle offre donc une belle dynamique gauche / droite et distille d'appréciables ambiances sur les enceintes arrières. Le doublage français est, en comparaison, très plat avec une piste en simple mono codée sur un seul canal !

Après le visionnage de la bande-annonce, il vous restera un commentaire audio très informatif de Larry Cohen. Manque de chance, Warner continue de s'entêter à ne pas sous-titrer ce genre de supplément. Il sera dès lors réserver à ceux qui manient assez bien la langue anglaise. Hormis une très longue et inexplicable plage de silence d'environ six minutes, Larry Cohen ne s'arrêtera quasiment pas de parler tout au long de cet exercice en solitaire face à son propre film. On peut y apprendre, entre autres, que Bob Kane, le créateur de Batman, apparaît dans le film ainsi que son épouse, mais aussi une amusante anecdote sur la cascade ou bien encore l'utilisation de quelques images empruntées à d'autres films comme un plan de requin sur une hilarante réflexion de Michael Moriarty. On notera qu'il n'y a pas vraiment de redite par rapport aux deux commentaires présents sur LE MONSTRE EST VIVANT et LES MONSTRES SONT TOUJOURS VIVANTS. Enfin, on pourra être surpris, après avoir vu ces trois commentaires (un sur chacun des films), de découvrir que Larry Cohen connaît la carrière de ses acteurs sur le bout des doigts, ou presque, et est capable de dresser de rapides filmographies non exhaustives de chacun d'eux. Il finira en évoquant une nouvelle fois le remake du MONSTRE EST VIVANT et s'amuse du fait qu'il pourrait même y avoir des suites.

Epilogue au ton très différent des deux films qui l'ont précédé dans la série, LA VENGEANCE DES MONSTRES est un spectacle détendu où le propos sérieux sous-jacent donne l'impression de céder le pas à une légèreté superficielle. Il n'en reste pas moins intéressant malgré ses nombreux défauts.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
55 ans
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On aime
Une suite intéressante bien qu'en décalage avec le ton de la série
On n'aime pas
Pas de sous-titrage sur le commentaire audio
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L'édition vidéo
ISLAND OF THE ALIVE : IT'S ALIVE III DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h30
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Mono
German Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
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