Brian Helgeland commence à Hollywood comme scénariste, et plus particulièrement dans le domaine de l'épouvante, en travaillant sur des titres comme LE CAUCHEMAR DE FREDDY ou 976-EVIL (titre vidéo). Finalement, il devient un auteur majeur en signant le script de L.A. CONFIDENTIAL, réalisé par Curtis Hanson, d'après un roman de James Ellroy, ce qui lui vaut un Oscar. Helgeland embrasse alors une carrière de réalisateur, en signant le thriller PAYBACK, puis la comédie d'aventures médiévales CHEVALIER. Tout en continuant à signer des scénarios pour les films de Clint Eastwood, il poursuit sa carrière de metteur en scène en s'attaquant, récemment, au fantastique, avec LE PURIFICATEUR. Il rédige lui-même le scénario, totalement original, et choisit délibérément de travailler à nouveau avec des acteurs de CHEVALIER, comme Heath Ledger ou Shannyn Sossamon. LE PURIFICATEUR est entièrement tourné en Italie, d'abord dans des extérieurs romains et napolitains, puis en studio, à Cinecitta, où est reconstituée toute une partie de l'église Saint-pierre de Rome, dont la "chaire de Saint-pierre" elle-même.
Alex, un jeune prêtre catholique appartenant à l'ordre des Caroliniens, se rend précipitamment à Rome lorsqu'il apprend que son mentor, Dominic, vient d'y décéder dans des circonstances étranges. Il découvre sur le corps du vieil homme des traces étranges, et il a tôt fait d'établir un lien entre ces marques et une légende médiévale : celle des "purificateurs". Ces personnages étaient censés être capables de prendre sur eux les fautes des défunts, y compris les péchés mortels. Alex découvre que cette tradition survit encore aujourd'hui, à Rome...
LE PURIFICATEUR paraît s'inscrire dans la tradition des thrillers surnaturels américains mettant en scène le "folklore" de l'église catholique. Cette veine est bien évidemment largement connue à travers le classique L'EXORCISTE. A la fin des années 1990, ce style revient à la mode, les studios hollywoodiens ayant voulu anticiper une éventuelle "peur de l'an 2000" chez le public. On a ainsi vu se succéder des oeuvres à tendance démonologique, comme LA FIN DES TEMPS ou LES ÂMES PERDUES. Dans cette vague, toutefois, un titre a réussi à se démarquer par son originalité, en proposant, en fait, un thriller surnaturel inspiré par des textes apocryphes : STIGMATA. Toujours dans le style du thriller catholique, LE TOMBEAU a tenté, lui aussi, de faire preuve d'un peu d'ambition.
LE PURIFICATEUR paraît donc s'inscrire dans ce courant. Il met en scène les "mangeurs de péché", supposés avoir vraiment existé au moyen-âge. Il s'agissait de personnes acceptant d'absorber le péchés d'un mourant, afin que celui-ci puisse se présenter dans l'au-delà lavé de ses fautes. Ils étaient évidemment recherchés par ceux que l'église avait excommuniés, c'est-à-dire les croyants ne pouvant plus avoir recours à la confession "officielle" pour se purger de leurs péchés. Dans LE PURIFICATEUR, on découvre qu'un tel personnage, interprété par Benno Fürmann (vu dans ANATOMIE...), existe encore à Rome et loue ses "services" à des personnes richissimes. Toutefois, son pouvoir particulier implique aussi son immortalité, immortalité dont il commence à se lasser. Face à lui, Alex, un jeune prêtre à la vocation vacillante, enquête, à la demande d'un cardinal, dans une Rome mystérieuse, truffée de sociétés secrètes et de librairies spécialisées dans l'occultisme.
Au vu des prémices intéressants du PACIFICATEUR, on est en droit de s'attendre à une belle réussite. Et il faut reconnaître que Helgeland parvient à imposer une ville mystérieuse et à créer une atmosphère envoûtante. Pourtant, tout ne fonctionne pas si bien que cela. LE PURIFICATEUR manque cruellement de rythme et semble ne progresser que lentement, en recourant beaucoup trop souvent à des séquences dialoguées. Certains détails censés apportés des touches horrifiques sont inefficaces, car souvent gratuits (A quoi servent les deux enfants mystérieux ?), ou d'une naïveté assez risible (la boîte de nuit cabaliste). Surtout, Heath Ledger paraît un prêtre peu convaincant, dénué du charisme et de la profondeur nécessaires pour jouer un rôle a priori aussi exigeant.
A sa sortie, on n'a pas fait de cadeau au PURIFICATEUR. Mal accueilli par la critique et le public lors de sa distribution aux USA, ses projections dans les salles française se sont faites dans une grande discrétion, et sous les quolibets d'une presse très sévère. Pourtant, il mérite tout de même un coup d'oeil de la part des amateurs de thrillers théologiques, qui peuvent être séduits par l'originalité de son sujet et son atmosphère soignée.
Ayant connu une carrière commerciale très décevante, LE PURIFICATEUR sort en DVD dans une édition relativement chiche, en tous cas pour un titre neuf distribué par une major hollywoodienne. L'édition française offre une copie évidemment très propre (format 1.85 respecté et transfert 16/9), avec un rendu des couleurs et des lumières assez subtil, même si l'on regrette une compression et des contrastes qui ont tendance à marquer le pas dans certaines des séquences les plus sombres. C'est légèrement décevant pour un film aussi récent, mais n'empêche en rien de consulter confortablement le film.
Comme sur le zone 1 américain, on trouve le mixage original anglais en Dolby Digital 5.1, lequel est de très bonne qualité même si le film, peu spectaculaire, ne lui donne que rarement l'occasion de se déchaîner. L'édition française apporte, en exclusivité, des pistes francophones 5.1, d'excellente qualité, en Dolby Digital ou en DTS. On a aussi accès à un sous-titrage français, amovible.
Les suppléments liés au film, tous sous-titrés, sont les mêmes que ceux du zone 1. On peut consulter un commentaire audio de Brian Helgeland, informatif, mais aussi un peu monotone. On trouve encore une sélection de sept scènes coupées, disponibles avec un commentaire optionnel du réalisateur.
Par contre, des suppléments (mineurs) ont disparu par rapport au zone 1 : la bande-annonce et les "chutes" de tournage. On "gagne" en revanche des bandes-annonces FPE (parmi lesquelles LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES) qui ont la désagréable caractéristique de démarrer automatiquement lors du lancement du disque...
Bref, cette édition française est tout à fait décente et en tous cas, n'a pas à rougir face à son équivalent zone 1, elle aussi maigre en suppléments.