En Israël, l'archéologue Sharon Golban découvre,
au cours d'un chantier de fouilles dans la cave d'un magasin palestinien,
les ossements d'un crucifié, accompagnés d'une pièce
de monnaie datant de Ponce Pilate. Il n'est pas invraisemblable, alors,
qu'il s'agisse des ossements du Christ, même si aucune preuve
ne permet de l'affirmer catégoriquement... Le Vatican envoie
alors sur place un jeune prêtre d'origine sud-américaine,
le père Guttierez, afin d'enquêter. Or, les intérêts
politiques et religieux sont si étroitement mêlés
en Israël qu'il va devoir jouer serré pour échapper
aux manipulations de toutes les factions en présence, y compris
celles de son propre camp...
LE TOMBEAU a été réalisé et écrit, d'après un roman de Richard Sapir, par Jonas McCord, dont c'est le premier long métrage pour le cinéma. Le film a été tourné intégralement sur les lieux du récit, c'est-à-dire un peu à Rome et beaucoup en Israël (Jérusalem et Tel-Aviv), dans des conditions certainement assez tendues. Antonio Banderas, qui cherchait alors à échapper au créneau du cinéma d'action, y joue le rôle principal, celui d'un jeune prêtre catholique qui va se retrouver manipulé par le Vatican. A ses côtés, on trouve, entre autres, Olivia Williams (épouse de Bruce Willis dans SIXIÈME SENS...), Jason Flemyng (héros du BRUISER de Romero...), Derek Jacobi (spécialiste du registre shakespearien, on le rencontre aussi dans LA GRANDE MENACE, GLADIATOR...), John Wood (LADYHAWKE, WARGAMES...)... La photographie est dirigée par le grand chef-opérateur Vilmos Zsigmond (DÉLIVRANCE de John Boorman, OBSESSION de Brian de Palma, RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE de Steven Spielberg, VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER de Michael Cimino... !).
Ce film a la particularité d'aborder un sujet assez sensible, sous la forme d'un très audacieux "Et si ...?" : en effet que se passerait-il si on retrouvait en Israël les restes du Christ ? D'abord, cela pourrait remettre en question le dogme de la résurrection du Christ, et, ainsi, mettre en cause toute une part des croyances catholiques. Dès lors, LE TOMBEAU part du principe que les autorités romaines vont tout mettre en oeuvre pour "enterrer" l'affaire avant que des informations à propos de ces fouilles ne soient révélées au public. Tout cela n'est pas sans rappeler STIGMATA, qui tournait autour d'extraits de l'Evangile selon saint-Thomas que dissimulerait sciemment l'église catholique, de crainte qu'ils ne remettent en cause son existence. Mais, au-delà d'une mise en cause des méthodes (présumées ou réelles...) de l'église catholique, LE TOMBEAU se veut avant tout une dénonciation des situations géo-politiques dans lesquelles le fait religieux intervient de façon malsaine. Ainsi, des israéliens et des palestiniens vont aussi tenter, chacun de leur côté, de mettre la main sur les ossements mystérieux afin d'obtenir le soutien du Vatican dans la reconnaissance de leurs droits sur Jérusalem...
Mais, dès lors, LE
TOMBEAU va, prudemment, renvoyer tout le monde dos à dos
à travers des portraits assez caricaturaux : le Vatican est dirigé
par des éminences grises machiavéliques ; un homme politique
israélien entretient des liens troubles avec les ultra-orthodoxes
; enfin, le chef des terroristes palestiniens et ses hommes semblent
sortir d'un film d'action avec Steven
Seagal ! Heureusement, chaque camp a ses "gentils" pour
équilibrer le tout (les gentils prêtres manipulés,
la gentille archéologue israélienne, le gentil commerçant
palestinien...). Tout cela ne serait pas si gênant si le contexte
dans lequel se place le film était moins sensible. Mais, ici,
cette simplification nuit gravement à la crédibilité
de l'ensemble et, donc, aussi à celle de son propos. D'autres
détails n'aident pas à la vraisemblance du TOMBEAU
: Antonio Banderas
n'est guère crédible en prêtre, et Jason
Flemyng, en religieux lui-aussi, est absolument grotesque. On regrette
encore une réalisation souvent fade, voire bâclée,
notamment dans les séquences d'action.
Pourtant, LE TOMBEAU n'est pas un film qui laisse sur une mauvaise impression. Tout d'abord, la démarche de ses producteurs, de ses acteurs et de son réalisateur est indéniablement d'un grand courage, malgré leurs maladresses. Ensuite, le récit est tellement riche et original qu'on ne s'ennuie jamais pendant les presque deux heures que dure LE TOMBEAU. Enfin, l'exotisme et le réalisme, apportés par le tournage du film en Palestine de nos jours, sont assez fascinants et donnent un ton singulier à ce film.
En matière technique, regrettons d'abord que le lancement du DVD impose le visionnage des bande-annonces de BEAUTÉS EMPOISONNÉES et de D'ARTAGNAN avant même que le spectateur n'ait eu accès à un quelconque menu : pour un DVD dédié à la vente, ces publicités sauvages manquent singulièrement d'élégance et mettent d'emblée le spectateur de méchante humeur !
La qualité de l'image est tout à fait correcte. Les couleurs, la luminosité et la définition sont magnifiques. On regrette tout de même quelques traces de compression dans les scènes les plus sombres (l'intérieur du tombeau...) ou dans certains travellings un peu trop flous. Le niveau reste néanmoins très correct, notamment grâce à une copie impeccable épaulée par deux bandes-son en 5.1 : l'une en français et l'autre en anglais (avec sous-titres français imposés).
Les bonus se montrent plus généreux que ne le laissait croire le boîtier du DVD : On y trouve la bande-annonce du TOMBEAU (version originale sous-titrée ou version française) ainsi que... celles de BEAUTÉS EMPOISONNÉES et de D'ARTAGNAN ! Décidément ! On a accès à trois courtes pages de notes de production, néanmoins assez informatives. On peut consulter des bio-filmographies exhaustives des acteurs Antonio Banderas, Olivia Williams et Derek Jacobi ; pour ces trois acteurs, on trouve aussi trois courtes interviews relativement intéressantes. Un "making of" nous est proposé : encore une fois, il ne s'agit que d'un montage de vidéos (ici, de très bonne qualité technique) nous montrant le tournage de plusieurs scènes du film, et ce sans aucun commentaire. C'est un peu dommage. Enfin, une galerie de dix photographies du TOMBEAU, illustrée par des extraits de la musique du film, vient conclure la section des bonus.
Si LE TOMBEAU a des
défauts très embarrassants (parfois caricatural, réalisation
plate, interprétation inégale...), il sait néanmoins
se rendre intéressant par la richesse et l'originalité
de son scénario. Si on peut rester sur une impression mitigée,
on doit bien reconnaître que, par sa volonté audacieuse
de traiter, à travers un thriller, des évènements
actuels du Proche-Orient, ce film parvient à se hisser bien au-dessus
du statut d'un simple film de série.