Header Critique : TEXAS CHAINSAW MASSACRE 2, THE (MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2)

Critique du film et du DVD Zone 1
THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE 2 1986

MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 

Au Texas, deux jeunes gens sont retrouvés morts dans leur voiture, massacrés à coups de tronçonneuse. La police tente de faire passer cette affaire pour un banal accident d'automobile. Mais, les victimes étant en contact téléphonique avec une animatrice de radio au moment du crime, celle-ci a pu en enregistrer la "bande-son"...

Le premier MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE, tourné à peu de frais, en décors naturels et en 16 mm, vaut à son jeune réalisateur Tobe Hooper une certaine consécration artistique, quand bien même son exploitation s'avèrera chaotique (avec notamment la circulation de copies pirates). Hooper travaille ensuite sur des films d'épouvante à budget limité, avec LE CROCODILE DE LA MORT (de 1977) et MASSACRE DANS LE TRAIN FANTÔME (de 1981). Entre les deux, on le trouve aux manettes des VAMPIRES DE SALEM, adaptation du "Salem" de Stephen King, destinée à la télévision.

Sa carrière passe à la vitesse supérieure lorsque Steven Spielberg, fan de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE, le contacte afin de produire un de ses films. Les deux hommes se mettent d'accord sur une histoire de maison hantée : ce sera POLTERGEIST, mis en boîte pour un budget confortable de dix millions de dollars, qui connaît un très gros succès. Cette sortie donne lieu à une certaine polémique (quant au rôle plus ou moins actif que Spielberg aurait tenu dans la réalisation), mais Hooper est tout de même devenu une valeur sûre du cinéma fantastique. La firme indépendante Cannon a alors des velléités de marcher sur les plates-bandes des majors hollywoodiennes. Après s'être bâti une image de spécialiste du cinéma d'action, en mettant en scène Charles Bronson, Chuck Norris et Michael Dudikoff, elle veut taper fort et cher avec une production mêlant épouvante et science-fiction : ce sera LIFEFORCE de Tobe Hooper, qui connaît hélas un échec commercial. Il en sera de même pour le pourtant moins onéreux L'INVASION VIENT DE MARS, toujours de Hooper, remake des ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE (titre vidéo).

Les dirigeants de Cannon proposent ensuite à Tobe Hooper de donner une suite à MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE. Une fois réglés divers problèmes juridiques dûs aux conditions folkloriques de la production du premier volet, le travail peut commencer. C'est le scénariste texan L.M. Kit Carson qui se charge de rédiger le nouveau script. Le projet, de sa préparation à la post-production, doit se faire en six mois, Cannon fixant déjà une date de sortie : le 22 août 1986. Dans un premier temps, Hooper n'est supposé que produire MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2, mais, ne parvenant pas à trouver un réalisateur satisfaisant, il en assure lui-même la mise en scène... Le film a un budget de 5 millions de dollars, ce qui est très confortable si on le rapporte aux 300.000 qu'avait coûté le métrage de 1974, mais assez indigent par rapport aux 25 millions placés sur LIFEFORCE ! Le tournage se déroule à nouveau au Texas, et plus précisément à Austin et ses alentours, notamment dans un parc d'attractions désaffecté. Organisant le travail au jour le jour, Hooper fait un retour aux techniques du cinéma commando, avec la complicité de Carson, qui improvise quotidiennement de nouveaux éléments à ajouter au scénario.

A bord d'une luxueuse automobile, deux jeunes hommes aisés parcourent les routes du Texas, en s'amusant à dégommer les boîtes aux lettres ou les panneaux indicateurs à coups de revolver. Ils vont jusqu'à défier le conducteur d'un pick-up qui roulait tranquillement, le forçant à leur céder le passage et à précipiter son véhicule hors de la route. En même temps, les deux zigotos s'amusent à importuner au téléphone Stretch, alors que celle-ci anime son émission radio de musique rock, au cours de laquelle elle diffuse des disques à la demande. A la tombée de la nuit, le pick-up qu'ils avaient envoyé valdingué les a retrouvés : à son bord, un colosse masqué armée d'une tronçonneuse, qui les agresse et les tue tous les deux ! Stretch, dont la ligne était toujours en contact avec le téléphone de la voiture, entend et enregistre à distance tout l'évènement horrible ! Le lendemain matin, les autorités tentent de faire passer le fait divers pour un simple accident, mais le lieutenant Enright ne l'entend pas de cette oreille. Voilà quatorze ans qu'il recherche, à travers tout le Texas, un gang de psychopathes armés de tronçonneuses, responsable du massacre de plusieurs de ses proches...

Or, ses proches étaient, on le devine, des membres de l'expédition hippie décimée par Leatherface et sa bande dans le MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE original. "Lefty" Enright est incarné par Dennis Hopper (qui, la même année, compose un détraqué impressionnant dans le BLUE VELVET de Lynch), en fait le seul acteur de grande envergure à participer à ce projet. Ce personnage est un cow-boy justicier, illuminé par la religion, qui se projette dans un rôle de croisé et emploie, en fin de compte, les mêmes moyens violents que ses ennemis. La famille cannibale est, de son côté, un peu recomposée. Parmi les comédiens d'origine, seul Jim Seadow (le cuisinier, c'est-à-dire le plus âgé de la fratrie) est de retour. Gunnar Hansen, le Leatherface original, ne reprendra jamais son rôle dans les trois suites et le remake de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE. Ici, il cède sa place à Bill Johnson. L'auto-stoppeur a été tué à la fin du premier film, mais il est encore présent... sous la forme pathétique d'une momie que ses frères manipulent à la manière d'une marionnette de ventriloque ! Un nouveau venu fait son apparition : le frère jumeau de l'auto-stoppeur, Chop Top, revenu du Vietnam avec un trou dans le crâne, orifice comblé à l'aide d'une plaque d'acier.

Alors que, dans MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE, le clan cannibale semblait vivre reclus, coupé du monde, au fin fond du Texas, MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2 nous apprend que le cuisinier s'est révélé, avec les années, un habile chef d'entreprise. Grâce au savoir-faire traditionnel de sa lignée, il a élaboré une savoureuse recette de Chili con carne, dont il a rationalisé la production afin d'en assurer une large et rentable distribution à travers tout l'État. Cette activité s'avère économiquement porteuse et vaut même des prix de mérite à l'entrepreneur gourmet ! Installé dans le sous-sol d'un vaste centre d'attraction abandonné, les ateliers familiaux doivent tout de même résoudre un problème crucial dans la composition de son fameux Chili : l'approvisionnement en viande humaine bien fraîche, que doivent aller "chercher" les trois frangins... En traçant le portrait de cette firme très particulière, menée par un businessman dégénéré, Carson appuie fortement la satire du libéralisme économique caractéristique des années Reagan. Cette satire des années 1980 est encore développée à travers la description des jeunes yuppies arrogants et sans-gène du prologue.

Ce ton satirique, forcé jusqu'à la caricature et l'absurde, donne à MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2 une touche humoristique bien plus évidente que celle du premier film. L'esprit cartoon, déjà présent dans certains passages de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE (les poursuites, notamment), passe ici au premier plan, particulièrement dans toute la partie se déroulant à l'intérieur de l'antre des cannibales, qui évoque, par son rythme et la frénésie de sa réalisation, un long Tex Avery sanguinolent. Car, si le "gore suggéré" de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE a beaucoup fait jaser, sa suite, elle, ne fait pas de détails et aligne des scènes violentes extrêmement graphiques, signées par un Tom Savini au sommet de son art. Séance de train-fantôme délirante, menée par des interprètes aussi hallucinés que cabotins (Bill Moseley, Jim Seadow et Dennis Hopper en tête), MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2 semble s'inscrire dans le courant alors vivace d'une épouvante gore rehaussée par un humour noir qui aurait été hérité des EC comics des années 1950. Ces nouvelles aventures de Leatherface se rapprochent en effet d'œuvres contemporaines, comme RE-ANIMATOR ou EVIL DEAD 2.

Pourtant, Hooper ne se contente pas d'adapter talentueusement sa création aux tendances du cinéma des années 1980. Certes, un esprit "fun", voire "rock'n roll", semble régner. Pourtant, l'humour de son auteur reste particulier, très amer. La cruauté inouïe de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE est toujours présente, tant et si bien que certaines séquences "comiques" s'avèrent, au vu de leur contexte extrêmement dur, à peine supportables (Chop Top harcelant Stretch à la station de radio, à coup de sous-entendus déplaisants, par exemple). De même, le sous-texte salace de la "relation" entre Stretch et Leatherface aboutit à des passages pénibles, se vautrant dans un mauvais goût sordide. Le rire de Hooper est grinçant, et il n'hésite pas à pousser le bouchon aussi loin que possible. Difficile, dès lors, de rigoler franchement du calvaire de la jeune femme, lorsqu'elle est enfermée dans le garde-manger, à la merci des fantasmes délirants de son bourreau.

Bénéficiant de moyens techniques beaucoup plus élaborés que MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE, sa suite perd de sa patine documentaire et expérimentale, mais gagne en stylisation cartoonesque et en gore explicite. S'il ne provoque pas un choc aussi puissant que son prédecesseur (la tentative de reprendre la scène du grand-père, par exemple, n'est pas totalement heureuse), MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2 parvient à renouveler son sujet et à produire, aussi bien dans sa forme que dans son fond, un condensé d'horreur audacieux, agressif et vicieux.

Comme on s'en doute, sa distribution se fait dans des conditions assez particulières. Aux USA, il sort à une période où le MPAA est particulièrement excité, et charcute un peu tout ce qui lui passe dans les mains (EVIL DEAD 2, JASON LE MORT-VIVANT, ROBOCOP...). Cannon se doute que le film va se retrouver classé X. La firme prend alors l'initiative de distribuer MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2 sans l'avoir préalablement présenté à cette commission de classification (facultative), tout en faisant interdire l'entrée des cinémas le projetant aux moins de 17 ans. Carson et Hooper ont alors la désagréable surprise de constater que leurs producteurs ont retiré quelques scènes à leur insu...

En Grande-Bretagne, où sévit là aussi une censure très sévère, et où, en plus, le passage devant la commission de classification est obligatoire, Cannon renonce purement et simplement à distribuer le film. En France, il sort dans son montage américain, mais ne trouve pas vraiment son public. MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2 paraît d'abord, en Laserdisc, dans une présentation 1.33. Puis, Elite en propose une nouvelle édition au format correct (1.85), accompagnée par une bande-annonce et, surtout, deux scènes coupées (la famille s'approvisionne dans un parking souterrain...).

Le DVD arrive aux USA en 2000, chez MGM (zone 1, NTSC). Le film est proposé dans son format 1.85 d'origine, mais, hélas, ne propose pas d'option 16/9. L'image est néanmoins de très bonne facture, avec notamment une compression quasi-invisible, une définition correcte, et un rendu des couleurs très agréable. Tout au plus peut-on reprocher la présence de quelques saletés ponctuelles ou de rares plans peut-être un peu trop granuleux. Les masochistes trouveront au verso du DVD une version recadrée en 1.33...

La bande-son n'est disponible qu'en anglais, dans son mixage "Ultra stereo" d'époque, sur deux canaux, très agréable, même s'il a parfois tendance à saturer un peu. Des sous-titres espagnols et français sont disponibles.

En terme de bonus, on ne trouve que la bande-annonce américaine. Les deux scènes coupées du Laserdisc Elite n'ont donc, hélas, pas été reprises...

Cette édition est une manière très convenable de revoir ce très réussi MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE 2, avec un sous-titrage français. En zone 2, MGM a sorti un DVD semblable dans certains pays d'Europe (mais pas en France) : il a même été distribué sans coupure en Grande-Bretagne ! Toutefois, cette édition européenne n'inclut pas de sous-titrage français...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
TEXAS CHAINSAW MASSACRE PART 2 DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h40
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Espagnol
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    • Bande-annonce
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