Header Critique : MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 (TEXAS CHAINSAW MASSACRE PART 2)

Critique du film et du DVD Zone 2
MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 1986

TEXAS CHAINSAW MASSACRE PART 2 

Deux jeunes étudiants prennent la route afin de faire un break bien mérité. Par nature stupides, ces jeunes hommes livrés à eux-mêmes boivent, sèment le trouble sur la route et effraient d'autres conducteurs. L'une de ces victimes s'avère malheureusement plus susceptible que les autres et fait demi-tour. Nos deux crétins sont alors attaqués par un homme brandissant d'une main un cadavre et de l'autre une immense tronçonneuse ! Stretch, animatrice radio en contact téléphonique avec les malchanceux étudiants va donc assister à leur mort en direct… Malgré la bande audio, la police persiste à croire qu'il s'agit là d'un accident. Toute la police ? Non. Le Lieutenant Lefty Enright comprend bien vite que nous sommes en présence de la tristement célèbre famille de bouchers ayant terrorisé le Texas quelques années plus tôt. Il s'arme donc à son tour de tronçonneuses et part livrer une bataille aux enjeux très personnels…

En 1974, Tobe Hooper révolutionne le cinéma horrifique et repousse les limites du tolérable avec son brillant MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. L'homme enchaîne alors, entre autres, avec le très convaincant CROCODILE DE LA MORT, une adaptation réussie d'une nouvelle de Stephen King (LES VAMPIRES DE SALEM) et une excellente réalisation pour le compte de Steven Spielberg (POLTERGEIST). Hooper est dès lors une valeur sûre du cinéma d'horreur. La Cannon, société de production bien connue pour ses films d'action musclés, tente alors de se diversifier et aspire à plus de grandeur. Pour se faire, elle contacte le talentueux réalisateur et lui offre les commandes de LIFEFORCE. Le film sera un échec, tout comme la seconde collaboration nommée L'INVASION VIENT DE MARS. L'heure est grave et la Cannon propose donc à Hooper de revenir aux sources de son succès en réalisant une suite au fameux MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. Fort d'un budget de cinq millions de dollars (alors que l'original n'avait coûté que 300.000 dollars), le bonhomme se met donc au boulot… Reste qu'il souhaite éviter la redite et qu'après avoir stupéfait son monde avec un premier opus jouant sur la tension et l'horreur suggérée, Hooper décide d'opter pour une démarche diamétralement opposée. MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 proposera donc une imagerie explicitement gore et un ton résolument axé vers le comique, tout comme le fit le EVIL DEAD de Sam Raimi cinq ans plus tôt.

Ce ton décontracté découle en grande partie de l'arrivée dans la famille d'un nouveau personnage : Chop Top. Incarné par l'excellent Bill Moseley (HOUSE OF THE 1000 CORPSES, THE DEVIL'S REJECT, etc.) alors débutant, ce nouveau protagoniste s'avère être le frère de l'autostoppeur du premier film. Pour l'anecdote, Moseley a été recruté sans entretien suite à une vidéo test qu'il avait expédiée spontanément à Hooper. La séquence présentée reprenait celle de l'autostoppeur justement, incarné cette fois par un Moseley qui sut séduire sans mal le réalisateur… Hooper remplace donc un personnage exubérant et totalement fêlé par un autre, encore plus extrême dans ses propos et dans ses actes. Chop Top ponctue ainsi ses horribles agissements par quelques répliques fort bien senties («T'entends ? On dirait la mort qui croque des noisettes»). Ce détachement à vocation comique permet par ailleurs au réalisateur de s'amuser d'un thème alors très en vogue : Le retour du Vietnam et les dramatiques conséquences psychologiques et sociologiques occasionnées par cette guerre. Fini les jeunes babas-cool du premier volet, place au vétéran du Vietnam adepte de la chair humaine…

Le brillant personnage de Chop Top s'intègre par conséquent sans mal et fort logiquement aux membres survivants de la famille de fins gourmets. Répondent donc «présents» l'aîné de la famille, le grand-père et bien entendu l'indispensable Leatherface. Nous noterons cependant que seul l'acteur Jim Siedow retrouve son personnage devenu maintenant un cuisinier reconnu ! Car là encore, les choses ont changé. Les cannibales s'adaptent et suivent l'évolution de leur pays et de sa politique. Ce qui n'était qu'un acte barbare nécessaire à la survie d'une famille dégénérée devient maintenant une entreprise, reconnue à grande échelle et fournissant ce qui s'avère être le meilleurs Chili du Texas. Le second degré est encore de mise et la remarque «tout est dans la viande» accentue bien entendu l'aspect surréaliste de la situation.

L'exubérance et la satire seront aussi de la partie avec le personnage du Lieutenant Lefty Enright incarné par un Dennis Hopper en pleine forme ! L'homme, touché dans sa chair (il semble qu'il soit le grand frère du jeune handicapé de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE), n'hésite pas à mettre de côté son devoir professionnel pour devenir un incroyable illuminé au service de Dieu. Là encore, Hooper montre du doigt et nous met en présence d'un personnage si extrême qu'il en devient pathétique. Lefty s'adresse donc au Seigneur et s'en fait l'instrument devant «abattre toutes les œuvres du malin». A cette instant, l'univers déjà très coloré et artificiel du film (tranchant clairement avec la sobriété réaliste du premier opus) prend une teinte rouge résolument satanique : Nous sommes dans l'antre du mal, au cœur de l'«usine à chili» !

Oubliés donc les magnifiques décors et la chaleur sèche du film de 1974. L'antre, plus que tout autre élément du film, dévoile au spectateur ses allures de parc d'attraction morbide (ce qu'il est du reste), psychédélique et humide. En effet, si certains éléments ne sont pas sans rappeler le travail de H.R. Giger (les sièges en ossements par exemple), d'autres lorgnent ouvertement vers le cartoon (un squelette de cowboy brandissant son chapeau), respectant l'esprit d'un film définitivement unique. Dans ce contexte, la scène du repas (reprise du premier film) prend une toute autre dimension. Reconnaissons toutefois que l'impact est moindre et que cette «redite» à l'identique semble belle et bien superflue…

Le repaire de la démente famille sera aussi le cadre d'une relation pour le moins inattendue faisant directement suite à la séquence de la station de radio. Leatherface s'éprend donc de la jeune et jolie Stretch (Caroline Williams qui deviendra journaliste dans LEATHERFACE). Plus que de l'affection, il s'agit là d'un désir sexuel mis en image avec une bestialité plutôt étonnante. La tronçonneuse/phallus caressant l'entrejambe de l'animatrice radio se révèle ainsi être un très grand moment d'horreur sur pellicule. La masturbation du monstre qui accompagne ce terrible attouchement a, elle aussi, de quoi choquer…

Mais rassurez-vous, l'outil titre du film n'est pas là qu'un simple substitut destiné à épauler notre grande brute lors de ses balbutiements sexuels. Il s'agit avant tout d'une arme qui n'aura de cesse de trancher et de déchirer. Toujours en opposition avec le premier MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, cette suite éclabousse et se montre particulièrement explicite. Les têtes sont tranchées à mi-hauteur, les membres tombent et les boyaux se répandent. Les effets gores, réalisés par le maître Tom Savini (DERANGED, MANIAC, LE JOUR DES MORTS-VIVANTS, etc.) font mouche et laissent pantois. Hooper prouve qu'il maîtrise aussi bien l'art du suggestif que l'imagerie gore. Pari réussi, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 est un véritable monument visuel, et ce sur tous les plans…

Une telle maîtrise de l'image se devait d'être secondée par une édition DVD techniquement à la hauteur. C'est aujourd'hui chose faite avec le disque Zone 2 belge chroniqué ici. Oublions l'ancienne édition américaine et son transfert 4/3, certes honnête mais insuffisant, pour jouir enfin d'un transfert 16/9ème au ratio 1.77. Les couleurs sont vives, les contrastes plaisants et, par-dessus tout, la compression se fait des plus discrètes. Une véritable prouesse puisque le film n'a de cesse d'alterner les tonalités (vertes, bleues, rouges) dans des lieux particulièrement sombres (l'agression nocturne de l'introduction, l'attaque de la radio puis l'assaut final du repère). A ce titre, les noirs donnent aussi satisfaction et s'avèrent particulièrement profonds. Nous noterons bien quelques légers fourmillements par instants mais globalement, nous avons là une image telle que nous l'attendions, couplée avec une partie sonore des plus appréciables. Cette édition belge nous propose en effet de (re)découvrir le film en version originale anglaise (stéréo surround) ou via le doublage français d'époque (mono encodé sur deux canaux). Les deux pistes proposent des conditions d'écoute bien entendu sobres, mais idéales. Les dialogues sont clairs et le vrombissement de la tronçonneuse fait son effet. A ce titre, nous recommandons la version anglaise, plus équilibrée et plus nerveuse lorsque le besoin s'en fait sentir. Reste que le doublage en langue de Molière est d'excellente qualité et rend justice aux lignes débitées par l'enragé Bill Moseley. Des sous-titres anglais, français et néerlandais accompagnent le tout pour une compréhension optimale…

Sur le plan éditorial, ce disque ne démérite pas non plus et reprend du reste la totalité des bonus présents sur la récente édition américaine (en y ajoutant des sous-titres français). Le spectateur pourra tout d'abord (re)(re)voir le film en profitant des deux commentaires audio qui nous sont proposés. Le premier donne la parole au réalisateur Tobe Hooper. L'homme est à l'aise et nous livre quelques informations fort pertinentes quant à la production et son souhait de s'éloigner du film d'origine. Reste qu'il y a dans son discours de gros blancs et que, sur la durée, Hooper ennui quelque peu. Ce ne sera pas le cas du commentaire suivant sur lequel interviennent les acteurs Bill Moseley, Caroline Williams ainsi que le responsable des effets spéciaux Tom Savini. Les trois individus s'entendent et nous livrent foultitude d'anecdotes en tous genres, de la plus anodine à la plus passionnante. Un vrai bonus qui respire la bonne humeur et nous permet bien souvent de redécouvrir le métrage sous un angle nouveau.

Nous noterons toutefois que ces deux commentaires s'avèrent bien souvent redondants par rapport au bonus suivant. «C'est une tendance familiale» est en effet LE gros morceau éditorial de ce DVD de luxe. Un vrai supplément, d'une durée avoisinant les 90 minutes, nous éclairant aussi bien sur la rédaction du script que le choix des acteurs ou encore les effets spéciaux. Les intervenants sont multiples (acteurs, scénariste, directeur de la photographie, etc.), nommés à chaque intervention et particulièrement généreux en détails et informations de tous poils. Un documentaire fort bien construit donc, dans lequel nous retrouvons tout ce qui fait l'histoire de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2, de sa genèse à sa distribution en salle… Le commentaire de Tobe Hooper l'évoquait, le documentaire le confirme : Il y a un lien du sang unissant les personnages de Lefty et Stretch. Une scène supprimée d'excellente qualité est d'ailleurs visible dans le bonus «C'est une tendance familiale»… Reste qu'elle n'apparaît pas dans la section suivante dédiée aux séquences coupées.

Ne boudons cependant pas notre plaisir et profitons de ces scènes (au nombre de cinq) nous permettant d'en voir plus, dans des conditions toutefois déplorables. L'image est indigne de la plus mauvaise des VHS et le son ne fait guère mieux. La présence de sous-titres est donc salvatrice et nous permet de partager quelques différents familiaux. Soyons francs : Une seule de ces séquences mérite en réalité d'être visionnée. Elle nous permet de découvrir comment les tueurs se fournissent massivement en viande. La famille de dégénérés se rend donc au niveau inférieur d'un parking où sont réunis les membres d'une équipe de football. Leatherface démarre sa tronçonneuse et le ravitaillement peut alors commencer. Tom Savini s'en donne à cœur joie et multiplie les membres tombant à terre ou volant de toutes parts. L'aspect grandguignolesque du métrage est plus présent que jamais et le ton devient plus comique encore. Cette incroyable séquence se termine du reste par l'image d'une main tranchée se mouvant pour faire un « doigt » à la caméra ! Un pur moment de «fun» digne de ce que Sam Raimi nous proposera un an plus tard avec son EVIL DEAD 2 révélant une main autonome et taquine… Le contenu du disque se poursuit avec une bande annonce (présentée en version originale sous-titrée) et une galerie photos comportant plusieurs dizaines d'images, classées dans six sections distinctes. Nous sommes donc là en présence d'un disque techniquement bien conçu et fort bien loti sur le plan éditorial.

Une véritable occasion pour se replonger dans cette œuvre originale et totalement décomplexée. L'occasion aussi pour certain de ré-évaluer un film injustement boudé et souvent qualifié, à tort, de suite indigne. Certes, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 a de quoi désappointer les amoureux du volet originel. Son univers graphique, son style décalé et son foisonnement gore sont autant d'éléments qui peuvent surprendre… Il n'en demeure pas moins qu'avec ce métrage, Hooper réussit un coup de maître en offrant un véritable monument de cynisme et de barbarie. Devant un mets aussi savoureux et relevé, difficile de ne pas pardonner les quelques maladresses telles que la redite inutile de la scène du repas…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
48 ans
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241 critiques Film & Vidéo
5 critiques Livres
On aime
Le personnage de Chop-Top
Un nouvel opus très différent
Une très belle édition DVD
On n'aime pas
La scène du repas, redondante
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L'édition vidéo
TEXAS CHAINSAW MASSACRE PART 2 DVD Zone 2 (Belgique)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
Belgique (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Néerlandais
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Tobe Hooper
    • Commentaire audio de Bill Moseley, Caroline Williams et Tom Savini
    • «C'est une tendance familiale !» (Documentaire en 6 parties - 88mn05)
    • Bande annonce
    • Galerie d'images divisée en 6 sections
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