Ce nouvel épisode de la série des films de fantômes japonais "Ring" nous invite à revenir trente années en arrière, pour découvrir les origines du spectre Sadako. Oserez-vous vous pencher par-dessus la margelle du puits maudit et sonder les terribles secrets enfouis dans ses profondeurs ?
A l'origine du cycle "Ring", on trouve le très populaire roman d'horreur "Ring" de Koji Suzuki, publié au Japon en 1991. Il donne d'abord lieu à un téléfilm, RINGU : KANZEN-BAN de 1995, auquel succède le film RING de Hideo Nakata. Cette dernière oeuvre acquiert, à travers les festivals et la presse spécialisée, une excellente réputation internationale, qui lui vaudra même une sortie plutôt remarquée dans les salles françaises (en avril 2001). Ce qu'on sait moins, c'est qu'une suite, RASEN de Joji Iida, a été tournée en même temps, et que les deux titres sont sortis simultanément au Japon. La télévision nippone a ensuite proposé deux séries télévisées dans la lignée des longs-métrages : RINGU SAI-SUUCHOU et RASEN. Hideo Nakata se voit rapidement confier la réalisation de RING 2 (troisième film du cycle à être tourné pour le cinéma, donc), qui sera distribué dans les salles françaises (en mars 2002), sans succès. RING 0, réalisé par Norio Tsuruta, est censé se dérouler trente années avant les évènements contemporains des précédents épisodes. Il bénéficie enfin d'une sortie en France, en DVD seulement, dans la foulée de la publication en vidéo du CERCLE, le remake américain de RING.
Il y a 30 ans de cela... Sadako, dont la jeunesse a été marquée par des drames familiaux aussi terribles que mystérieux, reprend goût à la vie en travaillant au sein d'une troupe de théâtre. Toutefois, sa beauté, ainsi que l'attention que lui porte le plus beau jeune homme de la compagnie, rendent jalouses les autres filles. Ces dernières profitent alors de sa fragilité pour la blesser. Ce qu'elles ignorent, c'est que Sadako est douée de facultés surnaturels, qu'elle semble ne pas pouvoir contrôler et qui peuvent s'avérer mortels pour son entourage, lorsqu'elle est placée dans des situations de stress intense. Pendant ce temps-là, une journaliste enquête sur les faits étranges liés à la famille de Sadako.
S'inscrivant donc trente années avant RING, ce RING 0 est censé nous proposer des révélations quant à l'origine de Sadako, le spectre de la cassette vidéo hantée. En fait, ce nouveau film choisit de nous raconter seulement les quelques évènements ayant précédé la chute de Sadako au fond de son fameux puits. Par conséquent, de nombreux détails sur cet esprit restent entourés d'un épais mystère. Si, dans un dénouement faisant la part belle aux situations horrifiques, quelques faits significatifs sont explicités (dont le principal rappelle très fortement la célèbre nouvelle de Lovecraft "L'abomination de Dunwich"), RING 0 laisse de nombreuses portes ouvertes pour un nouvel épisode, qui irait encore plus à rebours dans le temps (un "Ring -1" ?).
RING 0 nous fait rencontrer Sadako alors qu'elle est en pleine adolescence. Perturbée par les tragédies qu'elle a traversées, elle voit dans le théâtre un moyen de s'épanouir et de s'éloigner de ses traumatismes enfantins. Extraordinairement belle, mais timide, elle ne s'insère qu'assez mal auprès de ses camarades féminines, qui la jalousent et n'acceptent pas sa différence. Des évènements étranges ont lieu au sein de la troupe, et on la soupçonne d'en être la cause. Le metteur en scène parvient même à retrouver des éléments sur le passé étrange de la jeune femme, et envisage de la faire chanter. Pourtant, Sadako affirme qu'elle n'est pas la cause des faits mystérieux, qui seraient, selon elle, provoquée par quelqu'un d'autre...
L'histoire de cette adolescente aux pouvoirs médiumniques, provoquant, lors de ses moments de crise, des phénomènes paranormaux incontrôlables, n'est pas dénuée d'un arrière-goût de déjà-vu, notamment si on pense à CARRIE, dans lequel la puberté et les premiers émois s'accompagnaient de dangereuses manifestations surnaturelles. Ici, ce don pourrait aussi s'avérer bénéfique pour Sadako (elle a des pouvoirs de guérisseuse), mais son entourage, terrifié préfèrera l'éliminer plutôt que de lui donner la chance de le développer et le maîtriser.
Pas très original et avare en révélations significatives, RING 0 souffre aussi d'un certain manque de densité dans son récit. Si quelques scènes de terreur suggestives sont habilement menées en début de métrage, le film sombre rapidement dans le bavardage et des situations conventionnelles. Filmé soigneusement, mais dans un style terne, l'ensemble se suit avec une certaine indifférence. Le final parvient encore à arracher quelques frissons, mais il manque tout de même de personnalité, semblant se contenter de reprendre, en mode mineur, quelques formules ayant bien fait leurs preuves dans les autres "Ring".
Bref, malgré quelques moments, trop rares, efficacement terrifiants, RING 0 ne parvient pas vraiment à convaincre et est même assez ennuyeux. Néanmoins, il apporte quelques informations intéressantes aux amateurs de la série, tout en restant parfaitement compréhensible (ce qui n'était pas le cas du confus RING 2 !).
Cette édition propose le film en 16/9, au format 1.85. L'image est globalement correcte, avec une bonne gestion de la définition notamment. Les couleurs sont assez pâles et les contrastes plutôt doux. Les scènes sombres trahissent pas mal de bruit vidéo, voire une compression fourmillante. Le résultat est néanmoins d'un niveau plutôt acceptable. La bande-son est proposée dans un Dolby Surround assez basique, que ce soit en français ou en japonais. Le choix de la version originale impose la présence de sous-titres inamovibles.
L'interactivité (sous-titrée) est, mine de rien, assez fournie. On trouve d'abord un "making of" japonais d'une vingtaine de minutes, filmé en vidéo et quasiment dénué de commentaires. Il est néanmoins suffisamment bien fait pour permettre au spectateur de saisir la chronologie du tournage et l'élaboration de certains effets spéciaux. On trouve encore une sélection de scènes coupées (environ sept minutes), pas vraiment très excitantes. Enfin, on peut consulter une interview de Norio Tsuruta d'une quinzaine de minutes, réalisée par une équipe française, dans laquelle le réalisateur évoque les origines du projet et ses influences. Ces bonus, sans être pléthoriques, sont informatifs et bien conçus. Ils sont absents du DVD anglais actuellement disponible pour ce film (qui, par ailleurs, ne propose pas l'option 16/9), ce dernier se contentant de suppléments plus limités (bios, filmos, galeries, bande-annonce... hélas, tous absents de cette édition française).
RING 0 n'est certes pas l'épisode le plus intéressant de la série. Néanmoins, cette édition en DVD permet enfin aux spectateurs français de découvrir le volet final (pour le moment) de cette saga japonaise horrifique.