L'histoire reprend juste au moment où le premier opus s'achevait.
Le cadavre de la maléfique Sadako est maintenant en attente de
sépulture, et la fameuse cassette vidéo (condamnant son
spectateur à une mort certaine) est détruite. La malédiction
n'en est cependant pas totalement levée d'après les nombreux
éléments que vient à découvrir Maï
Takano (Miki Nakatani),
amante du professeur Ryuji (Hiroyuki
Sanada, vu dans SAN
KU KAI) et bien décidée à faire la lumière
sur la mort mystérieuse de son compagnon. Son enquête l'amènera
tout droit vers le jeune Yoichi, ultime rescapé de la vision
de la cassette et depuis vecteur de l'esprit vengeur de Sadako.
Y'a-t-il encore un amateur de fantastique qui n'a pas encore entendu parler du formidable RING (l'original japonais, hein, et non l'inutile remake américain) ? Succès d'estime en France, le film a été un carton atomique au Japon ainsi que dans toute l'Asie, relançant du même coup le genre de façon durable dans le continent. On ne compte plus aujourd'hui les descendants cinématographiques de RING, qu'ils soient japonais (INUGAMI, SHIKOKU), chinois (le mirifique WICKED GHOST et son fantôme sortant de la cuvette des wc), coréen (le remake RING VIRUS) ou encore thaïlandais (NANG NAK). Avec un tel héritage, il semblait donc bien légitime qu'une franchise s'établisse directement depuis l'original.
Donner une suite à RING, outre les arguments financiers, apparaît vite à la fois comme une hérésie et comme une évidence. Hérésie puisque le premier film fonctionnait sous la structure narrative d'un cercle, ou plutôt d'une boucle, à la mécanique tellement parfaite qu'y ajouter un nouveau chapitre revient à en briser sa formidable cohérence. Evidence parce que l'auteur du bouquin original s'était déjà fendu d'une suite à son livre (car RING est au départ un best-seller au Japon), histoire de faire fructifier de son propre côté les ramifications de son histoire. Récemment édité chez nous sous le titre DOUBLE HELICE, cette suite littéraire s'avère pourtant d'une platitude consternante. Visiblement en grande panne d'inspiration, le livre se borne à une re-enquête des évènements du premier opus. De cet océan de paraphrase surnage une poignée d'idées neuves qui malheureusement tombent bien vite dans le ridicule (finies les cassettes vidéos, Sadako hante directement les utérus !!!).
Dire que RING 2 le film partait mal est un euphémisme. Heureusement, le réalisateur Hideo Nakata croit toujours à la suggestion froide donnant tout son sens à la sécheresse de ses intrigues. Première bonne initiative, les auteurs du film ont fait table rase du roman de Suzuki. Mise à part une poignée de (maigres) éléments, le film poursuit son inspiration en parfaite autonomie. Il n'y a cependant pas de miracle non plus, briser la structure en cercle du premier RING étant des plus complexe, ce nouvel opus va traverser lui aussi une crise d'inspiration particulièrement franche dans sa première moitié.
Conscient que tout a été dit avec cette histoire de cassette vidéo, RING 2 prend le parti de s'en débarrasser histoire de se recentrer sur le personnage de Sadako, fantôme du titre dont le look a fait depuis largement école. Nouveau concept, nouveaux personnages (les comédiens du premier opus ne sont là que pour faire lien entre les deux films), RING 2 peine pourtant à se donner de nouveaux objectifs. La première moitié du film voit donc le personnage principal, extérieur au premier film, remonter le cours de la première intrigue dans une redondance narrative qui n'est pas sans rappeler DOUBLE HELICE de Suzuki. Inintéressant pour ceux qui connaissent le premier RING, cette redite est tellement pointilleuse qu'elle perdra pourtant instantanément ceux qui n'ont pas vu l'original !
Le film décolle véritablement avec le personnage de l'enfant, auquel le contact avec la vidéo maudite a conféré des pouvoirs psychiques qui culmineront dans une espèce de possession démoniaque orchestrée par l'esprit de Sadako. Pas des plus originaux, cet argument a au moins le mérite de donner une ligne de fuite narrative à un film qui en manquait jusque-là cruellement. De plus, cette histoire de possession ramène le film dans les ornières d'un surnaturel taillé sur mesure pour l'inspiration de Nakata. Visiblement peu motivé par la (longue) re-exposition du film, le metteur en scène se montre par contre très efficace dès qu'il s'agit de faire monter une ambiance ou de faire peur avec une économie rare de moyens.
La mise en scène de Nakata est finalement ce qui sauve RING 2 de l'échec. Bien que le matériau de base soit plutôt pauvre, Nakata arrive cependant à nous filer de jolies frayeurs dès qu'il nous met face aux manifestations de la terrifiante Sadako. Et si jusqu'ici l'homme excellait à nous filer la chair de poule rien qu'avec un gros plan sur une mèche de cheveux, les lois de la surenchère inhérente aux suites vont l'obliger à uvrer à quelques reprises dans des visions plus explicites qui auraient très vite pu tomber dans le décevant. C'est sans compter sur la ressource de cet homme qui risque de compter durablement dans notre genre préféré. On pense surtout à l'apparition finale de Sadako, beaucoup plus franche que dans le premier opus et tout autant sinon plus terrifiante. Grâce à ces moments parfaitement maîtrisés, RING 2 ne fait pas regretter sa vision et se hisse malgré tout vers le haut du panier des "rip-off" de RING, bien qu'il ne dépasse jamais véritablement l'impact de son prédécesseur.
L'édition Zone 2 du film alterne rigueur technique et coquilles impardonnables. Au rayon bonne nouvelle, la copie du film se montre de très bonne facture, rendant parfaitement justice aux soins esthétiques apportés au film. C'est au niveau des pistes sonores que les choses se compliquent. Contrairement aux indications de la jaquette, l'édition ne propose pas de mixage multicanal, que ce soit en version originale ou française. Très embêtant, surtout lorsque l'on repense à l'impact du 5.1 lors du visionnage du premier RING. En lot de consolation, l'édition nous propose un stéréo surround qui, bien que très efficace, aura beaucoup de mal à faire pardonner cette erreur d'information.
En guise de bonus, là encore ce n'est pas extraordinaire. Une courte interview avec Nakata (qui ne nous apprend pas grand-chose), et une autre courte interview avec le musicien génial Kenji Kawaï (où ce dernier nous fait quelques démonstrations de ses inventions sonores pour composer la musique du film), et c'est tout ! Pas de filmographies comme promis sur la jaquette !! Quant à "la bande-annonce", elle ne désigne nullement la bande-annonce de RING 2 mais "les bandes-annonces" promotionnelles des prochains titres à sortir en DVD. Une nouvelle erreur de contenu ou bien juste une faute d'accord ?
Très inégal,
RING 2 ne parvient pas à se hisser au niveau de son illustre
prédécesseur, la faute à une crise d'inspiration
qui a laissé les propres auteurs du premier film dans une impasse
narrative heureusement rattrapée par des séquences de
terreur pour le coup époustouflantes. Plutôt que de se
tourner vers RING
0, deuxième suite aux allures de préquelle réalisée
par Norio Tsuruta
(le médiocre KAKASHI),
nous conseillons à tous les déçus de RING 2
de visionner de toute urgence le sublime DARK
WATER, où Nakata
et Suzuki se
sont à nouveau réunis afin d'aboutir à un véritable
chef d'uvre explosant les ramifications thématiques et
artistiques de leur uvre de gloire.