Le Royaume-Uni est dévasté par une épidémie de rage : les "Infectés" assaillent les quelques survivants pour les dévorer. C'est dans ce contexte que Jim se réveille de son coma. Il rejoint par chance Selena, qui survit grâce à son caractère intransigeant, puis Frank et sa fille Hannah. Tous les quatre parcourent l'Angleterre avant de découvrir une troupe de militaires survivant dans une demeure victorienne.
Il faut aller chercher en Angleterre pour trouver depuis le mois de mai 2003 le nouveau film de Danny Boyle en DVD, sorti sur les écrans français le 28 mai 2003. Depuis TRAINSPOTTING, en 1996, Danny Boyle avait perdu les faveurs de ses premiers fans. Le réalisateur culte des années 90 avait en effet réalisé LA PLAGE mais aussi le très sous-estimé UNE VIE MOINS ORDINAIRE en 1997. C'est pourquoi le retour en grâce de l'auteur de PETITS MEURTRES ENTRE AMIS (1994) est une excellente surprise, qui plus est dans l'exercice périlleux du film de genre. Il s'attaque au cinéma d'horreur, mêlant film post-apocalyptique et film de zombie, mais prend pour cela un autre chemin, très risqué, celui du numérique : il se retrouve alors obligé d'abandonner les clichés de ses œuvres précédentes.
Le film de zombie est une institution, générée par la célébrissime trilogie de George Romero : il est quasiment impossible d'y pénétrer sans se référer explicitement à l'univers du réalisateur américain . C'est donc en fan appliqué que Danny Boyle adopte les règles du film de zombie, et envoie aux aficionados du genre des clins d'œil récurrents : le supermarché, la station essence (ZOMBIE), la troupe de militaires (DAY OF THE DEAD)… rien ne manque du monde désolé des films de Romero. Il adopte aussi les méthode de Romero et de Savini pour traiter les effets spéciaux : un rythme de montage extrêmement rapide permet de cacher les défauts et crée des effets visuels époustouflants.
La véritable nouveauté apportée par 28 DAYS LATER est bien le traitement numérique des images : réalisé en D.V., le film de Danny Boyle utilise de nombreux effets numériques lors de l'apparition des "Infectés", Il donne une nouvelle clé pour rendre la vitesse et la panique à l'écran (les images subissent un effet d'accélération très éreintant pour le spectateur : le ratio image/secondes est multiplié de manière à capturer plus d'information par seconde). La différence de texture obtenue par cet effet, mais aussi par la différence entre numérique et 35mm, n'est bien sûr pas utilisée gratuitement : d'une part elle fait donc sens lors de l'apparition des zombies, mais aussi dans la dernière séquence. Si Boyle choisit pour cette séquence le 35mm, c'est pour donner la tonalité calme et bucolique de fin de film, qui tranche avec le ton désespéré du reste du métrage ; on retrouve l'équivalence de cette séquence dans DAY OF THE DEAD où, après le huis clos dans la base militaire, les personnages sont montrés sur une plage déserte.
Cependant, le film de Romero isolait les protagonistes, les abandonnait, certes sains et saufs après leur épreuve, mais sans leur laisser d'espoir : Danny Boyle et son équipe choisissent, de toutes les fins possibles de leurs scénarios (dont on a un aperçu dans les bonus), la fin la plus positive, à savoir celle où les trois héros sont en vie et peuvent espérer un retour à la civilisation. On a du mal à croire Danny Boyle quand il affirme que cette fin était la première écrite : les souhaits de la Fox ont dû largement influencer leur choix pour privilégier cette fin mièvre et plus commerciale.
Malgré le choix d'une fin optimiste, et dans l'urgence de la situation voulue par le scénario, les clichés des précédents films de Danny Boyle ne tiennent plus : plus de place pour l'histoire d'amour adolescente (LA PLAGE ou UNE VIE…), la tension n'est pas due au groupe humain (PETITS MEURTRES ENTRE AMIS) mais elle est totalement extrinsèque à l'homme ; il ne s'agit plus de peindre un portrait mais d'utiliser une situation. De même, plus de star dans ce film : seuls restent Alex Garland, déjà auteur du scénario de LA PLAGE, et Christopher Eccleston (EXISTENZ, THE OTHERS…) déjà présent dans PETITS MEURTRES ENTRE AMIS. Il apparaît dans ce nouveau film sous les traits du Major Henry West, militaire calculateur à la recherche de femmes pour perpétuer la race. La seule personnalité venant prêter main forte à Danny Boyle est Brendan Gleeson (A.I., MISSION IMPOSSIBLE 2, LAKE PLACID…), qui joue Frank, le père d'Hannah.
Si le style et l'équipe tranchent avec les réalisations passées de Danny Boyle, en revanche, comme dans les films précédents, la bande son écrase de nombreuses séquences du film. Bien sûr, les morceaux choisis collent à la perfection à l'ambiance du film : le titre de GodspeedYou Black Emperor est apocalyptique à souhait, mais surexploité, et il finit par nuire à la tension de la séquence d'ouverture. Le morceau illustrant la séquence du supermarché est la preuve la plus lourde de ce choix : il ne fait que doubler ce qu'on voit à l'écran, et est donc totalement superflu.
[à signaler que la B.O. est disponible en France, éditée par XL recordings : le disque propose en plus une séquence coupée inédite, la bande annonce et un diaporama]
Le film, pour cette édition, est présenté avec une image irréprochable : le choix premier de filmer en numérique y est sans doute pour beaucoup. Il est au format 16/9ème (mais dans un ratio 1.85:1) et bénéficie d'un son 5.1. parfait, seulement en anglais : ce ne sont malheureusement pas les sous-titres suédois qui pourront aider les plus réfractaires à la langue anglaise ! Le point fort de cette édition, outre ses qualités d'image et de son, est la profusion de suppléments : le disque est une véritable mine de renseignements sur le film, d'images alternatives et de commentaires. Sur un seul disque, il y a près de 90 minutes de bonus avec le commentaire optionnel sur les séquences alternatives ; les autres fins du film sont présentes, soit en film (deux fins alternatives), soit sous forme de storyboard lu par Boyle et Garland. Il est tout de même regrettable qu'une autre séquence alternative, évoquée par Danny Boyle dans les commentaires, ne figure pas dans les bonus ; elle remplaçait la séquence durant laquelle les deux jeunes femmes (Naomie Harris et Megan Burns) sont forcées par la troupe de militaires de se changer afin de leur être offertes : la scène alternative était selon son auteur beaucoup plus "dérangeante". Ah !, la pudibonderie britannique ! Peut-être que nous pourrons bénéficier de ce bonus sur l'édition DVD américaine ou française ?
Pour ceux qui n'ont pu voir le film lors de sa sortie cinéma, l'acquisition de ce disque est hautement recommandable : présenté dans une édition au dessus de tout reproche, 28 DAYS LATER bénéficie de très nombreux bonus enrichissant véritablement la vision du film. De plus, son et image sont parfaits ! Seuls manquent les sous-titres français.