Fran fait de l'auto-stop et séduit les hommes qui la ramènent jusqu'à son vieux manoir. Elle rencontre Ted avec qui elle lie une relation plus poussée. Dans le même temps, des vacanciers installent leur caravane non loin de là…
Après avoir réalisé SYMPTOMS, qui mélange déjà érotisme et horreur, le producteur Brian Smedley-Aston demande à José Ramon Larraz de pousser le bouchon encore plus loin pour un film qui devrait montrer encore plus de femmes nues et de sang. VAMPYRES se lance donc sur une simple idée d'exploitation avec un budget ridicule de 40.000 livres sterling et un tournage express de trois semaines. José Ramon Larraz apporte ainsi l'idée de ces deux femmes avides de bonnes chairs.
Marianne Morris et Anulka, forte de son statut de playmate de l'année précédente, se retrouvent à jouer deux vampires lesbiennes qui attirent des hommes pour goûter aux plaisirs sexuels si affinités mais surtout pour les saigner comme de bien entendu ! L'occasion de multiplier les ébats dans le plus simple appareil et faire couler abondamment le sang. L'aspect érotique pourra paraître un peu désuet de nos jours puisque les mœurs ont largement évolué depuis mais les accès de violence sont quant à eux toujours aussi surprenants dans leur intensité. Nos deux vampires sont dénuées de canines proéminentes et il leur faut ouvrir des plaies pour se délecter de sang avec une avidité de bête féroce. Des séquences limite têtanisantes qui s'expliquent par un contraste glaçant avec la sobriété des scènes précédentes.
Les éléments mis en œuvre dans VAMPYRES pourraient très bien sortir d'un film de Jean Rollin. Mais José Ramon Larraz n'a pas les mêmes préoccupations que celles du réalisateur français et ne va pas sacrifier à la belle image gratuite et encore moins aux discours parfois trop littéraires. VAMPYRES va droit à l'essentiel sans fioriture mais réussit en même temps à instaurer une ambiance assez étrange. Le montage de certaines séquences vient à placer le doute par rapport à la réalité de ce que l'on voit à l'écran, ce qui est un peu le cas de l'accident de voiture où la transition se fait sur une montre arrêtée, ou l'arrivée de Ted à l'hôtel. L'ambiance générale tourne assez vite au rêve ou plutôt au cauchemar éveillé changeant de rythme de façon irrégulière en fonction des scènes. Dans le genre, il pourrait d'ailleurs se rapprocher par instants du NE VOUS RETOURNEZ PAS de Nicolas Roeg. L'idée n'est pas poussée jusqu'au bout mais l'ensemble du film y gagne énormément et lui permet de sortir largement du lot des films d'exploitation, ce qui était pourtant sa fonction première !
Déjà sorti il y a quelques temps déjà chez Anchor Bay aux Etats-Unis, VAMPYRES est revisité par Blue Underground. Pas dans la simple idée de nous refiler le même disque en y ajoutant seulement un petit bonus au passage. Car si la plupart des suppléments sont repris, ce qui est le cas du commentaire audio, cette nouvelle édition présente une version réellement Uncut puisqu'il manquait un peu moins d'une minute sur le DVD de Anchor Bay répartie sur plusieurs séquences. Les quelques morceaux de pellicule sanguinolents ont retrouvé leur place dans le film aux endroits qu'ils n'auraient jamais du quitter et l'éditeur a réalisé au passage un tout nouveau transfert 16/9.
Bien que le transfert ait été refait de A à Z, ne vous attendez pas à découvrir une image immaculée car vous seriez déçu. Il subsiste toujours cette impression d'image granuleuse qu'il serait difficile d'effacer puisque cela fait partie intégrante de l'œuvre originale. On notera aussi que sur certains passages, comme dans la mise à mort de la dernière victime, une légère différence dans la qualité globale de l'image qui tend à prouver que cette copie provient de diverses sources.
Pas de remix inutile pour VAMPYRES dont le DVD n'est pourvu que de sa seule piste anglaise en mono d'origine. Et il n'y a d'ailleurs pas de défaut notable sur celle-ci. Certains pourront se plaindre de l'absence totale de sous-titrage que ce soit sur le film, une constante chez Blue Underground dès que la version originale est anglaise, mais aussi tous les suppléments du commentaire audio en passant par les interviews.
Le commentaire audio de ce disque n'est pas nouveau puisqu'il s'agit du même qui se trouvait sur le disque de Anchor Bay. José Ramon Larraz et le producteur Brian Smedley-Aston se partagent le temps de parole pour couvrir tous les sujets concernant le film. La discussion prend même des directions étonnantes lorsque les deux hommes en viennent à s'interroger sur les différences entre le cinéma américain et européen. Au passage, José Ramon Larraz nous livre son sentiment à propos de Alan Parker et plus particulièrement ANGEL HEART. Il est aussi amusant de constater que José Ramon Larraz n'a chez lui qu'une copie du film expurgée et il découvre ainsi pas mal de séquences qu'il n'a pas du voir depuis de nombreuses années. Bien entendu, de rares plages de silence se font sentir et plus particulièrement sur les quelques secondes qui ont été rajoutées pour obtenir la version complète du film. Autre point très intéressant, sur la fin du film, José Ramon Larraz explique son point de vue concernant le récit et explique la logique qu'il y a entre le prologue et l'épilogue qui reste souvent très flou pour la plupart des spectateurs. Pour la compréhension, cela s'avère plus ou moins périlleux puisque José Ramon Larraz a un accent à couper au couteau !
Comme sur quasiment tous les disques de Blue Underground, on retrouve des intervenants du film pour des interviews récentes. Cette fois, ce sont donc les deux actrices principales que l'éditeur est allé chercher pour qu'elles s'expriment à propos de leurs expériences sur le film. Marianne Morris et Anulka nous racontent ainsi de quelle façon elles sont arrivées sur le film, le travail avec le réalisateur, ce qu'elles font à présent et, bien entendu, les séquences érotiques sont abordées. C'est d'ailleurs ainsi que l'on apprend que Marianne Morris ne se rendait pas vraiment compte à la lecture du scénario du fait qu'elle allait jouer souvent dépourvue de tout vêtement. Anulka de son côté révèle entre autre que son agent a préféré à l'époque qu'elle tourne dans VAMPYRES, refusant l'idée de la voir apparaître dans le rôle principal d'HISTOIRE D'O.
Les suppléments ne seraient pas complets chez Blue Underground sans l'ajout d'une galerie de photos et d'affiches très fournie ainsi que de bandes-annonces (la version internationale ainsi que l'américaine). Une autre galerie de photos provient de la collection personnelle de Anulka et présente des clichés souvent issus de session photo lorsqu'elle officiait en tant que modèle. Toujours au niveau des photos, ce DVD nous permet de découvrir une séquence perdue et «reconstruite» pour l'occasion grâce à des photos prises au moment du tournage. Une biographie de José Ramon Larraz vous donnera une idée de la carrière de ce réalisateur. Enfin, pour ceux qui auraient un lecteur DVD-Rom, il est possible d'accéder à un long dossier au format PDF sur VAMPYRES.
VAMPYRES est une variation sur le thème du vampirisme qui mixe étroitement érotisme et horreur avec une certaine aisance. Si l'érotisme peut être jugé gentillet à présent, la charge horrifique du film reste toujours d'une grande efficacité. Cette édition DVD en version complète en est la meilleure preuve !
