Header Critique : LE TÉMOIN DU MAL (FALLEN)

Critique du film
LE TÉMOIN DU MAL 1998

FALLEN 

LE TÉMOIN DU MAL est initialement un scénario de Nicholas Kazan, fils du grand réalisateur Elia Kazan. Nicholas s'est déjà illustré auparavant en signant les récits de Films Noirs remarqués tels que COMME UN CHIEN ENRAGÉ et surtout LE MYSTÈRE VON BULOW, succès critique et public en 1990.

Avant LE TÉMOIN DU MAL, le réalisateur Gregory Hoblit travaille beaucoup sur des séries télévisées policières comme « LA LOI DE LOS ANGELES » ou « NEW YORK POLICE BLUES ». En 1996, il sort un premier thriller au cinéma : PEUR PRIMALE avec Richard Gere et surtout Edward Norton en jeune homme accusé d'avoir tué un religieux. Ce film de procès assez bête est un succès, et le métrage suivant de Gregory Hoblit est attendu.

Il se tourne vers LE TÉMOIN DU MAL, production Warner Bros dont le rôle principal est tenu par la vedette Denzel Washington (MALCOM X, PHILADELPHIA). Celui-ci est accompagné par des acteurs fameux comme John Goodman (ALWAYS de Steven Spielberg, PANIC SUR FLORIDA BEACH de Joe Dante) et Donald Sutherland (NE VOUS RETOURNEZ PAS, L'INVASION DES PROFANATEURS).

Un Serial Killer est condamné à mort et exécuté. Dans son dernier souffle, il menace le policier qui l'a arrêté de revenir le hanter. Quelques jours plus tard, des meurtres sont commis dans la ville...

LE TÉMOIN DU MAL est un de ces nombreux thrillers américains des années quatre-vingt-dix mettant en scène un Serial Killer machiavélique. Il s'inscrit dans la vague amorcée par les succès du SILENCE DES AGNEAUX de Jonathan Demme et de SEVEN de David Fincher. Le tueur se doit d'être une incarnation du Mal avec un grand M, un maniaque pour lequel la cruauté est art de vivre.

Ici, le criminel manigance des manipulations et des pièges pour faire vivre au brave policier qui l'a capturé une descente aux enfers. Notamment en s'en prenant à son entourage familial et en le discréditant dans sa profession.

LE TÉMOIN DU MAL renouvelle légèrement le genre en ajoutant une touche de surnaturel. L'assassin est un esprit maléfique passant d'une personne à une autre. Ce point de départ et certaines situations rappellent le très bon thriller de science-fiction HIDDEN de Jack Sholder, dans lequel un parasite extraterrestre en cavale passe d'un corps à un autre. Le même principe, appliqué à un tueur en série, est aussi présent dans SHOCKER de Wes Craven, ce dernier titre louchant vers la mode d'alors du Slasher surnaturel.

Gregory Hoblit utilise aussi la mythologie chrétienne, comme dans L'EXORCISTE. Il fait intervenir des démons marmonnant en araméen. Le genre était en désuétude depuis les années quatre-vingts, quand l'horreur satanique s'est vue balayée par les modes des zombies et des Slashers.

SEVEN, sans contenir d'éléments surnaturels, était tout de même un thriller horrifique mettant en jeu des éléments bibliques, comme les sept péchés capitaux. De plus, nous arrivons vers l'an 2000 et les grands studios hollywoodiens, anticipant un retour à la mode des angoisses religieuses et millénaristes, lancent des projets sentant le soufre. Comme le grand-guignolesque L'ASSOCIÉ DU DIABLE avec Al Pacino et Keanu Reeves, ou STIGMATA, film d'épouvante renvoyant aux Manuscrits de la Mer Morte. Dans LE TÉMOIN DU MAL, ce mélange thriller-horreur fonctionne et ne donne jamais une impression de bricolage ou d'artificialité.

Nous apprécions aussi la réalisation discrète et rigoureuse de Hoblit. Entièrement au service de l'intrigue, elle évite les effets superflus et clipesques pourtant à la mode à son époque.

Gregory Hoblit limite au maximum le Gore et la violence graphique. L'horreur est le produit de l'histoire et des situations qu'affrontent les personnages. Le récit comporte des idées tout à fait intéressantes.

Pourtant, l'ensemble paraît long. Certaines séquences se répètent (les rapports entre John et sa famille), d'autres semblent vaines (les rencontres avec la théologienne) ou exagérément étirées. Tout cela manque de rythme, au point de provoquer l'ennui. L'interprétation de Denzel Washington se montre trop maniérée, évoquant parfois une imitation agaçante d'Al Pacino. La pirouette scénaristique clôturant le film laisse sur une piètre impression.

LE TÉMOIN DU MAL souffre surtout d'une longueur excessive (plus de deux heures), mal adaptée à son contenu. Cela entraîne une impression de lenteur, voire de mollesse dans sa progression dramatique. Nous apprécions néanmoins certaines séquences efficaces, ainsi qu'une histoire non dénuée d'idées intéressantes.

Ce film sort dans une certaine indifférence et s'avère un échec aussi bien public que critique. Gregory Hoblit persévère cependant dans le suspense surnaturel avec son film suivant : FRÉQUENCE INTERDITE de 2000, qui mêle thriller et science-fiction.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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